Cette semaine, nous fêterons comme tous les ans la traditionnelle fête d’Halloween autour d’un bon film d’horreur. L’occasion idéale pour voir ou revoir le film culte de John Carpenter qui a lancer toute la vague des slashers pour ados.
Sans stars, hormis la présence de Donald Pleasence (La Grande Évasion, James Bond), tout le film repose ainsi sur le talent d’écriture et de mise en scène de John Carpenter. Et dès le générique qu’il compose lui-même, le réalisateur nous immerge dans l’ambiance de ce film d’horreur atypique avant d’enchaîner avec le côté voyeur de sa scène d’ouverture dont la révélation (c’est un enfant qui vient de tuer une femme), est d’autant plus choquante.
C’est donc parti pour un film au rythme lent mais suspense de chaque instant où le réalisateur donnera une véritable consistance au boogeyman qu’est Michael Myers. Travaillant adroitement ses plans pour y faire naitre l’angoisse d’une apparition du maléfique tueur, il ne joue pas la surenchère de violence ou de gore, ici les morts sont montrées frontalement mais on n’y prend pas vraiment de plaisir. Nous sommes bien plus concernés par ce qui va arriver à cette jeune fille normale incarnée par Jamie Lee Curtis.
Pour Halloween, John Carpenter prend parfaitement exemple sur le maître du suspense Alfred Hitchcock et en particulier son Psychose et il n’hésite d’ailleurs pas à citer le film à de nombreuses reprises. Ainsi, le détective à la poursuite de Myers se nomme Loomis comme le petit ami de Marion Crane de Hitchcock et le couteau est l’arme de prédilection du tueur. Mais encore plus flagrant, et poussant la filiation des 2 films jusqu’au bout, Jamie Lee Curtis est la fille de Janet Leigh qui était donc la mémorable défunte Marion de Psychose. Dès lors, impossible de ne pas voir dans Halloween une succession réussie à Psychose qui était, d’une certaine manière le premier slasher (ces films qui mettent des ados un peu bêtes à la merci de serials killers inventifs).
Mais John Carpenter apporte une autre dimension à Halloween, le fantastique. En effet, il décrit dès le début du film son personnage comme l’incarnation du mal, lui conférant alors une dimension purement maléfique contre laquelle on ne peut se battre et que l’on ne peut que fuir. Michael Myers et son masque blanc, impersonnel, n’est pas un gars aux problèmes psychologiques ou un bad guy qui a subit un trauma et a un besoin de vengeance, c’est un mal bien plus profond, plus ancien, immortel, qui rejoint les peurs ancestrales et notamment la légende du croque-mitaine qui était faite pour faire peur aux enfants qui n’étaient pas sages. Ici ce sont les baby-sitters, qui racontent d’habitude ce genre d’histoire, qui en font les frais.
Cette dimension fantastique portée par Loomis chassant le mal fait d’ailleurs de ce dernier l’équivalent d’un Van Helsing, renforçant alors l’image mythologique du maléfique Michael Myers et l’ancrant un peu plus dans la culture populaire, légende moderne.
Sorti en 1978, Halloween n’était pas le premier slasher (Black Christmas était déjà passé par là), mais il est celui qui se sera montré le mieux réalisé et qui mettait en scène un serial killer vraiment et simplement charismatique. Le succès est immédiat et la suite sera rapidement mise en chantier et cela continuera de manière toujours plus gore, perdant de vue ce qui faisait le succès de l’original jusqu’au dernier film de la saga en 2002 avant un reboot réussi par Rob Zombie.
Mais le succès de ce film à petit budget nécessitant juste du sang à défaut de bons acteurs va faire des émules. Arriveront alors les Vendredi 13, Freddy et autres tueurs divers et variés suivant les saisons et fantasmes de leurs inventeurs qui, malgré des morts parfois graphiquement intéressantes, sadiques et surprenantes, n’arriveront jamais à la cheville de la maitrise de terreur de Carpenter avant que Wes Craven ne boucle la boucle en citant sans cesse Halloween dans Scream.