Au Bonheur des Ogres [Critique]

Par Kevin Halgand @CineCinephile

Synopsis : "Dans la tribu Malaussène, il y a quelque chose de curieux, de louche, d’anormal même diraient certains. Mais à y regarder de près, c’est le bonheur qui règne dans cette famille joyeusement bordélique dont la mère sans cesse en cavale amoureuse a éparpillé les pères de ses enfants. Pour Benjamin Malaussène, bouc émissaire professionnel et frère aîné responsable de cette marmaille, la vie n’est jamais ennuyeuse. Mais quand les incidents surviennent partout où il passe, attirant les regards soupçonneux de la police et de ses collègues de travail, il devient rapidement vital pour le héros de trouver pourquoi, comment, et surtout qui pourrait bien lui en vouloir à ce point-là ? Benjamin Malaussène va devoir mener sa propre enquête aux côtés d’une journaliste intrépide surnommée Tante Julia pour trouver des réponses."

Seconde réalisation après Les Enfants de Timpelbach, Nicolas Bary revient cette fois avec pour la première fois au cinéma l’adaptation d’un roman signé Daniel Pennac. Assez déjanté et ouvert à un public très large grâce à une relecture de contes pour enfants, Au Bonheur des Ogres possède le scénario type du film qui peut sortir tout droit de l’imaginaire de Michel Gondry. Ici, Nicolas Bary réussi l’exploit d’offrir au film une approche toute particulière qui est à mi-chemin entre une comédie rom-com et un thriller enfantin. Assez bien écrit même si prévisible et linéaire d’un bout à l’autre, le film jongle astucieusement entre les différents genres avec une fluidité déconcertante. Jamais longuet, c’est grâce à des dialogues bien écrits et quelques répliques foudroyantes que le spectateur s’immerge pleinement dans ce conte qui bercera les enfants comme les plus grands.

Simple et enfantin dans sa trame principale ainsi que dans les traits de caractère des personnages, le film s’avère être plus profond qu’il n’y paraît grâce à des métaphores et des connotations bien intégrées à des séquences fantaisistes sorties tout droit de l’imaginaire du personnage principal. Les plus jeunes y verront un film drôle et tendre, alors que les plus grands pourront y voir la même chose saupoudrée de connotations sexuelles et autres métaphores ou image qui critique ouvertement le monde capitaliste dans lequel nous vivons (monde similaire à celui des personnages). Le film se déroule en grande partie dans le grand magasin Au Bonheur Parisien, magasin qui n’est autre que la représentation du monde riche et de la fantaisie avec des couleurs chatoyantes et une impression de grandeur grâce à un blanc primaire présent à chaque instant, alors que l’appartement des Malaussènes paraît sale, pauvre et étroit.

Au Bonheur des Ogres est un film malin, car il va attirer un large public en salles et sous ses airs de comédie rom-com, on peut y déceler en arrière-plan des thèmes qu’on aurait pas imaginé voir dans un tel film. Avec l’aide de ses caméras, Nicolas Bary arrive à offrir à chaque séquence une atmosphère toute particulière. Par moment fantaisiste, il pourra basculer vers une atmosphère plus sombre ou plus familiale afin de ne jamais tomber dans la redondance et offrir aux spectateurs un film complet. Porté vers le haut par les très bons Raphaël Personnaz, Bérénice Béjo, Guillaume de Tonquedec et Mélanie Bernier qui arrivent à rendre les personnages attachants, drôles et tendres, le film n’en est que plus réussi et sympathique à visionner. Au Bonheur des Ogres fera à tous les coups plaisir aux plus jeunes, mais il donnera également le sourire aux plus âgés qui souhaitent rire tout en critiquant notre monde actuel.