Gibraltar, critique

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Cela faisait un moment que nous n’avions pas eu un bon thriller français à base de trafiquants de drogue et de double-jeu. Avec Gibraltar, Julien Leclercq a bien l’intention de replonger dans ce milieu et y arrive en demi-teinte.

Gibraltar, critiqueAprès le courageux mais manquant de recul l’Assaut en 2011, le réalisateur Julien Leclercq remonte encore le temps dans les années 80 pour mettre en scène un thriller adapté d’une histoire vraie mais méconnue d’un simple barman expatrié à Gibraltar qui se fait embringuer dans les histoire de trafics de drogue, entre les services des douanes françaises et anglaises et les narcotrafiquants insaisissables qui pourraient menacer sa famille.

Cette fois épaulé par un scénariste qui connait parfaitement le genre (Abdel Raouf Dafri, auteur de Un Prophète, du diptyque Mesrine et de la série Braquo, un vrai gage de qualité), le réalisateur a cette fois un matériau en or et va le mettre en scène avec une certaine élégance.  Usant du filtre pour obtenir des couleurs un peu passées (manie qu’il a depuis son Chrysalis), il donne au film une teinte qui sent bon les vieux polars français des années 80 avec une reconstitution plutôt minutieuse. Aucun souci pour la plongée dans l’ambiance du coup, d’autant plus qu’on est rapidement immergé dans l’histoire grâce au principe usé mais toujours efficace du français moyen auquel il est facile de s’identifier et qui va devoir se débrouiller tant bien que mal dans un situation qui le dépasse.

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Si sur le papier on pouvait tiquer sur le choix de Gilles Lellouche et Tahar Rahim, 2 acteurs au style de jeu assez identique de film en film, pour jouer dans ce polar, le réalisateur s’en tire plutôt bien, d’autant que les personnages, archétypes du genre, ne sont pas spécialement fouillés et manquent de zones d’ombres (en particulier la femme du héros qui passe son temps à se plaindre). Heureusement il a avec lui l’italien Riccardo Scamarcio qui apporte un petit plus au film tant on aime le détester. Du coup, malgré les poncifs, on finit par apprécier les personnages et suivre ce qu’il se passe pour eux dans cette histoire qui ne peut que mal tourner.

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Malheureusement, si le scénario est très bien écrit, et assez clair (ce qui n’est pas toujours facile dans ce genre d’affaire) et que le réalisateur arrive à trouver une atmosphère nostalgique d’un bon effet en prenant le temps de s’installer, il peine à entretenir le suspense haletant que l’on pourrait attendre. Nous voyons les scènes défiler, nous suivons l’intrigue avec intérêt mais celle-ci ne nous emporte pas au point de nous accrocher à notre fauteuil et de nous inquiéter pour les personnages même si on relèvera une petite prise de position politique sur les méthodes pas toujours très claires des douanes françaises pour mettre fin aux trafics.

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Malgré un savoir-faire technique qui lui permet de mettre en scène ce Gibraltar de manière très classe et de retrouver la poussière de nos bons polars d’antan, Julien Leclerq n’arrive pas à transcender un scénario qui ne demandait qu’un peu plus de nervosité pour rejoindre le rang de nos meilleurs films du genre. Il s’en est fallu de peu, c’est dommage c’est déjà pas mal.