L’Extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet, critique

Par Fredp @FredMyscreens

Jean-Pierre Jeunet retente l’aventure Amérique avec L’Extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet, une carte postale sublime et remplie d’une sincérité touchante, à admirer en 3D.

Après la semi-décéption de Micmacs à Tire-Larigot qui était du pur jeunet farceur mais sans grande surprise, on se demandait bien ce que le créateur d’Amélie Poulain. A la surprise générale, il est retourné aux États-Unis pour réaliser l’adaptation de L’Extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet. Loin des extravagances de ses débuts, ce film est bien l’occasion de nous montrer une facette plus apaisée de sa personnalité devant toute la tendresse qu’affiche le récit.

En effet, dans cette histoire d’un gamin surdoué de 10 ans qui entreprend un voyage qui le mènera de son Montana natal à Washington pour y présenter un discours sur l’une de ses invention alors que toute sa famille fait le deuil de son frère, le réalisateur se pose. Et même si on reconnait toujours sa patte narrative dans la présentation des personnages, celle-ci se fait plus discrète. Non pas que le film manque de personnalité, mais le réalisateur se met entièrement au service de son histoire et de l’émotion qu’il doit y apporter.

Et cela marche puisque l’on est tout de suite attendri par cette famille dysfonctionnelle connaissant quelques problèmes de communication. Avec une belle poésie, le réalisateur nous décrit les rapports entre chacun, et en particulier entre le père et la mère. Mais il va aussi parler, dans ce film qui prend des allures de road movie autant que de conte initiatique, de l’enfance, du deuil du frère et de la recherche d’un but pour s’accomplir. L’histoire est certes classique mais parlera toujours à l’enfant qui est en chacun de nous sans pathos et violons tire-larme mais avec une véritable tendresse.

Cette poésie de Spivet, Jeunet l’obtient aussi avec les images sublimes qu’il nous livre. Les paysages du Montana magnifiés sont de véritables cartes postale pour nous renvoyer à la grandeur de la nature des contrées reculées de l’Amérique sauvage que l’on rêve, autant que d’autres images sont de purs moments qui n’ont pas besoin de mots pour être décrit comme ce frôlement de main magique entre le père et la mère qui exprime tant de choses pour l’histoire et les personnages mais aussi pour le réalisateur. Par ailleurs, on pourra aussi noter que Jeunet, technicien hors pair, s’offre aussi l’occasion de filmer en 3D, technique qui le sert parfaitement pour donner une véritable ampleur à ses mouvement de caméra, une véritable profondeur dans les paysages mais qui nous permet aussi ne mieux plonger dans l’imaginaire du jeune Spivet. Son utilisation est donc particulièrement astucieuse et sert parfaitement le récit sans jamais nous en sortir.

Rempli d’une tendresse folle capable de nous faire monter les larmes aux yeux (mais il s’arrête heureusement à temps à chaque fois) avec les souvenirs qu’il peut évoquer sur notre enfance, cet Extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet est une véritable bouffée d’air pur de la montagne et de l’enfance comme on en voit rarement et que Jean-Pierre Jeunet à réussi à capturer à la perfection. C’est mignon comme tout et magnifique à regarder.