Le Festival Lumière de Lyon, gloire à Tarantino !

Par Fredp @FredMyscreens

Du 14 au 20 octobre se tenait la nouvelle édition du Festival Lumière de Lyon et nous y étions grâce à Séance Radio pour (re)découvrir une bonne flopée de films classiques en bonne compagnie puisque Quentin Tarantino était invité d’honneur. Voilà le récit de ces quelques jours.

Lyon vibre pour le cinéma et Tarantino

Depuis quelques années maintenant, Thierry Frémaux, sélectionneur de Cannes, partage son amour du grand cinéma classique dans sa ville de Lyon à travers le Festival Lumière. L’occasion pour toute la ville de vibrer au rythme du 7e art, toutes générations confondues. Les foules se pressent et remplissent les salles pour redécouvrir ses grands classiques du cinéma français et international avec des invités de marque chouchoutés comme rarement pour parler librement de leur passion en présentant des films qu’ils aiment. Loin des strass et des paillettes, ici c’est la cinéphilie de tout le monde qui est célébrée, sans promotion de film, juste avec un amour incommensurable du cinéma. Et la présence de ce cinéphile fou qu’est Quentin Tarantino, venant présenter des films qu’il adore et d’autres qu’il avait juste envie de découvrir, n’a fait qu’exacerber cette dimension pour donner au festival un ton unique et mémorable tout dédié au public.

Des événements émouvants et jubilatoires !

Si nous avions loupé la cérémonie d’ouverture avec un hommage parait-il très réussi à Jean-Paul Belmondo, l’un premiers des moments forts du Festival était le ciné-concert autour de l’un des premiers films muets d’Alfred Hitchcock, Blackmail. En plus de l’aspect épique et émotionnel incroyable dû à la présence de l’orchestre pour jouer la musique du film en direct, c’était aussi hallucinant de constater à quel point toutes les thématiques du maître du suspense (le chantage, la transmission de la culpabilité, la femme blonde assassine, la tension sexuelle,…) sont déjà présentes et de repérer ses tics de mise en scène qui font déjà leur effet. Une séance marquante à plus d’un titre donc.

Mais le plus grand moment qui restera dans les mémoires de tous, et pour de nombreuses années, le grand événement que tout le monde attendait, c’était la remise du Prix Lumière à Quentin Tarantino. Et on peut dire que la cérémonie était à la hauteur de l’enthousiasme qui porte le réalisateur pour le 7e art. Après une introduction de Thierry Frémaux, ce sont les témoignages de ses proches présents qui ont rythmé la soirée avec émotion et passion. Tim Roth évoquant ses débuts, Mélanie Laurent chantant Bang Bang, les larmes de Harvey Keitel, les phrases de ses producteurs Lawrence Bender et Harvey Weinstein, le poème vidéo de Michael Madsen, le dithyrambique Bertrand Tavernier et surtout le discours flamboyant d’Uma Thurman auront emporté le public dans de nombreuses standing ovations qui se multiplieront à l’arrivée d’un Quentin Tarantino particulièrement ému et qui ne manque jamais d’humour. Bref, une cérémonie royale portée par une passion communicative comme jamais pour le cinéma, un moment qui restera dans bien des esprits et dont d’autres évènements pompeux devraient bien s’inspirer. Un moment qui sera prolongé par la projection de Jackie Brown et quelques jours plus tard de nouvelles standing ovations à la cérémonie de clôture ponctuée par la projection de Pulp Fiction.

Et des (re)découvertes marquantes !

Mais le Festival Lumière, ce ne sont pas que ces événements, ce sont aussi de belles projection de films classiques avec des sélections très diverses. Nous avons attaqué directement le mercredi avec la Dernière Corvée de Hal Ashby, l’un des premiers films de Jack Nicholson dans lequel il interprète un officier de la Navy chargé d’escorter, en compagnie de l’un de ses collègues un jeune marine au pénitencier. Mais très vite, une camaraderie prend forme entre les 3 hommes et une sorte de parcours initiatique commence. Remplis de moments d’humour qui font mouche grâce à un Nicholson en pleine forme qui laisseront ensuite place à l’émotion, c’est une première belle découverte qui s’offre déjà à nous.

Jeudi matin, Michael Cimino, le réalisateur des cultissimes la Porte du Paradis et Voyage au Bout de l’Enfer, s’est levé aussi tôt que le public pour présenter (et parler rapidement du casting) Le Dernier Empereur de Bernardo Bertolucci, biopic long mais très intéressant sur la destinée de Pu Yi, le dernier empereur de la dynastie mandchoue alors que la Chine est en pleine révolution. L’histoire complexe d’un homme qui ne l’est pas moins, détenu dans une prison dorée dont la chute sera rude en passant de l’état de demi-dieu à simple mortel. Passionnant malgré sa longueur qui se ressent de bon matin, il est surtout dommage que la superbe restauration soit présentée en 3D, atténuant alors la flamboyance des couleurs et nous sortant alors du film contrairement à l’intention initiale du process.

Puis il était temps de croiser l’invité d’honneur du festival, Quentin Tarantino, venu présenter son hommage à Tony Scott avec la projection de True Romance. Un discours enlevé dans lequel il n’hésite pas à taper sur Tueurs Nés qu’il n’est jamais arrivé à digérer autant qu’il déclare tout son amour au réalisateur disparu il y a un an. Et donc l’occasion redécouvrir le film dans lequel l’écriture et les personnages tout de suite identifiables de QT se marient miraculeusement à la mise en scène dynamique de Tony Scott pour un film déjanté et sans temps mort qui n’a pas vraiment pris de ride. Un véritable plaisir à revoir.

Vendredi, c’est avec la restauration de la Mélodie en sous-sol de Henri Verneuil, avec Jean Gabin et tout jeune Alain Delon, que nous avons assisté avec une présentation remplie d’anecdotes par Régis Wargnier. Film de casse classique mais servi par les dialogues ciselés d’Audiard c’est avec enthousiasme que l’on ressort de cette belle projection de cinéma français comme on n’en fait plus. D’ailleurs, on restera sur du Verneuil le samedi en allant voir Cent Mille Dollars au Soleil dont la course poursuite en camion dans le désert est toujours aussi prenante et l’humour vachard aussi drôle.

Évidemment, on aurait aimé découvrir également le nouveau Miyazaki Le Vent se lève … il faut tenter de vivre, d’autres de films de Hal Ashby ou Ingmar Bergman, les fameux Chanteur de Jazz et Gun Crazy, plonger dans l’ambiance de la nuit Monty Python ou encore revoir Scarface, A l’Est d’Eden, et (re)voir bien d’autres films, mais il fallait bien faire des choix. Quoi qu’il en soit, étant donné l’excellente ambiance passionnée, nous serons certainement de retour l’année prochaine !