Leviathan de Lucien Castaing-Taylor, Verena Paravel

Par Journal Cinéphile Lyonnais @journalcinephil


Documentaire

France/USA/GB, 2012, 1h27
Date de sortie : 28 août 2013

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Synopsis 

En embarquant sur un chalutier pour dresser le portrait d’une des plus vieilles entreprises humaines, Véréna Paravel et Lucien Castaing-Taylor témoignent, dans un flot d’images sidérant, de l’affrontement qui engage l’homme, la nature et la machine. Tourné à l’aide d’une dizaine de caméras numériques ballottées au gré du vent et des vagues, sanglées aux corps des pêcheurs, aux cordages du bateau, gommant tous repères, et où la mer et le ciel finissent par se confondre, ce documentaire nous avertit des menaces de la pêche intensive autant qu’il révèle la beauté foudroyante des entrailles de l’océan.

A propos du film

Comme dans Moby Dick, le roman d’Herman Melville, Lucien Castaing-Taylor et Véréna Paravel sont partis du port de New Bedford, anciennement capitale mondiale de la chasse à la baleine. Tous deux attachés à la mer, initiés par leurs pères respectifs (l’un architecte naval et l’autre amateur de chasse sous-marine), ils confient que le roman leur a "tenu compagnie". Lorsqu’ils ont commencé à faire le film, en 2010, leur idée était de filmer les activités liées à la pêche, depuis le port, jusqu’au jour où un capitaine de chalutier leur a proposé de participer à ses campagnes : "La rencontre avec l’océan a été si bouleversante que nous avons décidé de laisser la terre à terre", avouent-ils. Une rencontre violente et magistrale.

Pendant plusieurs mois, les deux cinéastes, Lucien Castaing-Taylor et Véréna Paravel, sont partis en mer, six fois au total, pour des durées allant de deux à trois semaines. Des périodes pendant lesquelles ils ont appris à cohabiter avec les marins eux-mêmes, et à se faire accepter : "Ils se saisissaient des caméras sans même nous demander, comme si c’était une évidence. (…) Ils voulaient être sûrs que nous n’étions pas des salauds d’environnementalistes, des traîtres, sur leur bateau pour les mettre en scène comme les responsables du désastre écologique en train de se produire. (…) En nous voyant filmer jour et nuit, grimper au mât, allongés dans les poissons, couverts de sang, penchés par-dessus bord, en nous aidant à scier des bouts de bois pour attacher nos caméras, ils ont bien compris qu’on expérimentait sans cesse et ils se demandaient ce que nous pourrions bien faire de ces images."

Plus de 150 heures de rushes ont été tournées au total. Les images "se sont parfois imposées par leur surréalisme abstrait, ou par leur dimension picturale", soulignent les réalisateurs. Bruegel, Goya, Bosch, Turner, sont autant de grands noms de l’histoire de l’art qui ont, selon leurs dires, "donné la sensibilité au film."

Leviathan a été filmé avec des caméras GoPros (caméras habituellement fixées par les sportifs de l’extrême à leur corps pour enregistrer leurs exploits), ce qui a permis d’adopter de multiples points de vue, et d’obtenir une image épousant les mouvements de l’océan. A l’origine, les deux cinéastes avaient également apporté des caméras traditionnelles, mais ils racontent que "la mer les a miraculeusement toutes avalées, les unes après les autres". Ils considèrent que les caméras GoPros, finalement, "répondent à des critères esthétiques qui coïncident avec l’expérience [vécue] à bord. Des images qui frôlent l’abstraction, le surréalisme."

Le titre, Leviathan, évoque évidemment le monstre marin mythologique aux multiples représentations, lié souvent à l’idée de l’Enfer ou de l’Apocalypse. Lucien Castaing-Taylor et Véréna Paravel se plaisent aussi à penser que le spectateur envisagera les différents motifs qui font que Leviathan, c’est, en fait, "Nous".

Festivals

Leviathan a parcouru les plus grands festivals internationaux : la Viennale, la Berlinale, le Festival de Toronto… A la Viennale 2012, il a obtenu le Prix du Jury et, à Locarno, il a reçu le Prix FIPRESCI. Il a également été présenté au Festival international du film d’environnement de Paris, ainsi qu’au Festival Pêcheurs du monde de Lorient, où il a aussi été primé.

Fiche technique

  • Réalisation, image, montage : Véréna Paravel et Lucien Castaing-Taylor
  • Montage son et mixage : Ernst Karel
  • Création sonore :Jacob Ribicoff
  • Etalonnage : Joe Gawler, Roman Hankewycz, Zak Tucker

Les réalisateurs

Véréna Paravel et Lucien Castaing-Taylor sont réalisateurs et anthropologues rattachés au Sensory Ethnography Lab à Harvard. Leurs oeuvres ont été montrées dans de nombreux festivals, dont Berlin, Locarno, New York, Toronto, et sont dans les collections permanentes du MoMA à New York et duBritish Museum.

Parmi les films de Véréna Paravel figurent 7 Queens (2008), Interface Series (2009-2010) et Foreign Parts (2010).
Lucien Castaing- Taylor a réalisé entre autres Swee tgrass (2009), Hell Roaring Creek (2010), et Into-the-jug (Geworfen) (2012).
Ils travaillent actuellement au sein de leur studio, Invalide Paire, sur de nouveaux projets au Japon, en France, et aux Etats-Unis.

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