"Pour les voyageurs du monde entier, l’éruption du volcan islandais Eyjafjallajökull est un coup dur. Pour Alain et Valérie, c’est une catastrophe. Car pour arriver à temps dans le petit village de Grèce où se marie leur fille, ce couple de divorcés, qui se voue l’un l’autre une détestation sans borne, va être amené par la force des choses à prendre la route ensemble."
La comédie est un registre que l’on connaît bien en France, car les films qui y font un carton sont des comédies. La France aime les comédies, mais il ne faut pas pour autant réaliser coup sur coup des comédies qui ne possèdent pas une once d’originalité ou une bonne idée narrative. S’il y a bien une personne que je ne supporte pas en temps qu’acteur, mais que j’apprécie à la télévision en tant que personne et humoriste, c’est Dany Boon. Insupportable dans ses films et réalisateur de véritables navets comme Rien à Déclarer ou le surestimé Bienvenu Chez Les Ch’tis. C’est donc avec une certaine crainte que je me suis déplacé pour voir son nouveau film en tant qu’acteur : Eyjafjallajökull. Réalisé par Alexandre Coffre, dont c’est le second film, cette comédie réunie à l’écran Dany Boon, Valérie Bonneton et Denis Ménochet. Alors premier film réussi dans la filmographie de Dany Boon ou nouveau raté fortement agaçant ?
"L’avant-première du film Eyjafjallajökull a eu lieu au cinéma UGC de Saint-Herblain dans une salle comble."
Pour commencer tout doucement cette critique, petite description de la soirée dédiée au film Eyjafjallajökull. L’avant-première a eu lieu au cinéma UGC de Saint-Herblain dans une salle comble. À cause d’une conférence de presse qui s’est déroulée au restaurant le UN, les acteurs et le réalisateur qui étaient attendu pour 20 heures ne sont arrivés qu’à 20h25 afin d’effectuer la présentation du film. Habitué aux présentations de films français en présence du casting, je m’attendais à un discours préparé, très court et succinct, sauf qu’ici nous étions en présence d’un humoriste et il nous a fait une improvisation de près de 30 minutes, laissant Valérie Bonneton et Alexandre Coffre un peu sur la touche. Tout cela nous a permis d’être en très bonne condition avant la projection du film, déjà prêt à rire. Il faut reconnaître que ça aide à entrer dans un film, une fois que l’acteur principal a fait son show sur scène. Bon, revenons à notre film…
Eyjafjallajökull est une comédie qui se repose essentiellement sur son duo principal, malgré une idée scénaristique qui n’est pas déplaisante et qui aurait mérité d’être approfondie. Avec ce film, le spectateur va voyager et va traverser une petite dizaine de territoires à cause de l’éruption du volcan qui se nomme Eyjafjallajökull. Au final, le volcan n’est qu’un point de départ et on va totalement l’oublier au bout de quelques minutes. Il est dommage d’utiliser le volcan comme élément déclencheur du film et d’en faire l’impasse par la suite. Des allusions au volcan auraient pu être faites et le scénariste aurait pu jouer sur cet élément dans plusieurs scènes. Eyjafjallajökull n’est pas qu’une simple comédie dans laquelle on s’attends à ce que ce couple de divorcés se remettent en semble ou décident de s’apprécier à nouveau. Il s’agit avant tout d’un road movie qui mise la moitié de son humour sur les situations absurdes dans lesquelles vont se retrouver les protagonistes.
"Narrativement fluide et sans aucun temps mort, le film possède une construction astucieuse et très plaisante."
Durant leur périple, ils vont devoir utiliser tous les moyens de locomotion possible et inimaginable. Grâce à ça, le scénariste peut créer une nouvelle situation pour chaque véhicule et éviter au spectateur de sentir une certaine redondance au niveau des scènes. Toutes les scènes ne sont pas comparables les unes aux autres et elles possèdent toutes une tonalité différente. Alors que certaines scènes sombreront très rapidement dans de l’absurde aussi jouissif que redoutable, d’autres miseront plus sur des dialogues très bien écrits. Le dialoguiste a fait du très bon travail puisque le film ne sombre jamais dans l’excès d’humour absurde ou dans une dramaturgie pathos. L’émotion sera de la partie lors de scènes assez tendres, mais le film réussit à ne pas sombrer dans le classicisme. Narrativement fluide et sans aucun temps mort, le film possède une construction astucieuse et très plaisante. Alors que la première demi-heure est montée avec un rythme percutant afin que les répliques drôles et autres jeux de mots enchaînent, le film va légèrement penché vers la remise en question dès la demi-heure suivante, avant de repartir de plus belle pendant une troisième demi-heure avec un mélange astucieux entre de la comédie absurde et de la comédie tendre. Un film qui est donc divisé en trois parties bien distinctes, alors qu’une comédie classique en aurait possédé que deux.
Pour qu’une comédie marche bien, il faut que les acteurs soient bons et évitent à tout prix de surjouer. Le pari est amplement réussi dans cette comédie puisque le duo principal est formidablement porté par un Dany Boon à la fois naturel et un peu en retrait afin de laisser de la place à Valérie Bonneton qui est drôle et convaincante du début à la fin. En plus du duo principal, on peut compter sur un Denis Ménochet méconnaissable, qui se transcende dans une scène hilarante et inattendue. Malheureusement, il fallait bien une ombre au tableau, car tout était trop beau jusqu’à présent. Alexandre Coffre n’est qu’à sa seconde réalisation et on sent bien qu’il n’a pas encore totalement fait ses preuves. Alors que le duo principal s’accapare chaque plan, les paysages qu’ils vont traverser ne vont jamais être mis en valeur convenablement. À cause d’un cadrage trop serré par moment et d’une photographie complètement loupée, le spectateur ne peut pas admirer les superbes paysages que traversent les protagonistes.
"Un Dany Boon à la fois naturel et un peu en retrait afin de laisser de la place à Valérie Bonneton qui est drôle et convaincante du début à la fin."
Alors que j’en attendais le pire, le film Eyjafjallajökull m’a surpris d’un bout à l’autre. Malgré une photographie désastreuse qui ne permet pas au spectateur d’admirer les paysages et un cadrage trop serré sur les personnages, le film s’en sort avec les honneurs grâce à une construction en trois parties astucieuses, des dialogues savoureux et plusieurs séquences qui sont à hurler de rire. Le tout est admirablement bien porté par un Dany Boon meilleur qu’à son habitude, car plus en retrait afin de laissé de la place à une Valérie Bonneton tout aussi hilarante. À noter la présence d’un Denis Ménochet dans un rôle à contre-emplois et qu’est-ce que ça fait de bien de le voir se ridiculiser un peu ! Une comédie que je vous recommande chaudement si vous avez envie de rire un bon coup.