"Le jeune Cecil Gaines, en quête d’un avenir meilleur, fuit, en 1926, le Sud des États-Unis, en proie à la tyrannie ségrégationniste. Tout en devenant un homme, il acquiert les compétences inestimables qui lui permettent d’atteindre une fonction très convoitée : majordome de la Maison-Blanche. C’est là que Cecil devient, durant sept présidences, un témoin privilégié de son temps et des tractations qui ont lieu au sein du Bureau Ovale.
À la maison, sa femme, Gloria, élève leurs deux fils, et la famille jouit d’une existence confortable grâce au poste de Cecil. Pourtant, son engagement suscite des tensions dans son couple : Gloria s’éloigne de lui et les disputes avec l’un de ses fils, particulièrement anticonformiste, sont incessantes.
À travers le regard de Cecil Gaines, le film retrace l’évolution de la vie politique américaine et des relations entre communautés. De l’assassinat du président Kennedy et de Martin Luther King au mouvement des "Black Panthers", de la guerre du Vietnam au scandale du Watergate, Cecil vit ces événements de l’intérieur, mais aussi en père de famille…"
Lee Daniels. Si ce nom ne vous dit rien, c’est que vous êtes passé à côté du "phénomène" Precious, film qui a reçu pas moins de 15 prix, dont des prix pour le film, mais également des prix pour une actrice que personne ne connaît : Mo’Nique. Après ce film, Lee Daniels s’est senti poussé des ailes et nous a offert un navet sans nom qui se nomme Paperboy. Film raté à tous les niveaux, car malsain dans le mauvais terme et jamais plaisant. Le réalisateur est de retour derrière la caméra pour la quatrième fois avec un film très ambitieux : Le Majordome. Alors retour réussi ou nouveau navet dans la filmographie de Lee Daniels ?
"Le film est bien trop imposant pour les épaules frêles de Lee Daniels et de son co-scénariste Danny Strong."
Le Majordome nous conte l’histoire plus ou moins vraie du majordome principal de la Maison Blanche qui a officié durant les mandats de 7 présidents. Le film s’étale donc sur plus de 80ans puisqu’il s’achève à notre époque avec l’élection de Barack Obama, grand moment dans la vie d’un majordome noir qui a lutté pendant toute sa vie contre les déclarations racistes à son égard et celles des hommes de couleur noire. C’est donc un film qui possède un superbe scénario et un personnage principal des plus intéressants, mais le film est bien trop imposant pour les épaules frêles de Lee Daniels et de son co-scénariste Danny Strong. En voulant à la fois développée en profondeur la vie professionnelle et familiale de Cecil Gaines, tout en dénonçant la vie des hommes de couleur noire entre 1926 et aujourd’hui, les deux scénaristes se perdent dans leurs idées et le film fini par être brouillon et sans saveur. Cecil Gaines est un personnage très intéressant, car il a une vie riche en rebondissements et en bons sentiments malgré les problèmes et malheurs qu’il a subits. Sa personnalité est très bien développée dans le film et on prend un malin plaisir à le voir évolué en même temps que le monde dans lequel il évolue. Il est aussi très intéressant de voir de quelle manière il va influer sur les choix que vont prendre les différents présidents justes grâce à la présence du majordome dans la maison blanche. Le film est très intéressant et tous les points abordés le son également, mais il y a beaucoup trop de choses pour un seul film.
Le tout est bien écrit, mais on ressent très rapidement que le réalisateur a eu un manque de temps et afin de pouvoir couvrir un maximum d’année et d’événements. Il lui a fallût effectuer de grosses coupures et le film se retrouve saccadé dans son montage et ses transitions. De ce fait, certains événements ou personnages ne sont pas du tout abordés, certains le sont maladroitement (on pense notamment aux différents présidents) alors que certaines scènes qui ne servent à rien possèdent une durée excessive. Ces dernières ne permettent pas au film de posséder un rythme constant et il y a de quoi s’ennuyer. À cause de scènes à rallonges, mais également d’une réalisation plate, le film est ennuyant et beaucoup trop long alors que le scénario nous fait penser que le film aurait dû posséder une durée de 3 heures, ce qui est contradictoire. Un scénario très ambitieux et beaucoup trop riche pour que le film ne soit pas brouillon et émotionnellement palpitant.
"Lee Daniels nous offre la même réalisation que pour Paperboy, à savoir une réalisation fade, plate et prétentieuse…"
Avec un tel scénario, l’émotion doit passer par les acteurs ou par la réalisation, mais pas grâce aux dialogues. De ce fait, on s’attend à avoir une réalisation contemplative ainsi qu’à un casting percutant et touchant. Concernant le casting, il est mitigé. Alors que Forest Whitaker nous offre la prestation de sa carrière qui devrait lui va falloir une petite nomination aux Oscars, on retrouve une Oprah Winfrey agaçante et émotionnellement absente. Nous allons retrouver une pléiade d’acteurs dans des rôles secondaires plus ou moins importants, mais s’il nous fallait en retenir, on retiendrait John Cusack dans le rôle de Richard Nixon, Cuba Gooding Jr. ou encore Terrence Howard. Un casting plus ou moins prestigieux se doit d’être bien mis en valeur.
Malheureusement, Lee Daniels nous offre la même réalisation que pour Paperboy, à savoir une réalisation fade, plate et prétentieuse avec des plans fixes qui mettent plus en avant le coté bling-bling des environnements que la douleur de la population noire ou la douleur interne que ressent Cecil Gaines et sa famille. Lee Daniels utilise une multitude de plans fixes et il se sert du montage pour incrémenter un rythme dans chaque scène, sauf que l’utilisation abusive de plans fixes rend les scènes saccadées et les images ne nous racontent plus d’histoire. À partir du moment où il se lâche et utilise le plan-séquence avec une musique entraînante, la scène en question devient plaisante et le spectateur revit, mais c’est rare, trop rare… À cause de cette réalisation, les images ne parlent pas aux spectateurs alors qu’il aurait pu s’en servir pour dénoncer les conditions raciales ou la psychologie des personnages. Ici les images ne sont qu’illustrations du scénario, ce qui est très mauvais pour l’immersion du spectateur dans la scène et le film en règle générale.
"Une véritable déception qui au vu de son scénario, mériterait meilleur traitement par un autre réalisateur."
Le Majordome est le film typique qui est réalisé afin de récolter un maximum de récompenses. Son histoire est passionnante puisqu’elle traite à la fois de la politique, d’un personnage charismatique et complexe et de changements dans le monde après la fin de l’esclavage. C’est une belle histoire, mais une histoire beaucoup trop ambitieuse pour un seul film dirigé par Lee Daniels. Accompagné de son co-scénriste, Lee Daniels nous offre un film dénué d’émotions et brouillon, car il essaye de couvrir un maximum d’années et d’événements. Sauf qu’à trop en faire, le film ne développe aucun événement ou personnage excepté le personnage principal Cecil Gaines. Interprété par un Forest Whitaker magistral, le personnage est charismatique et représente le point positif du film. Assez prestigieux, le casting est bon dans l’ensemble malgré quelques fausses notes telles que Oprah Winfrey. Le tout est mis en image par le biais d’une réalisation fade et sans émotion qui ne permet pas au film de prendre l’ampleur qu’il mérite. Une véritable déception qui au vu de son scénario, mériterait meilleur traitement par un autre réalisateur.