Hollywood n’est peut-être pas (totalement) perdu (2/2)

Par Fredp @FredMyscreens

Dans une première partie, on a commencé passer en revue les réalisateurs qui peuvent encore apporter un peu de créativité à Hollywood pour remédier à la crise d’innovation des gros blockbusters. Voici donc la suite de cette finalement plutôt longue liste de talents qui sont aussi créatifs que suffisamment tenaces pour réaliser leurs propres films ou s’approprier complètement les licences qui leurs sont proposées.

Les Discrets

Duncan Jones, le fils de David Bowie avait démarré sa carrière très discrètement avant de se faire repérer avec son premier film, le génial Moon, aussi inspiré que maîtrisé pour un budget minime. Il poursuit ensuite sur sa lancée avec Source Code, maline série B assez efficace. Il n’en faudra pas plus pour que le studio des blockbuster geek Legendary Pictures vienne frapper à sa porte et lui offre l’opportunité d’adapter Warcraft en film pour 2015. un par audacieux sur une grosse licence, on espère qu’il sera à la hauteur pour réaliser ensuite des projets plus personnels.
Son camarade Rian Johnson n’est pas contre pas tenté par les sirènes d’Hollywood et nous a livré un Looper vraiment bien foutu qui nous fait dire qu’il serait le réalisateur idéal d’un Uncanny X-Force (mais le projet est entre les mains du réalisateur du minable Kick-Ass 2). En parlant de super héros, Josh Trank s’était fait repéré avec le malin Chronicle mais sera-t-il à la hauteur du reboot des 4 Fantastiques ? Il a la culture et l’envie, mais tout reste à faire pour être original.
D’un autre côté, Joe Carnahan fait son petit bonhomme de chemin entre polars et survivals (Narc, le Territoire des Loups) bien troussés et la grosse déconnade (Mise à Prix, l’Agence tous risques). Avec autant de sincérité et d’efficacité, il pourrait bien toujours nous surprendre, même sur une grosse licence.  Du talent à prouver, c’est Gareth Edwards qui en a. Le réalisateur révélé par le petit Monsters doit maintenant gérer le gros monstre Godzilla pou laver l’affront d’Emmerich il y a 15 ans.
Enfin, côté horreur, James Wan a fait son chemin depuis le premier volet de Saw. Respectueux du genre et le maitrisant parfaitement, il a confirmé tout son potentiel avec Insidious et Conjuring mais maintenant, il est temps de passer à autre chose et de redonner un coup de fouet à Fast & Furious. Reste à savoir si il va réussir à mettre les bolides dans son propre code de la route.

Les Indépendants

Contrairement à Hollywood, les cinéastes indépendant restent créatifs et si certaines refusent de passer au gros blockbuster (comme Quentin Tarantino qui toutefois n’en fini pas de déclarer son amour à la bonne série B qui ne se fait plus), d’autres sont courtisés depuis un moment sans parvenir à s’y insérer comme Darren Aronofsky, plusieurs fois approché pour Batman et Wolverine mais qui préfèrera s’attaquer à de grands et beaux films comme the Fountain, the Westler ou Black Swan. Son prochain Noé avec Russell Crowe adapté de sa propre bande-dessinée sera peut-être l’excellent compromis d’une vision d’auteur pour un studio.
Le réalisateur indé un peu étrange que l’on attend de voir décoller c’est Richard Kelly. Repéré avec Donnie Darko, il avait déboussolé tout le monde avec Southland Tales alors que son film le plus grand public mais tout aussi personnel adapté de Richard Matheson, The Box (excellent thriller paranoïaque et SF) a été un échec commercial. Le gars a pourtant un talent immense alors on y croit !
Côté nouveaux talents indés révélés par Sundance ou Cannes, on pourra aussi citer Benh Zeitlin (les Bêtes du Sud Sauvage) qui semble s’embarquer plus dans le fantastique pour son prochain film, JC Chandor qui a apparemment confirmé avec All is Lost tout le bien que l’on pensait de son prometteur Margin Call ou David Lowery pourrait être un l’un des cinéastes à suivre, ne serait-ce que pour la beauté de ses Amants du Texas. Et puis il y a ce petit trublion d’Evan Glodel qui avait fait Bellflower avec trois fois rien pour un film qui ne manquait pas de personnalité, la bonne nouvelle est qu’il travaille sur un film de zombies.

