"Avant Elvis, Elton John et Madonna, il y a eu Liberace : pianiste virtuose, artiste exubérant, bête de scène et des plateaux télévisés. Liberace affectionnait la démesure et cultivait l’excès, sur scène et hors scène. Un jour de l’été 1977, le bel et jeune Scott Thorson pénétra dans sa loge et, malgré la différence d’âge et de milieu social, les deux hommes entamèrent une liaison secrète qui allait durer cinq ans. "Ma Vie avec Liberace" narre les coulisses de cette relation orageuse, de leur rencontre au Las Vegas Hilton à leur douloureuse rupture publique."
Ma Vie avec Liberace est un film au parcours atypique puisqu’avant de sortir en salles, il lui a fallût être présenté à diverses sociétés de distribution du monde entier. Alors que certains pays comme la France ont laissé sa chance à Soderbergh avec ce film qui est son tout dernier film en temps que réalisateur, il y a des pays comme les États-Unis qui ont tout simplement décidé de diffuser le film en prime-time à la télévision sans passé par la case cinéma. Résultat des courses, Behind the Candelabra a été vu par 2.4 millions de téléspectateurs sur la FOX le dimanche 26 mai au soir, mais le film n’a effectué aucune recette. Maintenant qu’il a été présenté dans divers festivals, dont le Festival du Film Américain de Deauville, Ma Vie avec Liberace arrive dans nos salles. Et c’est avec excitation que nous allons pouvoir découvrir le dernier bébé de Steven Soderbergh après le fascinant Effets Secondaires.
"…le spectateur va être balancé entre le rire et les larmes jusqu’à la dernière image vraiment émouvante."
Ma Vie avec Liberace nous dévoile en détail les 10 dernières années de la vie du pianiste virtuose qui répondait au nom de Liberace ou Lee pour les intimes. Durant ces dernières années, il a fait la rencontre de Scott Thorson, un homme qui va lui permettre de retrouver sa jeunesse malgré la grande différence d’âge. Le biopic est un genre assez particulier, car il est nécessaire que le réalisateur réussisse à impliquer le spectateur dans la vie d’un homme qui a existé (ou existe encore), tout en évitant de trop romancé le script afin que le tout soit sincère et réaliste. Écrit de main de maître par Richard LaGravenese, Ma Vie avec Liberace est un film tellement bien construit et écrit qu’il se permet à la fois de développer les personnalités des personnages principaux, tout en évoquant des thèmes tels que l’évolution de l’homosexualité à travers les années ou l’engrenage machiavélique que sont la richesse et la popularité. Psychologiquement fascisant, Liberace est un homme de scène qui n’est en réalité qu’un enfant dans le corps d’un vieil homme. Toujours amusé et en quête d’amusement, il change de partenaire sexuel très fréquemment tel qu’un enfant change de jouet. Il prend du plaisir et offre tout ce qu’il peut à son amant, mais une fois qu’une certaine routine s’installe, il va décidé de tout plaquer. Liberace est plus qu’un simple personnage, car il est le représentant de la popularité à Las Vegas, mais aussi le représentant des homosexuels. Il est la représentation de plusieurs symboles qui sont tous très bien développés dans le scénario. Sans avoir à donner son avis vis-à-vis des choix de Liberace, le scénario permet au spectateur de rester simple spectateur tout en étant en parfaite symbiose avec les personnages. De ce fait, on ne va jamais avoir à prendre des choix, nous allons simplement nous attaché aux personnages afin de ressentir la même émotion que ces derniers. Tel un véritable ascenseur émotionnel, le spectateur va être balancé entre le rire et les larmes jusqu’à la dernière image vraiment émouvante.
Avec ce film, Steven Soderbergh nous offre une retranscription fidèle de la vie du pianiste par le biais du scénario, mais surtout par le biais de sa caméra qui met en valeur chaque élément du décor. Visuellement kitsch (telle la personnalité de Liberace) grâce à une mise en avant de couleurs étincelantes, le réalisateur utilise l’image pour rendre les personnages attachants et nous les décrire. Afin d’amplifier leurs personnalités au paroxysme ou de mettre en avant leurs changements physiques comme psychologiques, Soderbergh va jouer avec sa caméra en jonglant entre gros plans et petits plans-séquences. Jamais fixe (ou presque), sa caméra est toujours en mouvement telle la musique jouée par Liberace qui monte crescendo. Alors que les gros plans vont s’attarder sur les visages afin de nous retranscrire une certaine émotion, les plans-séquences vont être très utiles afin que le spectateur puisse prendre possession des décors et décoller pour les années 80. Que ce soit dans le travail effectué par la costumière (pas mois de 60 costumes réalisés par Ellen Mirojnick), par le chef décorateur (Howard Cummings a pris possession des véritables lieux dans lesquels à vécu Liberace et les faits revivre) ou par la chef maquilleuse (Kate Biscoe a rendu méconnaissables Michael Douglas et Matt Damon), tout est formidable et ça permet au film de prendre une ampleur qui est-elle, que le spectateur plonge au cœur même de la vie de Liberace.
"Sans être prétentieux, il nous offre de beaux plans et de l’émotion grâce aux performances des deux acteurs principaux."
Contrairement à beaucoup de films qui se disent biopic, car ils nous content une histoire vraie (ou non) juste avec un scénario, Steven Soderbergh se sert de sa caméra pour amplifier la psychologie des personnages. Plus qu’un simple téléfilm, Ma Vie avec Liberace est un véritable film, car il est mis en scène avec justesse et précision. Sans être prétentieux, il nous offre de beaux plans et de l’émotion grâce aux performances des deux acteurs principaux. Formidable l’un comme l’autre, Michael Douglas est à la fois terrifiant et émouvant, alors que Matt Damon est plus dans la retenue sans pour autant rester en retrait. Les deux personnages se complètent et leurs différences vont nous permettre d’en apprendre plus sur l’un, comme sur l’autre. Un duo merveilleux dans un film fabuleux, car plein de bonnes choses c’est merveilleux !
Alors qu’il devrait s’agir de son dernier film (je n’espère pas), Steven Soderbergh nous revient comme au premier jour avec peut-être son film le plus touchant et le plus percutant. À la fois beau et tendre, tout en étudiant la psychologie de Liberace dans les moindres détails, Ma Vie avec Liberace est un film bien écrit et très bien retransmis à la caméra. Fascinant comme terrifiant, Liberace est plus qu’un personnage. On vit avec lui durant près de 2 heures, on apprend à la connaître, on se lie avec lui et on va être touché par ce vieil homme qui n’a jamais cessé d’être un petit garçon. Réalisé et mis en scène de main de maître, le réalisateur nous offre de très beaux plans et utilise sa caméra à bon escient afin de mettre en valeur le fabuleux travail effectué par les techniciens (décorateur, costumière, maquilleuse…) et deux acteurs d’exceptions. Michael Douglas nous offre l’un de ses rôles plus forts, alors que Matt Damon nous prouve qu’il est bien meilleur dans un rôle tendre que dans un rôle badass. Visuellement fabuleux, bien écrit et très bien interprété, Ma Vie avec Liberace est un bijou que vous ne devez absolument pas louper en salles !