Michael Bay est de retour et laisse tomber les robots pour un film d’auteur bodybuildé ! Et si il est sacrément fatiguant, c’est tout de même son film le plus intéressant. Après 20 ans de carrière, il était temps.
Mais malgré tous les reproches qu’on peut lui faire, on ne peut nier que Bay possède une patte qui lui est propre et on était curieux de voir ce qu’il allait faire sur un film plus « personnel» . Mais chassez le naturel, il revient au galop ! No Pain No Gain est bien un film d’auteur mais bourré de testostérone et de stupéfiants (pour ceux qui cherchaient un peu de finesse et de subtilité, c’est raté, on ne fait pas dans la danseuse étoile mais dans le bodybuilder ici). Adapté d’une histoire vraie qui s’est déroulée dans les années 90, le film parle d’un coach sportif qui souhaite à tout prix le rêve américain (c’est à dire du fric, la maison de luxe et la bombasse pour l’accompagner dans la voiture). Pour le mener à bien, il va s’entourer de potes à gros bras et kidnapper l’un de ses plus riches et odieux clients. Le souci, c’est qu’ils sont tout de même du connerie hallucinante et les accrocs vont s’enchainer.
Un petit film de braquage sous l’œil de Michael Bay devient donc pour l’occasion une belle manière de pervertir l’image du rêve américain et d’en montrer sa bêtise quand des personnes pas très douées veulent s’en emparer. Le plan dérape régulièrement pour le meilleur et pour le pire avec 3 bodybuildés qui ont tout dans les muscles mais plus grand chose dans la tête sinon leur foi indéfectible envers le fric et les haltères. Pour une fois, le réalisateur joue clairement la carte du sarcasme pour démonter le système et entraine avec lui des acteurs qui s’en donnent à cœur joie. Mark Wahlberg dans le rôle du leader se montre imperturbable, Anthony Mackie joue sur l’image de l’athlète black mais c’est évidemment Dwayne Johnson qui prend le plus de plaisir avec son personnage de bad guy repenti, croyant et sous coke, complètement déjanté.
Libéré de toutes contraintes et bénéficiant d’un total contrôle sur son film sans grandes exigences de retour sur investissement, Michael Bay peut de son côté se faire plaisir et donne à No Pain No Gain une allure aussi musclée que ses héros, n’hésitant pas à en faire des caisses dans les plans poseurs et effets de son explosifs. Avec un côté 100% bling bling, trash et m’as-tu vu complètement revendiqué, multipliant les idées de narration (chaque personnage à droit à sa voix off) ou purement plastiques, le film est un concentré de toutes ses déviances de cinéma ultra clipesque de Miami.
Il en fait tellement cela devient tout de même éreintant au bout d’un moment, d’autant plus que le film film dure 2h10 et souffre tout de même de quelques grosses longueurs (on pourrait facilement retirer 40 minutes de film), de gros moments qui auraient pu être raccourcis pour arriver directement à l’essentiel, comme si le « film d’auteur» avait tout de même les yeux plus gros que le ventre.
Dès lors, on aura deux choix devant le film : soit le rejeter furieusement en bloc dès les premiers instants, soit y participer et le prendre alors comme un vrai plaisir coupable de son réalisateur avec quelques séquences d’une bêtise assez jouissive tant la connerie assumée de ses personnages atteint des sommets. Et dire que cette revendication de la connerie du rêve américain est en plus le film le plus aboutit et intéressant de Michael Bay (tout est relatif, on ne parle tout de même que de Michael Bay pas d’un réalisateur de chefs d’œuvre subtils non plus), on ne s’y attendait pas.