A leurs côté, on se dit que Gavin O’Connor a marqué un grand coup avec Warrior et qu’il pourrait bien nous redonner un coup de point alors que Jim Mickle commence à faire son nom dans le cinéma de genre après la bonne surprise Stakeland et son décrié We are what we are, il possède une patte qui pourrait bousculer pas mal de monde.

Les Européens

Quand il n’y a plus de talent chez soi, il faut aller le chercher à l’étranger et en particulier chez nos amis anglo-saxons. Danny Boyle a déjà sa place à Hollywood après son Oscar pour Slumdog Millionnaire et pourrait bien y revenir après sa cour de récré qu’était Trance. Après des films sublimes chez l’oncle Sam (American Beauty et les Sentiers de la Perdition), Sam Mendes est retourné au service de sa Majesté pour lui offrir le meilleur et le plus rentables des James Bond avec Skyfall (et maintenant sa suite), mais Hollywood va surement vouloir le récupérer).
Maintenant que la trilogie Cornetto est terminée, Edgar Wright va pouvoir réaliser Ant-Man pour Marvel, on espère qu’il ne va pas s’y oublier mais il avait déjà montré qu’il pouvait s’approprier Scott Pilgrim. Et puis de toute façon, il a bien d’autres projets originaux sous le coude. Un autre Wright à suivre, c’est Joe Wright qui arrive aussi bien à faire du mélo en costume (Anna Karenine était magnifique) que du film d’action aux accents féériques orignal (Hanna) … d’ici là qu’Hollywood le récupère complètement …

Au nord de l’Europe, on trouve aussi Nicolas Winding Refn qui s’était un peu incrusté à Hollywood avec le succès hype de Drive. Mais il a joué au vilain avec Only God Forgives. Du coup, est-ce qu’Hollywood va réussir à dompter un peu ce talent brut et froid, on espère que non mais on a bien envie de le voir profiter d’un budget confortable.
Plus au sud, on a l’espagnol Juan Antonio Bayona qui a montré ses compétences dans l’horreur (l’Orphelina) et la catastrophe émotionnelle (the Impossible), toujours avec un angle intimiste touchant et une belle maitrise technique. Un talent incontournable qui finira bien par toucher Hollywood au même titre qu’un Alfonso Cuaron.
Et puis il ne faudrait pas oublier notre petit frenchie Louis Leterrier qui arrive maintenant à devenir un très honnête faiseur à Hollywood (l’Incroyable Hulk) sans oublier ses origines avec le succès surprise d’Insaisissables.

les Exotiques

Plus loin que l’Europe,  Hollywood peut aussi aller chercher les talents en Asie ou en Australie. Cela fait longtemps qu’Ang Lee a sauté le pas et s’adonne aux films qu’il veut, que ce soit américain ou hong kongais, du blockbuster ou de l’intimiste. Et en plus il a été adoubé deux fois aux oscars (Brockeback Moutain et l’Odyssée de Pi) de manière bien méritée. Hollywood a jeté un œil en Corée aussi pour confier à Park Chan Wook le script original de Stoker et Bong Joon ho, avec son adaptation coup de poing du Transperceneige devrait bien s’y tracer un bout de chemin. Côté indien, il faut faire attention car Anurag Kashyap, de par son style et ses influences pour réaliser son Gangs of Wasseypur et Ugly, pourrait bien un jour entrer dans la spirale. Et puis à la croisée des chemin, il y a l’écossais vivant en Indonésie Gareth Evans qui nous a filé un bel uppercut avec son The Raid dont la suite va débarquer très bientôt.

Tout cela sans oublier les australiens et néo-zélandais ! Si Andrew Dominik (Chopper, l’Assassinat de Jesse James, Cogan) ne semble pas vraiment avoir de vues sur Hollywood pour rester un auteur accomplit, on verra ce que va nous offrir John Hillcoat (La Route, des Hommes sans Loi). Mais c’est surtout au petit nouveau David Michod qu’il faudra faire attention après un premier film, Animal Kingdom, qui nous a bien marqué et qui pourrait voir quelques portes s’ouvrir.

Avec tous ces noms, Hollywood devrait bien finir par trouver un minimum d’imagination non ?