Cartel, critique

Par Fredp @FredMyscreens

Ridley Scott et Cormac McCarthy nous plongent dans le Cartel, un polar noir, aride qui ne laissera pas indifférent, surtout pour la prestation de Cameron Diaz !

Après son retour contesté à la science-fiction avec Prometheus, Ridley Scott revient dans notre monde réel et n’est toujours pas très optimiste sur la nature de l’homme. Et il va le montrer avec le scénario de Cormac McCarthy, l’écrivain de No Country for Old Men et la Route, écrit spécialement pour le cinéma. Ainsi, deux savoir-faire se rencontrent pour un film techniquement impeccable et à l’histoire aussi tranchante qu’une lame de rasoir.

Cette fois, le réalisateur se met tout au service du scénario de monsieur McCarthy. L’histoire d’un avocat qui s’embourbe dans un trafic de drogues à la frontière mexicaine, juste pour ressentir l’excitation de ce délit. Mais cette envie va le faire plonger dans une spirale infernale aux conséquences qui pourraient s’avérer fatale pour les personnes constituant son entourage. Particulièrement nihiliste, avec des personnages qui ne pensent qu’à eux et au profit qu’ils peuvent tirer des autres et du trafic mais aussi au sexe (qui vire à la métaphore sans subtilité de l’excitation du trafic), le scénario particulièrement bavard a de quoi déconcerter.

En effet, l’histoire se révèlera particulièrement confuse, avec des dialogue parfois interminables qui ne font pas spécialement avancer le récit. D’autant plus que jamais on ne s’attachera aux personnages tous aussi détestables les uns que les autres et notre anti-héros est bien trop naïf justement pour ressortir face aux autres. Difficile d’accrocher au contenu lorsque l’on se demande sans arrêt où on veut alleret pourtant difficile également de s’en détourner.

Car Ridley Scott, en mettant en scène ce scénario, arrive à nous faire entrer dans ce milieu violent et sans pitié qu’est le Cartel. Dans un climat aussi aride et suintant que les personnages sont froids, il ne peut s’empêcher de capter notre attention avec un sens de l’esthétique et du découpage toujours sans failles et ici même parfois cruel pour montrer toute la cupidité de ses personnages où l’innocence et l’ignorance ne seront pas récompensées.

Effectivement, le film est confus, mais cela n’empêche pas le scénariste et le réalisateur d’offrir au spectateur quelques portraits marquants. Ainsi, si Michael Fassbender a, pour une fois, un peu de peine à exister (et la presque inutile présence de Penelope Cruz n’y arrange rien), Brad Pitt et Javier Bardem bénéficient de dialogues assez épicés pour avoir envie de les suivre. Mais c’est surtout Cameron Diaz qui va tirer son épingle du jeu. Jamais l’actrice n’est meilleure que quand elle doit jouer la vipère odieuse et manipulatrice et dans Cartel, elle se révèle plus diabolique que jamais, rendant justice aux personnages féminins forts de Ridley Scott et aux personnages que l’on adore détester de McCarthy. En ce sens, le film ne vaudrait presque le coup d’œil que pour la voir à l’œuvre.

Déception pour certains, fascination sur la nature déplorable de l’homme pour d’autres, Cartel ne laissera pas indifférent et en même temps porte à merveille les univers et savoir-faire de ses deux auteurs dans une association bancale mais restant parmi ce qui peut se proposer de plus intéressant et en marge de ce qui se fait à Hollywood depuis quelques temps.