Un weekend au Festival de Deauville

Par Fredp @FredMyscreens

Je vous avais parlé de la programmation assez alléchante et remplie de stars du Festival du Film Américain de Deauville. Et bien j’ai eu la chance de participer au weekend d’inauguration de cette prometteuse 39e édition au cours de laquelle, on a pu apercevoir Michael Douglas, Steven Soderbergh, Cate Blanchett, Forrest Whitaker mais surtout voir une dizaine de films plus ou moins marquant. Récit de ces 3 jours sur les planches.

Après le retrait de l’accréditation, sésame pour voir sans contrainte le maximum de films pendant le festival qui a débuté le 30 août et qui se clôturera ce 8 septembre, et l’obtention d’une invitation pour découvrir le très attendu Ma Vie Avec Liberace de Steven Soderbergh qui ouvre le festival (après son passage à Cannes et sur HBO), nous voilà dans la grande salle du CID. C’est parti pour une cérémonie qui, après quelques discours cérémonieux, prend une dimension plus intimiste lorsque le président du jury Vincent Lindon vient déclarer humblement son amour au cinéma américain et présenter personnellement chacun des membres de son jury. Un discours rempli d’émotion qui sera suivi de près par la présentation de Ma Vie avec Liberace par Soderbergh et surtout un Michael Douglas rayonnant. Le film sera quand à lui l’étincelle idéale pour ouvrir le festival et si Soderbergh ne brille pas par sa mise en scène, il arrive à nous faire entrer dans cet univers super queer porté par deux acteurs brillants, lumineux, intenses (on y reviendra dans une critique complète très bientôt).

On attaque ensuite la seconde journée sous la couleur bleue avec le nouveau Woody Allen en projection presse. Blue Jasmine est donc sa nouvelle cuvée, cette fois à tendance plus dramatique et pessimiste. Si le réalisateur reste toujours aussi planplan dans sa manière de raconter une histoire, il donne ici surtout à Cate Blanchett, impériale, de montrer encore une fois l’étendue de son talent et de son charisme avec un rôle de bourgeoise qui tombe de haut et fini aux limites de la folie. Rien que pour elle, le film vaut le coup d’œil (on en reparlera dans une prochaine critique).

Puis arrivent les premier films en compétition. Si le premier, Blue Caprice, traitant sous un angle peu attendu des attentats du tueur de Washington. Si le film est intéressant, il donne tout de même régulièrement l’impression de se perdre en son discours sur l’établissement d’une relation père-fils, celui d’une Amérique défavorisée en perte de repère, la quête de vengeance et l’utilisation des armes. Le second film, A Single Shot, porté par un bon casting, n’en sera pas à la hauteur. Ce polar forestier où plusieurs personnages recherchent une somme d’argent et sèment quelques cadavres se révèle finalement très convenu mais c’est surtout la musique omniprésente et irritante qui va le desservir. Malgré toute sa bonne volonté, Sam Rockwell n’arrivera jamais à nous emporter.

Et le dernier film de la journée ne sera pas fait pour nous rassurer puisqu’il s’agit du carton US du moment, Le Majordome du prétentieux Lee Daniels. Ici il s’intéresse à 30 ans de l’histoire des USA vus à travers le destin du majordome de la Maison Blanche qui servira 7 présidents. Entre Forrest Gump (pour la chronique de plusieurs décennies de l’histoire américaine) et la Couleur des Sentiments (pour sa revendication anti-ségrégation mais aussi pour son côté idiot), le film verse dès les premières images dans le pathos que l’on déteste dans les biopics et se révèle ensuite, malgré son ambition, très maladroit dans son propos et sa vision de l’histoire en passant sans arrêt à côté de l’essentiel (sans oublier de montrer un président aux toilettes et de comparer les ghettos aux camps de concentrations). Le film crie « oscars» , nous on crie au désespoir devant l’accueil aussi chaleureux qui lui a été réservé. Heureusement que l’on a fini la journée en redécouvrant le cultissime Pulp Fiction sur grand écran.

Le dimanche se montrera plus explosif avec, pour commencer, la projection presse de White House Down. Roland Emmerich attaque encore la maison blanche avec Channing Tatum en ersatz de John McClane pour sauver le président des USA, Jamie Foxx. Et le divertissement est au rendez-vous avec tous les clichés du genres avec lesquels s’amuse le réalisateur. Tout est prévisible, certains effets visuels assez moches mais cela n’empêche pas le film d’être un actioner régressif assez plaisant pour en faire un plaisir coupable.

Suivent ensuite 2 autres film en compétition. Repéré en sélection parallèle à Cannes, Blue Ruin est encore un polar forestier, à base de vengeance. Hélas, le réalisateur prend du temps à chercher un ton sans jamais y arriver, entre la comédie (son héros est assez bête) et le pur polar noir. Dommage. Shérif Jackson, porté par un Ed Harris en roue libre totale, sera quand à lui un western tout à fait regardable en vidéo, en particulier grâce au personnage prostituée incarnée par la fade January Jones qui va chercher vengeance (décidément l’un des thèmes du festival avec la forêt) et se montrer impitoyable face à un prêtre mormon.

Et on finira donc avec le nouveau film de Quentin Dupieux, Wrong Cops, étendant ici son précédent court-métrage à un film entier pour raconter une tranche de vie d’un lot de flics complètements abrutis, dégoutants et crapuleux. Si c’est toujours aussi absurde, le réalisateur est toutefois moins inspiré que sur Rubber et Wrong où il avait plus de choses à dire.