Rush [Critique]

Par Kevin Halgand @CineCinephile

"RUSH retrace le passionnant et haletant combat entre deux des plus grands rivaux que l’histoire de la Formule 1 ait jamais connus, celui de James Hunt et Niki Lauda concourant pour les illustres écuries McLaren et Ferrari. Issu de la haute bourgeoisie, charismatique et beau garçon, tout oppose le play-boy anglais James Hunt à Niki Lauda, son adversaire autrichien, réservé et méthodique. RUSH suit la vie frénétique de ces deux pilotes, sur les circuits et en dehors, et retrace la rivalité depuis leurs tout débuts."

Chaque réalisateur se doit d’avoir un chef-d’œuvre aujourd’hui dans sa filmographie. Les plus grands en ont et il y en a un qui n’en a toujours pas. Il s’agit de Ron Howard. Réalisateur talentueux qui nous l’a prouvé à maintes reprises avec notamment Apollo 13, Cocoon, Frost/Nixon ou encore la trilogie Da Vinci Code, Anges et Démons et Infeno (attendu pour la fin 2014). Tous les films précédemment cités sont très bons et possèdent chacun leur propre particularité Chaque film n’est pas identique et de cette manière il arrive à toucher à tous les genres. Après s’être attaqué à la comédie avec le très mauvais Le Dilemme, Ron Howard a décidé de revenir à ce qu’il préfère : le biopic. Mais pas n’importe quel biopic, puisqu’il va se servir de ce biopic pour mettre en scène un film qui oppose deux pilotes de Formule 1 que sont James Hunt et Niki Lauda. Premier film de course pour Ron Howard, mais aussi premier chef-d’œuvre ?

"À la fois intense, nerveux, touchant et drôle, le scénario réussit à alterner avec fluidité entre les différentes émotions…"

Dans le monde de la Formule 1, tout le monde connaît des pilotes tels que Ayrton Senna, Alain Prost, Jacques et Gilles Villeneuve ou encore Michael Schumacher. Des pilotes il y en a des centaines, mais il y en a deux qui ont été marquants pour leurs caractères et leur confrontation. Il s’agit de James Hunt et Niki Lauda. Alors qu’ils n’ont été respectivement champions qu’à une et trois reprises, ils sont autant connu que ceux qui ont pulvérisé les compteurs. Ils ont tous les deux débuté leurs carrières en Formule 3 entre 1965 et 1970, déjà à cette époque la confrontation avait lieu puisque James Hunt avait dû en découdre avec Niki Lauda afin que ce dernier ne lui vole pas le championnat, mais également la vedette. Homme au fort caractère, James Hunt aime être premier, mais il aime surtout être sous les feux des projecteurs. C’est un homme de scène et ce qu’il veut avoir, il l’obtient toujours grâce à son ambition et une certaine arrogance qui le rend énervant, mais attachant. Contrairement à James Hunt, Niki Lauda est un acharné de travail et pour avoir ce qu’il désire, il travaille pour l’avoir. Nous avons donc deux hommes aux caractères opposés, mais qui sont finalement beaucoup plus proches qu’on ne pourrait le penser. Afin de mettre en avant la confrontation naissante entre les deux hommes et les présenter aux spectateurs, Ron Howard va se servir de cette course en Formule 3. En moins de 5 minutes, le spectateur va comprendre et analyser la rivalité qui va s’en suivre entre les deux pilotes.

Le scénario de Rush va se concentrer presque exclusivement au Championnat du monde de 1946 qui nous démontre particulièrement bien l’opposition existante entre les deux pilotes rien qu’avec le tableau des chiffres. Pour mettre le spectateur en condition psychologique et mettre en place une certaine intensité et nervosité dès la première seconde de film, Ron Howard a décidé de lancer le film avec le départ d’une course et pas n’importe laquelle (vous verrez en salles). En moins de deux minutes, le spectateur est plongé dans un engrenage nerveux et il n’en sortira qu’au bout des deux heures de films. À la fois intense, nerveux, touchant et drôle, le scénario réussit à alterner avec fluidité entre les différentes émotions grâce à une construction linéaire et des dialogues très bien écrits. La construction du film est réalisée de manière à ce que le spectateur soit en parfaite harmonie avec les pilotes. Nous allons apprendre à les connaître, nous allons tout savoir d’eux et de ce fait, le spectateur va pouvoir faire un choix : Qui est le pilote le plus respectable ? Sans jamais prendre parti pour l’un ou pour l’autre, le scénario s’avère assez habile pour faire changer d’avis le spectateur tout au long du film grâce à des scènes utiles et aucune longueur.

