Prisoners, critique

Par Fredp @FredMyscreens

Hugh Jackman et Jake Gyllenhaal s’affrontent dans Prisoners, thriller de premier ordre autant que drame familial éreintant.

Après avoir bousculé le public avec Incendies, le québécois Denis Villeneuve ouvre la porte d’Hollywood avec le thriller Prisonners. Un genre qu’il ne pouvait que maitriser étant donné l’intensité de ses précédents films. Partant d’une histoire classique d’enlèvement d’enfant dans une banlieue, il accouche d’un film au suspense aussi intense que le drame familial qui en découle est touchant, n’hésitant pas à s’aventurer près des terres de la loi du talion. Car dans Prisoners, nous aurons vite fait le tour des criminels potentiels et allons surtout nous attarder sur les conséquences de l’affaire sur la famille et en particulier ce père, monsieur tout le monde, qui va aller aux extrêmes pour tenter de retrouver son enfant.

Navigant aisément en plusieurs styles (on pourra citer le Zodiac de Fincher, ou Mystic River d’Eastwood mais aussi Winter’s Bone pour son aspect plus indé) avec un scénario diablement bien écrit pour nous tenir en accroché pendant deux heures vingt grâce à son intérêt premier pour le drame humain sans pathos avant même l’enquête à proprement parler ou les effets choquants, Prisoners se révèle rapidement être l’un des thrillers les plus tendus et intéressants de ces dernières années.

Particulièrement noir, en plus de l’enquête qui se révèle de plus en plus enfouie dans le passé de certains habitant, le film remet surtout en cause notre sens moral devant les actes perpétrés par ce père au bout du rouleau. Des actes qui vont alors bousculer le fragile semblant d’équilibre qu’il restait dans cette famille après ce terrible évènement. Non content de nous tenir en haleine avec son aspect policier bien mené, c’est donc le drame humain qui nous emporte dans l’histoire aux côté de perrsonage dont on n’approuve pas forcément les actes mais que l’on comprend parfaitement.

En ce sens, on peut saluer les performances impeccables de Hugh Jackman en père de famille et Jake Gyllenhaal en flic obsédé par cette enquête. Tous deux sont sans arrêt sur le fil du rasoir avec des personnages qui pourraient facilement en faire trop si ils n’étaient pas joués avec autant de finesse et dirigés par un metteur en scène complètement à l’aise dans le genre et livrant à chaque instant des images parfaitement travaillées pour obtenir cette atmosphère sombre et psychologiquement éreintante. Et finalement, peut-être que l’on peut seulement lui reprocher ses dernières scènes de conclusion facile atténuant la noirceur qui nous avait porté jusqu’ici.

Thriller de haute volée et drame familial angoissant porté par un réalisateur maitrisant son sujet et des acteurs investis dans leurs rôles, voilà ce qui pourrait sans doute être le meilleur thriller de l’année.