Les Amants du Texas, critique

Par Fredp @FredMyscreens

Présenté à Cannes et à Deauville, les Amants du Texas est une histoire d’amour et de fuite éthérée, contemplative et particulièrement touchante emmenée par un trio d’acteurs tout en retenue. La plus belle romance de la rentrée.

Repéré avec son premier film St Nick sur la scène du cinéma indépendant américain, le réalisateur David Lowery a emmené son second long-métrage Les Amants du Texas jusqu’à Sundance avant de parcourir les festivals européens. Même si aucune donnée temporelle n’ai clairement indiquée, il nous fait remonter au cœur des années 70 dans un Texas fait de champs, de longues routes, de sueur et de longs couchés de soleil. Dans une petite bourgade, Bob et Ruth s’aiment et jouent les Bonnie & Clyde mais l’un de leurs braquages tourne mal et les amants sont séparés. Alors que Ruth va élever seule leur enfant, Bob va quand à lui atterrir en prison. Quatre ans plus tard, il s’évade pour rejoindre sa bien aimée mais, poursuivi par les flics et un gang son parcours ne sera pas facile.

Alimenté par les westerns crépusculaires tout autant que par Malick, David Lowery nous va pas nous faire vivre une cavale haletante mais au contraire nous emmener dans l’intimité d’un couple séparé. Le film mise sur un rythme lent mais envoutant pour nous rapprocher au plus près des sentiments de ses protagonistes qui se révèlent tous particulièrement touchants, en proie au doute comme à l’espoir. Avec une qualité d’écriture rare, à fleur de peau, le réalisateur  fait aussi preuve d’un savoir faire exemplaire derrière la caméra en filmant son histoire de manière intimiste, en cela aidé par une photographie magnifique de naturel (à juste titre récompensée à Sundance).

On pourra peut-être trouver quelques sous-intrigues (comme celle du gang) de trop pour alimenter le récit mais on passera aisément ce petit défaut pour se concentrer sur l’essentiel, la réflexion de Ruth sur sa condition de mère qui refuse de repartir en cavale et l’espoir indéfectible de Bob, profondément amoureux qui fera tout pour retrouver son amour et sa fille qu’il n’a pas connu.

Mais au delà d’un récit écrit avec sensibilité et d’une réalisation posée et proche d’une caresse, c’est dans son casting parfait que les Amants du Texas se distingue. Il n’y a en effet pas plus beau couple que Casey Affleck et Rooney Mara. Dès qu’on les voit ensemble, le spectateur ressent immédiatement une profonde empathie pour eux et comprend alors ce que peut être l’amour fou qui les guidera. Avec une alchimie confondante, ils font vivre les sentiments de leurs personnages séparés par les événements au point de donner également au spectateur l’espoir qu’ils vont se retrouver à chaque instant malgré les obstacles sur leur route.
Mais le plus surprenant sera sans conteste Ben Foster. L’acteur que l’on a toujours connu dans des rôles déjantés (Otage, Alpha Dog, 3h10 pour Yuma, …) endosse ici le costume d’un gentil flic qui tombe également amoureux de Ruth. Discret, attentionné, il l’aidera à chaque instant et se révèle être le personnage le plus touchant du film.

Laissez-vous donc emporter par la caresse chaleureuse de ces Amants du Texas, une telle romance, sincère et touchante, est assez rare au cinéma en ce moment pour la savourer et s’y laisser bercer.