Ce culte du dimanche sera sauvage avec l’adaptation de Sa Majesté des Mouches qui, tout autant que le livre, prête à la réflexion sur la fragilité de la civilisation.
En 1954, William Golding publie un premier livre intitulé Sa Majesté des Mouches qui fera très vite sensation de part sa vision de la chute de la civilisation à travers les enfants. Classé jeunesse, il n’y a pourtant pas sa place étant donné la violence dont il fait preuve mas sera vite intégré au programme de certaines écoles pour être étudié. Devenant alors une référence dans l’inconscient collectif, il aura évidemment à une première adaptation au cinéma en 1963 par Peter Brook, metteur en scène de théâtre avant tout shakespearien qui cherchait là un moyen de réaliser un film à budget réduit avec des enfant dans le cadre paradisiaque d’une île.
Ainsi, cette version cinéma de Sa Majesté des Mouches ne va pas forcément bénéficier d’une mise en scène très démonstrative et le noir et blanc ne fera qu’accentuer son académisme. Mais ce choix permet de rester fidèle au récit original et de nous laisser nous imprégner de cette histoire, de cette fable violente sur la fragilité de ce que l’on appelle « civilisation» .
Pour rappel, Sa Majesté des Mouches nous raconte l’histoire d’un groupe de jeunes écoliers anglais (un choix qui n’est pas anodin tant la civilisation britannique est associé à un certain flegme et dont la chute sera plus impressionnante) rescapé d’un crash d’avion et ayant trouvé refuge sur une île déserte. Sans la protection et l’autorité des adultes, ils vont devoir apprendre à survire mais malgré les tentatives de maintenir le groupe civilisé, la sauvagerie as peu à peu prendre le pas et amener ces enfants à certains actes de barbarie.
Particulièrement fidèle au livre de Peter Brook et bénéficiant du jeu assez juste des enfants choisis pour les différents rôles, le film reflète bien la vision de son auteur et incite alors à la réflexion sur la fragilité du concept de « civilisation» dès que l’homme se retrouve en terrain hostile, face à l’inconnu. Ainsi, le jeu Ralph, dans un premier temps élu chef du groupe va petit à petit perdre groupe au profit de Jack, plus charismatique et ayant fait ses preuves en tant que guerrier pour défendre le groupe. L’intellectuel sera alors exploité et mis à l’écart alors que celui qui possède la vérité sera tout simplement éliminé lors d’une cérémonie sacrificielle qui aura aveuglé les enfants et aura mal tourné.
Derrière cette histoire, nous voyons donc comment la dictature peut prendre le pouvoir sur la démocratie pour installer la loi du plus fort mais également comment certaines croyances prennent le pas sur la raison, les croyances étant alors liées à cette dictature. Le titre, référence à une tête de cochon empalée et déclenchant le point de non retour des enfants, mais également référence au diable ne fait qu’ajouter à l’aura mystique et initiatique de l’œuvre. A ce titre, la séquence du sacrifice est particulièrement déroutante, les enfants se trouvent dans une transe étrange qui mettra mal à l’aise.
Pour son discours pessimiste mais instructif sur les fondations de la civilisation et la notion d’humanité, le film comme le livre est donc particulièrement intéressant et incite à la réflexion. Comme quoi, il y a toujours des choses à apprendre des enfants. Mais la culture populaire s’est aussi approprié le concept, que ce soit au travers de références (les Simpsons on adapté le récit à leur manière dans l’épisode les Petits Sauvages), de dérivés (Lost) ou de jeux de survie en groupe comme Koh Lanta. Bref, Sa Majesté des Mouches exprime tellement de sombres réalités sur la société qu’il fait partie, même de manière inconsciente, de notre culture.