Prisoners [Critique]

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"Dans la banlieue de Boston, deux fillettes de 6 ans, Anna et Joy, ont disparu. Le détective Loki privilégie la thèse du kidnapping suite au témoignage de Keller, le père d’Anna. Le suspect numéro 1 est rapidement arrêté, mais est relâché quelques jours plus tard faute de preuve, entrainant la fureur de Keller. Aveuglé par sa douleur, le père dévasté se lance alors dans une course contre la montre pour retrouver les enfants disparus. De son côté, Loki essaie de trouver des indices pour arrêter le coupable avant que Keller ne commette l’irréparable… Les jours passent et les chances de retrouver les fillettes s’amenuisent…"

Tout juste trois ans après la sortie du long-métrage Incendies qui lui avait permis de recevoir plusieurs récompenses dont le prix Lumière du meilleur film francophone, Denis Villeneuve revient cette année avec son premier grand thriller hollywoodien : Prisoners. Nous contant l’histoire de deux pères qui sont à la recherche de leurs fillettes disparues au cours de repas de Thanksgiving, le film se veut être un thriller manichéen dans la veine de Zodiac signé David Fincher ou Se7ven par le même réalisateur. Après une scène d’introduction qui va être la représentation du discours fait par le réalisateur à travers son film, Denis Villeneuve nous offre une longue séquence d’introduction qui va permettre aux spectateurs de découvrir les personnages principaux, mais surtout de se lier à ces derniers. De cette manière, le spectateur va prendre parti sans le savoir dès les premières minutes du film, ce qui va permettre au scénariste de jouer avec le spectateur. Très bien écrit, même si incomplet concernant certains éléments de l’enquête, le scénario va réussir à faire réfléchir le spectateur sur l’identité du coupable. Il va sans cesse changer d’avis et va se retrouver bouleverser à ne plus savoir en qui croire. Assez fort dans sa réflexion sur l’identité du meurtrier et sur les indices laissés aux spectateurs afin que ce dernier puisse le découvrir avant même qu’il soit officiellement montré à l’image, le scénario de ce film va encore plus loin avec une réflexion sur l’humain.

Avec un tel titre, on ne peut que se demander : "Qui sont les prisonniers et de quoi sont-ils prisonniers ?". On en vient à se demander de quoi l’homme est prisonnier, qu’il soit un meurtrier, un père désespéré ou même un détective pour qui tout a l’air d’aller. Grâce à ce très beau scénario, le spectateur va être poussé dans ses derniers retranchements et va devoir se questionner sur sa propre personne et sa façon d’agir vis-à-vis des personnages du film. Arrive-t-il à comprendre les agissements du père désespéré qui souhaite retrouver sa fille ou tout au contraire trouve-t-il ça inhumain ? Faire réfléchir le spectateur sur une enquête policière est une chose, mais en parallèle le faire réfléchir sur lui-même en est une autre et le scénariste Aaron Guzikowski le fait à merveille dans ce long-métrage. Même si Denis Villeneuve est le réalisateur du film, ce sont ces techniciens qui font un travail formidable, car même si la réalisation n’est pas exemplaire (problèmes de cadrage, problème de fluidité de la caméra dans les espaces…), il y a une chose qui est exemplaire. C’est bel et bien la photographie qui est signée Roger Deakins (Skyfall, True Grit…). Que ce soit les environnements, les personnages ou les deux à la fois afin de créer une sensation de grandeur, l’image est d’une beauté saisissante. À la fois somptueux et terrifiants, la mise en valeur des personnages comme des décors est l’élément le plus important dans la création d’une ambiance.

C’est grâce au scénario, au sens du rythme de Denis Villeneuve (monté crescendo des sensations chez le spectateur) et à sa photographie que Prisoners est un film palpitant, stressant et angoissant. Jamais prévisible, on ne peut réussir à deviner la fin du film avant le dernier écran noir grâce à des personnages très bien écrits et remarquablement interprétés. Sans retenue et sans être larmoyant pour autant, Hugh Jackman nous livre sa plus belle prestation depuis sa triple interprétation dans The Fountain réalisé par Darren Aronofsky. Tout comme Jake Gyllenhaal qui tient la barre haute et ne faiblit jamais dans le rôle du détective couillu qui n’a jamais échoué et qui ne compte bien jamais échoué. À noter les belles prestations de Melissa Leo, Paul Dano et Viola Davis. Un thriller qui vous marquera à coup sûr et qui méritera très certainement de nouveaux visionnages afin de pouvoir en décortiquer les moindres détails.

4.5

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