Du 3 novembre au 2 décembre 2013, dans les salles du GRAC : Voyage à Tokyo de Yasujiro Ozu

Par Journal Cinéphile Lyonnais @journalcinephil

Dans le cadre de Ciné-Collection, une fois par mois, les salles du GRAC proposent de (re)découvrir un film du répertoire. Les titres sont proposés en copies restaurées au format numérique. Au mois de novembre, c’est « Voyage à Tokyo », chef-d’œuvre du cinéaste japonais Yasujiro Ozu, qui est à l’affiche.

Découvrez la bande-annonce Ciné Collection 2013/2014 : http://vimeo.com/73233157

Consultez les horaires des séances dans chacune des salles  de « Voyage à Tokyo » sur le site du GRAC

Voyage à Tokyo
De Yasujiro Ozu
Titre original : Tokyo monogatari

Avec Chishu Ryu, Chieko Higashiyama
Japon, 1953, 2h16, N&B , VOST
Date de reprise : 3 juillet 2013

Synopsis : 

Un couple âgé entreprend un voyage pour rendre visite à ses enfants. D’abord accueillis avec les égards qui leur sont dus, les parents s’avèrent bientôt dérangeants.
Seule Noriko , la veuve de leur fils mort à la guerre, trouve du temps à leur consacrer. Les enfants, quant à eux, se cotisent pour leur offrir un séjour dans la station thermale d’Atami, loin de Tokyo…

A Propos du film

Ozu bâtit ses histoires et ses personnages avec minutie et parvient à toucher profondément le spectateur. Plan après plan, le cinéaste prend le temps nécessaire pour faire ressentir l’inexorable : la vieillesse, l’éloignement, l’abandon des mœurs traditionnelles, la mort. L’admirable reconstitution de la réalité à l’écran nous force à l’accepter comme s’il s’agissait de la vie elle-même. Bouleversant, Voyage à Tokyo reste l’une des œuvres les plus accessibles, les plus fascinantes et les plus abouties d’Ozu.

Voyage à Tokyo a été élu 5ème plus grand film de l’histoire du cinéma par la revue britannique Sight and Sound en 2002. Le classement était alors établi par 250 critiques et cinéastes internationaux dont Quentin Tarantino, Bernardo Bertolucci et Michael Mann.  Il fut distribué pour la première fois en France en 1978, soit près de vingt-cinq ans après la production du film.

Yasujiro Ozu (1903-1963)

Yasujiro Ozu est né en 1903 à Tokyo, mais passe la majeure partie de son enfance et adolescence à Matsusaka, près de Nagoya. Il y découvre le cinéma, en particulier le cinéma hollywoodien, pour lequel il se passionne. Il se rend alors régulièrement à Nagoya pour voir les films de Chaplin, Murnau, ou Lubitsch, qu’il considère rapidement comme son réalisateur préféré. En 1923, après avoir échoué à l’examen d’entrée de l’Ecole Supérieure de commerce de Kobe, Ozu se fait engagé comme assistant opérateur à la Sh?chikuKinema. Rapidement, il devient assistant réalisateur et réalise son premier film Zange no yaiba (Le Sabre la Pénitence), pour lequel il travaille avec le scénariste Kôgo Noda, marquant ainsi le début d’une longue et fructueuse collaboration. Mais la guerre civile ayant éclatée, Ozu est incorporé dans l’armée japonaise et se voit dans l’impossibilité de finir son film.

 De retour de la guerre, il se lance pleinement dans la réalisation de films, gardant souvent la même équipe technique ainsi que les mêmes acteurs. Influencé par le modèle américain et le cinéma européen, il débute sa carrière par des comédies, genre dans lequel il excelle (Kabocha (La Citrouille), 1928). Très vite, son style devient de plus en plus personnel (Kaishain Seikatsu(La vie d’un employé de bureau), 1929), même si les influences américaines sont toujours fortement présentes. De manière subtile, Ozu parvient à diffuser un message contestataire à travers ses comédies sociales, comme dans (Tokyo no gassho (Chœur de Tokyo), 1931) qui porte sur un fonctionnaire qui sombre dans la misère. Bien que le cinéma soit devenu parlant, Ozu préfère tourner des films muets, et fait du rapport entre les parents et les enfants son thème de prédilection. Au fil des années, il parvient à se libérer de ses influences occidentales : son style de mise en scène s’affine et devient de plus en plus dépouillé. Il préfère un cinéma essentiellement composé de longs plans fixes aux mouvements d’appareils et aux effets de montage, et choisit de filmer à la hauteur de ses personnages, comme dans (Otona no miru ehon umarete wa mita keredo (Gosses de Tokyo)1932).

