"Dans les plaines arides du Nouveau-Mexique, Sarah, une ancienne prostituée, découvre le corps sans vie de son mari, sauvagement assassiné par un fanatique religieux. Meurtrie, elle part en croisade vengeresse, mais c’est sans compter sur l’arrivée de l’extravagant shérif Jackson."
Cinq ans après avoir réalisé leur premier film grâce à celui qui en tenait le premier rôle, Ed Harris, les frères Miller reviennent sur le grand écran avec un film qui sent bon le sable chaud et les déserts arides. Avec comme trame principale une sombre histoire de vengeance dans laquelle on retrouve une jeune femme prise en sandwich par les égos du shérif et d’un représentant de l’église, on se croirait presque revenu au temps des westerns réalisés par Sergio Leone. Détrompez-vous, ce western qui n’en est pas vraiment un reprend les codes de ce dernier afin de se rapprocher du maître Tarantino et de son très récent Django Unchained. Mélangeant humour noir et personnages aux traits de caractère très étirés et complètement fous, le scénario amène le spectateur vers un film de vengeance classique, mais maîtrisé et très bien écrit avec de beaux sous-entendus (le chemin de croix…). Logan et Noah Miller ont eux-mêmes mis en scène leur propre scénario et c’est pour cette raison que le film paraît aussi maîtrisé. Ils connaissent chaque scène et les personnages leur appartiennent. Ils ont utilisé les codes du film de vengeance classique tout en y incrémentant des personnages aux personnalités bien développés et détaillés au travers de séquences justes et bien mises en scènes.
On va découvrir une femme qui a du cran et qui va évoluer durant près d’une heure et demie. Celle-ci va littéralement se transformer et elle va prendre la place du mari dans son couple. Elle va devoir faire face à un représentant de l’église décérébré qui fait de l’illégalité une chose juste aux yeux de l’église et des siens. D’abord soumise dans les premières minutes, elle va devoir devenir plus forte pour pouvoir lui tenir tête. Une confrontation bien mise en scène et apportée de manière judicieuse avec une gradation de la violence en cohérence avec l’évolution du caractère de la femme. À la fois scénaristes et réalisateurs, les frères Miller sont possesseurs de ce film et font vivre leur histoire. De ce fait, le film possède un côté théâtral qui est loin d’être dérangeant même si plus de liberté aurait été une bonne chose pour les acteurs. Cantonnés à ce qui était écrit dans le scénario, les acteurs cabotinent et n’arrivent pas à s’exprimer pleinement dans leurs rôles respectifs. On pense notamment à Ed Harris qui apporte un peu de légèreté au film, mais dont le personnage ne prend jamais l’envol qu’il aurait mérité. January Jones s’en sort bien et réussit à rester touchante sans être trop expressive lorsqu’elle devient une tout autre personne (elle tue même seins nues et ça c’est fort). Tout l’inverse de Jason Isaac qui est expressif à souhait dans un personnage qu’on adore détester.
Le gros point noir de ce film n’est pas son côté théâtral et scripté ou encore ses grosses longueurs qui vous permettront de rattraper quelques minutes de sommeil, mais son manque de budget. Avec ces sept petits millions de dollars, le film manque de budget pour gagner en ampleur. Assez intimiste dans ses décors et ses scènes de violences non exagérées, le tout manque de budget pour exploser l’écran. Le respect mot à mot du scripte fait d’autant plus ressentir ce manque à l’écran à cause de transitions trop sèches, d’une violence pas assez exacerbée et d’une image trop naturelle. L’utilisation d’un filtre sur l’image aurait peut-être bonifié l’ambiance que dégage ce Shérif Jackson qui est une fiction trop naturelle pour emporter le spectateur dans un autre temps. Un bon scénario fait de ce Shérif Jackson un bon film qui aurait pu être encore meilleur si le budget avait été là.