"Véritable claque technique, le film est d’autant plus réussi grâce à une esthétique audacieuse et astucieuse."

Les deux personnages principaux du film sont Niki Lauda et James Hunt, mais il y en a un autre qu’il ne faut pas omettre. Il s’agit des véhicules. Les Formule 1 sont très importantes dans le film et Ron Howard nous le prouve avec sa réalisation. Lorsque la scène est centrée sur un pilote ou un humain à proprement parler, il va orienté sa caméra vers ce personnage et il va filmer à hauteur d’homme. À partir du moment où on arrive sur le tracé, dans les stands ou tout autre endroit où un véhicule est présent, il va réorienter sa caméra et va la placer à ras le sol. De ce fait, on comprend que la Formule 1 possède plusieurs connotations et n’est autre que l’élément qui représente l’opposition entre les deux pilotes. Alors qu’ils se respectent dans la vie sans "vouloir s’aimer", ils utilisent leurs véhicules pour prouver à l’autre qu’ils sont prêts à tout pour devenir leader. La nervosité et l’intensité du film sont présents grâce à la réalisation de Ron Howard lors des courses de Formule 1. Très importantes dans leurs nombres, elles sont sublimes. Grâce à l’aide d’un montage rythmé et d’une réalisation éclectique dans la distance des plans afin que le spectateur ait une bonne vision de la course à chaque moment, le spectateur est plongé dans des courses effrénées et frissonnantes. Le réalisateur a effectué un travail de maître avec ce film, car chaque plan raconte quelque chose et qui plus est, chaque plan est superbe. Visuellement stupéfiant, le film est d’une beauté saisissante à chaque instant.

Véritable claque technique, le film est d’autant plus réussi grâce à une esthétique audacieuse et astucieuse. Avec l’aide d’un filtre d’image, Ron Howard et son directeur de la photographie qui se nomme Anthony Dod Mantle réussissent à donner au film un aspect visuel unique. À la fois poussé à l’extrême lors des courses afin qu’elles aient un rendu d’époque et une sensation de vitesse omniprésente, ce filtre est moins exploité lors des séquences à pieds afin que le spectateur puisse avoir les pieds sur terre à certains moments. Il faut rajouter une superbe utilisation des conditions météorologiques, ce qui offre aux spectateurs des séquences d’anthologies et glaçantes. Tout cela nous amène à parler d’une dernière chose et pas des moindres : la bande sonore. Composé par Hans Zimmer, ce dernier s’est surpassé et offre au film sa composition la plus intense depuis Inception et la plus éclectique qu’il n’a jamais réalisée. Composé de musiques d’époques remixées ainsi que de compositions originales, il arrive à dynamiser et faire gagner en ampleur chaque émotion et chaque scène. Une composition de brillante pour un film brillant !

"Ron Howard s’est fait plaisir et nous fait plaisir avec plus qu’un bijou, un chef-d’œuvre."

Attendu avec impatience avant son retour au thriller avec Inferno, Ron Howard s’est fait plaisir et nous fait plaisir avec plus qu’un bijou, un chef-d’œuvre (oui j’ose utiliser ce terme). Centré sur la confrontation entre deux pilotes de Formule 1 que sont Niki Lauda et James Hunt, le scénario du film va beaucoup plus loin en détaillant minutieusement la psychologie des deux hommes, mais également la psychologie de ceux qui les entourent. Très bien écrit, le film fait naviguer le spectateur à travers une palette d’émotions très large. C’est avec habilité que le film est construit afin que l’intensité et la nervosité mises en place dès la première minute ne retombent à aucun instant. Nerveux est l’adjectif que l’on pourrait aisément utiliser pour décrire la réalisation de Ron Howard. Nerveux, mais habile et minutieux, il se sert de sa caméra pour dynamiser cette confrontation et faire parler chaque plan. Le tout est servi par un casting de qualité porté par un Daniel Brühl toujours aussi bon. Le grand public va enfin pouvoir découvrir cet excellent acteur. Sublimé par un montage sans temps mort et dynamique, une photographie superbe et une bande sonore brillante, car éclectique et toujours en cohérence avec les scènes, Rush est un véritable modèle pour tout film qui se veut rythmé, mais aussi profond. Un véritable chef-d’œuvre que vous devez impérativement voir en salle pour avoir droit à une immersion de tout instant.

En bonus, voici neuf affiches du film qui sont toutes plus ou moins réussies !