9 mois ferme est un film réalisé par Albert Dupontel qui sort le 16 octobre 2013.
Synopsis : Ariane, 41 ans, est juge, célibataire et sans enfants, ce qu’elle décrit comme sa vision d’une « femme intelligente ». Quand le médecin lui annonce qu’elle est enceinte, son monde commence à s’écrouler autour d’elle. Le père serait un truand fiché, recherché pour avoir démembré et dévoré les yeux d’un vieillard et Ariane n’a aucune idée de ce qui a pu se passer.
Casting : Sandrine Kiberlain, Albert Dupontel, Nicolas Marié, Philippe Duquesne, Christian Hecq, Yolande Moreau
« 9 mois ferme » est la nouvelle offrande d’Albert Dupontel au cinéma français. Sandrine Kiberlain est Ariane, une juge coincée qui se destine au célibat à vie, convaincue depuis longtemps que les hommes sont des lâches. Albert Dupontel est Robert Nolan, dit Bob Nolan, truand recherché pour un cambriolage qui a mal tourné. La victime a été retrouvée les membres tranchés et les yeux arrachés, gobés par son agresseur. Après une soirée mouvementée dont elle n’a pas le souvenir, Ariane tombe enceinte à son grand désarroi, qui se mue en désespoir quand le père est identifié : Bob Nolan.
Leurs deux trajectoires vont alors se télescoper dans un feu d’artifice burlesque. Dupontel ne recule devant rien, s’autorise tout. Les scènes trash dignes d’un nanard horrifique lors de l’hilarante reconstitution du cambriolage, l’avocat bègue, le collègue libidineux, c’est survitaminé et surjoué mais comme souvent avec Dupontel, tout passe comme une lettre à la poste. Entre Tex Avery et un Charlie Chaplin qui aurait pris de l’acide, Dupontel réussit malgré tout à assurer les fondations de son film par un scénario maintenant solidement l’ensemble et des dialogues qui font mouche.
Malgré cette folie, « 9 mois ferme » n’est pas le pur délire que sont Bernie ou Enfermés Dehors. Plus sage, plus maîtrisé peut-être, le film laisse passer toute une palette d’émotions. Malgré des scènes hilarantes, le désespoir absolu que vit Ariane à l’annonce de sa maternité est rendu avec une grande justesse qui contraste très fortement avec les moments comiques. Le grand écart, périlleux, est tout à fait contrôlé, de même que les scènes où l’on sent de la gêne entre les personnages, que l’écriture et la direction encadrent parfaitement.
Quelques références, de belles trouvailles, dont un merveilleux caméo de Jean Dujardin et des interventions télévisées pleines de petits messages idiots défilant dans le bandeau, « 9 mois ferme » est l’œuvre d’un cinéaste en pleine possession de ses moyens et qui se fait plaisir. Nous pouvons regretter cependant que Bob Nolan, une « sorte de cousin de Bernie » selon les propres mots de Dupontel, soit en effet si proche des personnages qu’il a joué dans ses autres films. Son jeu manque en effet de cette étincelle et de cette originalité qui transparaît dans le reste du film et qui fait ressortir encore plus cette impression de déjà-vu.
En prenant un sujet classique, un homme et une femme, la quarantaine, que tout oppose, dans une collaboration contrainte, en réalisant un « film de potes » avec quelques-uns de ses acteurs fétiches et des amis, Dupontel évite cependant aisément l’écueil des productions comiques françaises pataudes et consensuelles. Sa solution ? Un scénario qui tient la route, des dialogues travaillés, un brin de folie… et le courage d’oser les choses.
Note : 9/10 à la fois maîtrisé et délirant, Albert Dupontel, en très grande forme derrière la caméra mais un peu moins en forme devant, nous livre une comédie hilarante portée par Sandrine Kiberlain, parfaite dans le rôle d’Ariane.