Avec la sortie au cinéma de Cartel, c’est l’occasion de replonger dans l’un des films de Ridley Scott, celui qui a changé la manière de filmer la guerre moderne au cinéma : La Chute du Faucon Noir.
Inspiré de la bataille de Mogadicio, le film revient donc sur le fiasco d’une opération militaire menée en 1993 par les américains pour capturer le général Aidid et ses lieutenants au cours de l’une de leurs réunions. L’opération aurait du être rapidement réglée en 30 minutes, mais c’était sans compter sur la milice omniprésente et particulièrement coriace qui réussi à abattre deux hélicoptères. Les soldats doivent alors réussir à survivre et sortir de ce milieu hostile où les fusillades vont durer jusqu’au lendemain.
Après une demi-heure de présentation de l’esprit des soldats (plutôt que de s’attarder sur leurs personnalités individuelles) et le fonctionnement du groupe tout en établissant les enjeux de l’opération, le film plonge ensuite en pleine guerre pendant 2 heures pour n’en ressortir qu’aux dernière images. Suivant les soldats au plus près pendant les fusillades et pièges tendus par les miliciens, on se retrouve immergé sous les coups comme rarement. Ici, la maitrise technique de Ridley Scott fait merveille pour nous plonger au cœur du conflit avec des images diablement bien léchées. Un style tellement efficace qu’il sera ensuite maintes fois copié pour de nombreuses scènes de batailles, de combat ou dans la manière de filmer ce type de décors dans les films qui suivront mais aussi dans de nombreux jeux vidéos.
On reprochera souvent au réalisateur de ne pas s’intéresser aux personnages et de ne pas vraiment raconter d’histoire et de glorifier la bataille avec ses effets clipesques. C’est en effet parfois l’impression que le film donne, et pourtant il n’oublie pas d’en montrer les atrocités dans chaque camp. Sans être patriotique (le film dénonce même ce fiasco et le trop plein de confiance des responsables américains qui s’en mordent les doigts), le film s’attarde vraiment sur l’esprit de groupe de ces soldats acculés, dont les chances de s’en sortir s’amenuisement petit à petit, dans un style qui oscille entre le documentaire (par son approche au plus près des soldats) et le pur cinéma (avec ce génial travail sur le découpage et la photo).
Ce qui est également étonnant avec La Chute du Faucon Noir, c’est le casting qu’a rassemblé Ridley Scott. On y retrouve des noms déjà connus (Sam Shepard, Tom Sizemore, Jason Isaacs, William Fichtner, Ewan McGregor), des stars montantes de l’époque (Josh Hartnett, Eric Bana, Orlando Bloom) et même des visages alors inconnus qui, aujourd’hui, se sont révélés (Tom Hardy, Hugh Dancy ou encore Nikolaj Coster-Waldau ont ainsi fait leurs premières armes chez Ridley Scott).
Sorti en 2002, et évidemment décrié, le film aura tout de même rencontré son public en salles et une certaine reconnaissance critique. Car si il n’a pas mis tout le monde d’accord sur le propos, tous pouvaient au moins s’accorder sur la technique. Deuxième film tourné au Maroc, le réalisateur y retournera ensuite pour le tournage de l’immense Kingdom of Heaven après avoir fait une pause plus récréative avec les Associés, montrant encore et toujours qui peut aisément alterner les genres et les styles.