C’est en 1935 qu’il se lance finalement dans le parlant, et propose ainsi Hitori musuko (Le fils unique) en 1936. L’année suivante, il est mobilisé par l’armée et sert durant plusieurs mois en Chine. Il réussit cependant à réaliser Todake no kyodai (Les Frères et sœur Toda) en 1941, qui rencontre un grand succès auprès du public. En 1943, on lui confie la réalisation d’un film de propagande à Singapour, pour lequel il ne tourne que quelques plans car la capitulation est inévitable. Il est fait prisonnier à Singapour et ne pourra rentrer au Japon qu’en 1946. A son retour, il revient sur le devant de la scène avec entre autre Nagaya Shinshiroku (Récits d’un propriétaire, 1948), puis en 1949 avec Banshun (Printemps tardif). Ce film marque « une renaissance » du cinéaste, considéré par beaucoup comme une œuvre parfaite, puisqu’Ozu parvient à faire un film épuré dans lequel il saisit avec justesse les détails qui constitue la vie quotidienne. Surtout,Printemps tardif lui permettra d’acquérir une certaine réputation internationale.

Jusqu’en 1963, Ozu réalise une série de films qui témoigne de sa sensibilité et de sa mise en scène formelle et poétique, dont Tokyo monogatari (Voyage à Tokyo, 1953), que l’on situe parmi ses chefs d’œuvre. En 1958, Ozu tourne son premier film en couleurs,  Higanbana (Fleurs d’équinoxe), et décide de poursuivre cette expérience pour ses derniers films : Ohayo (Bonjour, 1959), Ukikusa (Herbes flottantes, 1959), Akibiyori (Fin d’automne1960), Kohayagawake no aki (Dernier caprice, 1961) et Sanma no aji (Le goût du saké, 1962). Dans ces dernières œuvres empruntes de mélancolie, qui ont contribué au succès planétaire du cinéaste, Ozu s’attache à mettre en évidence la destruction du système familial japonais face à l’évolution des mœurs.

Il meurt en 1963, laissant derrière lui une filmographie remarquable, qui a fait de lui l’un des cinéastes japonais les plus admirés. Par ses intrigues simples et sa mise en scène d’une extrême sobriété, Ozu a su capté l’essence même de ses sujets, renouant ainsi avec une longue tradition artistique japonaise.

Filmographie sélective :

  • 1927 : Zange no yaiba (Le Sabre de pénitence)
  • 1928 : Kabocha (La Citrouille)
  • 1929 : Kaishain Seikatsu (La Vie d’un employé de bureau)
  • 1930 : Erogami no onryo (L’Esprit vengeur d’Éros)
  • 1931 : Tokyo no gassho (Chœur de Tokyo)
  • 1932 : Otona no miru ehon umarete wa mita keredo (Gosses de Tokyo)
  • 1935 : Tokyo no yado (Une Auberge à Tokyo)
  • 1936 : Hitori musuko (Le Fils unique)
  • 1941 : Todake no kyodai (Les Frères et Sœur Toda)
  • 1947 : Nagaya Shinshiroku (Récit d’un propriétaire)
  • 1948 : Kaze no naka no mendori (Une Poule dans le vent)
  • 1949 : Banshun (Printemps tardif)
  • 1952 : Ochazuke no aji (Le Goût du riz au thé vert)
  • 1953 : Tokyo monogatari (Voyage à Tokyo)
  • 1956 : Soshun (Printemps précoce)
  • 1958 : Higanbana (Fleurs d’équinoxe)
  • 1959 : Ohayo (Bonjour)
  • 1959 : Ukikusa (Herbes flottantes)
  • 1960 : Akibiyori (Fin d’automne)
  • 1961 : Kohayagawake no aki (Dernier Caprice)
  • 1962 : Sanma no aji (Le Goût du saké)
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