Présenté à Deauville l’année dernière et multi-primé dans bon nombre de cérémonies (dont Sundance et les Baftas), la sortie de the Imposter a été maintes fois repoussée pour finir par sortir directement en vidéo le 2 octobre. Mais ce n’est pas une raison pour bouder ce documentaire, au contraire, il risque de vous coller quelques frissons.
Oubliez le film français qui reprenait son surnom, le Caméléon, et retrouvez les méfaits de l’usurpateur d’identité mythomane Frédéric Bourdin dans the Imposter. En effet, dans les années 90, alors qu’il était âgé de 23 ans, il a volé l’identité d’un adolescent de 16 ans disparu depuis 4 ans. Retrouvé en Espagne, ce mensonge lui a permit de s’incruster dans la famille du disparu aux Etats-Unis mais l’affaire prend un tournant bien plus compliqué que ce qu’il attendait.
Avec ce documentaire, le réalisateur Bart Layton interroge l’usurpateur et livre un portrait fascinant du Caméléon. On comprend la manière dont il s’y prend pour monter son mensonge de toute pièce et s’immiscer dans la vie de famille. Un tempérament de comédien à plein temps, assez fier de ce qu’il réussi à accomplir au détriment de cette famille assez crédule et qui, en même temps est en proie au doute. Malgré ses faits détestables on ne peut qu’être intrigué par une tellement personnalité et une telle intelligence pour duper les autorités pendant tout ce temps.
La famille et les autorités ne sont pas en reste. Sans être traités d’imbéciles par le réalisateur qui a réussi à les retrouver et à les faire témoigner, ils livrent aussi leur version des fait nous permettant de comprendre comme la tromperie de Bourdin a pu être possible et certaines révélations ou en tout cas suspicions peuvent faire froid dans le dos.
Mais ce qui est le plus passionnant avec the Imposter, en plus de cette histoire assez dingue, c’est la manière dont Bart Layton va la traiter. En effet, le réalisateur mélange les témoignages avec une reconstitution non pas dans pur style documentaire mais beaucoup plus proche du film de fiction, donnant alors à son film une allure hybride, un rythme et une touche thriller auxquels on ne peut qu’accrocher. Bénéficiant d’une photo impeccablement travaillée pour des images sublimes (donnant un aspect parfois onirique au film, à l’image des souvenirs des protagonistes), il entretient un suspense croissant alors que nous savons que nous sommes en pleine imposture. Mêlant ainsi adroitement le fond et la forme, il orchestre son histoire d’une grande noirceur avec une maîtrise diablement efficace.
The Imposter s’impose donc d’emblée comme un portrait fascinant sur un malfaiteur mais aussi comme une réflexion sur la volonté de croire en quelque chose en sachant que c’est faux (et cela est valable autant pour la famille que pour le spectateur).
Et si cela ne vous suffisait pas, vous aurez également en bonus un making of de 40 minutes tout aussi passionnant dans lequel le réalisateur et les autres membres de l’équipe du film reviennent sur la conception du documentaire, de la recherche des témoins et des documents authentiques jusqu’à la production des reconstitution, expliquant alors le parcours de réalisation et les partis pris.