Cartel [Critique]

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"La descente aux enfers d’un avocat pénal, attiré par l’excitation, le danger et l’argent facile du trafic de drogues à la frontière américano-mexicaine. Il découvre qu’une décision trop vite prise peut le faire plonger dans une spirale infernale, aux conséquences fatales."

Son nom est connu dans le monde entier grâce à sa filmographie, mais également grâce à son défunt frère. Frère du maître du cinéma d’action Tony Scott, Ridley Scott est un cinéaste aux goûts éclectiques. Comptant à la fois des thrillers et des drames dans sa filmographie, tel Ron Howard, il essaye de diversifier son cinéma. Même si l’on recense plusieurs ratés dans sa filmographie, on y retrouve également de grands noms du cinéma et c’est pour cette raison que son nouveau film était attendu de tous. Un casting prodigieux et un scénariste de renom peuvent vendre ce film, mais il est malheureux de voir que Ridley Scott ne vend plus. Son nom ne vend plus et de ce fait, pour voir son nom sur l’affiche de son nouveau film il faut sortir la loupe. Démoli par la critique comme par la majorité du public ayant vu le film en avant-première, Cartel est un film que j’ai envie de défendre, car il oscille entre le génie et le mauvais goût. Vous me direz que ce n’est pas une bonne chose pour ce film, mais il faut se rappeler que le cinéma est avant tout un divertissement et qu’il est bon de chercher ce qu’il y a de bien dans un film.

Pouvant être considéré comme un thriller bas de gamme usant de cliché laborieux et grossier, Cartel n’en est rien et est un film dont le fil conducteur n’est en aucun cas une intrigue. Balancé au cœur d’un trafic sans rien en savoir, le spectateur est perdu dès les premiers dialogues. S’attendant à en savoir plus sur le trafic de drogue ainsi que sur la position des différents personnages autour de ce trafic, le spectateur croit être en terrain conquis. Sauf qu’il a tort et se retrouve rapidement désabusé et perdu dans ses propres réflexions. Devant seulement utiliser ses propres déductions pour créer l’intrigue et "l’emballage du trafic", c’est le spectateur qui va se plonger dans cette histoire et utiliser à sa guise les personnages mis à sa disposition. Le scénario écrit par Cormac McCarthy détaille tout au long du film le tempérament et le caractère de chaque personnage. Ce scénario est atypique puisqu’il délaisse totalement le côté trafic en le laissant au second plan afin de mettre en lumière chaque personnage. Très bien écrits, les personnages ont tous une place précise dans ce jeu d’échec afin que le scénario puisse arriver à sa morale finale. Morale qui nous ramène tout droit à un thème qui me tient à cœur, celui de l’homme et ses imperfections. L’homme est avide de pouvoir et souhaite toujours en avoir plus et c’est pour cette raison qu’il cède très facilement et peut être manipulé par autrui.

Afin de démontrer la cupidité de l’homme, Ridley Scott a usé de très belle manière d’une dégradation dans les décors. C’est une véritable mise en abîme de l’homme que nous dévoile ce film et pour cela, on débute dans un décor lumineux, spacieux et blanc (couleur de la chasteté et de la pureté). Plus le film va avancer, plus la mise en abîme va opérer et plus le contraste lumineux va s’obscurcir tout comme les décors qui vont perdre en luminosité et en grandeur. Pour finir dans un décor insalubre et une réflexion lugubre sur la mort et ce que cela entraîne. Malgré un scénario très bien écrit et des personnages très intéressants, il en reste tout de même un sérieux problème de narration qui empêchera beaucoup de spectateurs à bien comprendre l’utilité de certaines scènes. On notera également un montage qui manque de punch et de dynamisme lors de séquences où les dialogues sont mordants et très importants. Tout cela nous amène à parler de la réalisation de Ridley Scott qui n’est qu’une succession de plans serrés et américains.

Même si l’on peut reprocher à cette réalisation un manque de liberté et d’audace, on se doit de reconnaître une véritable maîtrise de la part du réalisateur. Celui-ci joue véritablement avec les dialogues et avec les acteurs. Tout en restant limité et proche des acteurs, il les dirige remarquablement et arrive à entretenir une atmosphère stressante. La caméra est fixe, mais les axes trouvés par les caméras, le montage et la bande originale font que le film dispose d’une véritable atmosphère. Stressant et palpitant, le spectateur qui réussira à s’immerger pleinement dans ce film en ressortira comblé. Cartel est un thriller atypique qui tisse son scénario autour des personnages et non pas autour d’une intrigue. Porté par un très bon casting malgré une Pénélope Cruz cantonnée à un rôle très limité et un Javier Bardem qui cabotine, Cartel est un film qui divise et qui divisera, mais il mérite tout de même le visionnage, car il y a de très bonnes choses à analyser et des répliques d’anthologies.

4/5

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