Après un premier weekend qui nous a rappelé pourquoi l’Etrange Festival méritait autant son nom que sa bonne réputation, on continue la semaine de manière encore plus barrée.
Lundi c’est donc sous le signe de films complètement fous que le Festival que commençait la semaine. Le premier marquait le retour de Ben Wheatley pour la 3e année consécutive (après Kill List et Touristes) pour présenter son English Revolution (A Field in England) qui sort directement en VOD chez nous dans les prochains jours. Le réalisateur remonte alors à la guerre civile où des soldats se retrouvent dans un champs, à la recherche d’un trésor mais la quête tourne vite au trip hallucinogène (il faut dire que manger des champignons n’aide pas à avoir l’esprit sain). Le réalisateur nous place alors dans un huis-clos en plein air et en noir et blanc complètement barré, auquel il est difficile de comprendre grand chose. En ce sens, c’est peut-être son film le moins accessible et pourtant il reste intéressant par l’ambiance qu’il délivre avec des images souvent assez puissantes. Avec un savoir-faire multiple, on attend bien le jour où il aura un vrai budget et un script plus organisé. Il pourrait alors nous offrir de grandes choses.
Le second film du lundi est également bien secoué mais pour d’autre raisons. Après une période plus dramatique sur les répercussions de Fukushima Le japonais Sono Sion revient à un cinéma plus déjanté avec Why don’t you play in Hell ? Au programme : deux clans yakusa en guerre, une gamine qui veut devenir star après avoir fait une pub pour dentifrices et un petit réalisateur amateur loser qui attend qu’un projet de film lui tombe sur la tête. A l’image d’un manga complètement fou, le résultat est hyper généreux, surjoué à tous les instants avec une violence graphique réjouissante dans son dernier acte qui nous fait aisément pardonner les longueurs qui précèdent pour finir en gros plaisir coupable.
Mardi, place à un peu d’inconnu avec le petit film de SF Europa Report. Peu de budget, un décors unique pour cette aventure d’une équipe d’astronautes se rendant sur Europe, le satellite de Jupiter, pour découvrir ce qu’il se cache sous la glace. Le principe de l’histoire est plutôt intéressant avec des personnages certes stéréotypés mais qui font néanmoins leur job. Mais ce sont surtout les bons effets visuels qui rendent crédible cette petite histoire sans trop de prétention. Car à cause de sa réalisation figée dans les codes du found footage, impossible de voir une quelconque ambition dans Europa Report et c’est dommage, surtout quand on s’entoure de comédiens du calibre de Sharlto Copley. Intéressant, pas désagréable mais assez vain.
Toujours dans l’inconnu, on pouvait poursuivre avec le documentaire de Richard Stanley, l’Autre Monde, s’intéressant aux mystères du pays cathare, à savoir les sensations qui peuvent être ressenties à Montségur ou Bugarach. Se passant complètement de l’aspect historique des cathares pour expliquer un peu les légendes et ne cherchant aucune donnée un tant soit peu scientifique pour nous éclairer sur les réactions, le documentaire est plutôt un empilement de témoignages plus flous les uns que les autres si bien qu’on a juste l’impression de voir une bande d’illuminés cherchant désespéramment à croire qu’il se passe quelque chose de surnaturel. A noter le personnage du sorcier cinglé et bon pour l’asile vaut le coup d’œil à lui tout seul pour les amateurs.
On attaque ensuite le mercredi avec le nouveau film de l’indien Anurag Kashyap qui, après l’excellent diptyque Gangs of Wasseypur, nous propose Ugly, un thriller plutôt bien troussé, en particulier par son sens du rythme. L’intrigue sera certes souvent brouillonne avec des retournements de situations un peu gros dans cette histoire d’enlèvement d’enfant mais le réalisateur surpasse ces lourdeurs pour nous proposer un polar qui tient bien ses deux heures et montre un visage d’une noirceur implacable sur la famille indienne et la relation à l’argent. On est secoué.
Puis nous partons dans les montagnes autrichiennes où le réalisateur Marvin Kren propose sa version the Thing. En effet, The Station met un petit groupe de scientifique aux prises de monstres mutants. Évidemment, tout est téléphoné, les personnages grossièrement écrits, les monstres sentent bon le vieil animatronique. Heureusement le côté artisanal est plutôt réjouissant, la mise en scène juste assez efficace pour emmener les volontaires conscients du manque total de prétention du film et si ses quelques idées originales ne sont pas du meilleur goût il reste tout de même un personnage badass auquel on ne s’attendait pas et un chien attachant.