"Entre la figure écrasante d’un frère cyclothymique, et celle d’un père atteint d’une folie neurodégénérative aussi drôle qu’inquiétante, Romain ne peut plus se contenter d’être celui qu’il a toujours été : le garçon qui fait ce qu’on attend de lui sans broncher. A l’aube de la trentaine, il est grand temps qu’il affronte enfin son père cinglé, son frère cynique, et ses propres tendances à refouler ses émotions et sa sensibilité, pour réussir à assumer pleinement sa normalité…"
Nicolas Mercier n’est pas un réalisateur qui possède une grande renommée puisque ce Grand Départ n’est autre que sa première réalisation. Après avoir travaillé comme scénariste et dialoguiste sur certains films et séries télévisées, voici qu’il a décidé de passé dernière la caméra, mais est-ce réellement une bonne idée ? Ce film remet sur la table le débat : "est-ce qu’on peut- s’improviser réalisateur lorsqu’on possédait une autre place dans le monde du septième art auparavant ?". En attendant de savoir si le film est bon, on y retrouve un casting de choix avec Pio Marmai, Jérémy Elkaïm, Eddy Mitchell, Zoé Félix et Chantal Lauby. Un grand casting fait-il forcément de Grand Départ un grand film ? Vous allez voir que non, mais qu’il peut faire beaucoup pour ce film qui nous conte la vraie vie (ou presque) de son réalisateur : Nicolas Mercier.
"le scénario de Grand Départ possède des personnages très bien écrits et des symboles bien utilisés"
Grand Central raconte l’histoire de Romain qui doit réussir à faire coexister sa vie de famille et sa vie professionnelle. Sauf que pour les faire coexister, il faut qu’elles existent et qu’elles soient belle ou au moins aux goûts de Romain. C’est une histoire des plus simples que celle de ce Grand Départ, sauf qu’on va y incrémenter des personnages à forts caractères, dont certains qui possèdent des problèmes psychologiques. Au final, Grand Départ possède une histoire qui va uniquement se reposer sur ses personnages sans utiliser le monde extérieur. Romain est un homme perdu qui n’a rien à quoi se raccrocher, à part son boulot, contrairement à son frère qui est très proche de ses parents ainsi que de ses amis. Les deux personnages vont se compléter et tout au long du film, leurs psychologies respectives vont se refléter dans la psychologie de l’autre. C’est très intéressant, car lorsque l’un des frères se dira dépressif, le spectateur se rendra vite compte que c’est son frère qui est dépressif et non pas lui. Le premier se sert du terme dépression pour se réfugier dans une bulle afin de ne pas avoir à faire face au monde extérieur. Il faut également compter sur un père qui est la représentation de l’opposition existante entre les deux frères, mais il est également la représentation de l’incompréhension qui existe à l’intérieur de Romain. Romain qui va voir sa vie guidée grâce à une vision : celle d’une femme qui est quant à elle la représentation d’un ange, de son libérateur intérieur. Les deux personnages principaux vont voir leurs voies respectives se libérer grâce à des personnages symboliques et c’est vraiment beau.
En plus de ça subsiste quelques problèmes, tel le monde extérieur qui est seulement utilisé de manière humoristique, pour ajouter un peu de comédie à cette trame narrative pessimiste et dramatique. Car, même si le propos final dénonce quelque peu la maladie et ses retours sur les proches de malades, Grand Départ n’en reste pas moins un film incroyablement pessimiste vis-à-vis de ses personnages, mais aussi dans ses séquences et dans la façon dont elles s’enchaînent. Je ne développerais pas plus ce point pour éviter tout spoil. Comme point négatif, on pourrait également citer les deux personnages féminins que sont la mère (inexistante et sans intérêt) et Séréna qui aurait mérité un nombre de scènes plus conséquent au vu de l’importance de sa symbolique (l’ange qui guide Romain).
"le metteur en scène se concentre essentiellement sur l’action et oublie d’englober tout ce qui hors champs"
Même si le scénario dans sa globalité est assez pauvre et convenu, il possède des personnages très bien écrits et des symboles bien utilisés. En plus de ça, Grand Départ possède surtout un casting des plus convaincants, porté par un trio d’acteur au meilleur de leurs formes. Pio Marmai est bon et réussit à nous offrir des moments touchants ainsi que quelques sourires aux moments opportuns. Malgré tout, il se fait voler la vedette très fréquemment par Jérémy Elkaim (que je trouve toujours aussi touchant et naturel dans ses interprétations, même si elles sont très souvent similaires) ou Eddy Mitchell. Dans le genre reconversion réussi, celle d’Eddy Mitchell est parfaite. Il est des plus convaincant et réussi à nous émouvoir sans grande difficulté. Malheureusement, le film sombre encore une fois dans le stéréotype du premier film. Que ce soit en terme de cadrage ou de mise en scène, le metteur en scène se concentre essentiellement sur l’action et oublie d’englober tout ce qui hors champs (personnages secondaires à la scène comme décors). C’est un problème qui entaché le film, mais il pourra être retravaillé sur un second long-métrage ! En terme de réalisation, le film est assez propre avec de belles transitions. Son esthétique frôle le naturel, tout en restant dans quelque chose de romancé et de scripté.
Grand Départ est une belle surprise sans pour autant être un film exemplaire. Il possède des personnages très bien écrits et aux psychologies et personnalités bien développées et détaillées aux spectateurs grâce à des dialogues et/ou séquences en règle générales. Le scénario mise énormément sur ses personnages et il en oublie tout ce qui est hors champ, tout comme le cadrage du réalisateur. Il s’agit du premier film de Nicolas Mercier et ça se ressent beaucoup dans sa mise en scène et sa réalisation même si cette dernière est assez propre en règle générale. Malgré tout, le film est porté par un très beau casting ainsi qu’une bande sonore des plus mélodieuse et agréable.