PIFFF 2013 (1re partie)

Par Fredp @FredMyscreens

La semaine dernière s’est tenue la 3e édition du PIFFF (Paris International Fantastic Film Festival). Et si auparavant on était régulièrement déçu par la sélection, cette année, la compétition s’est révélée très intéressante.

C’est avec Les Sorcières de Zugarramurdi, le nouveau film d’Alex de la Iglesia, que s’est donc ouvert le festival et il n’y avait pas mieux pour donner le ton. Complètement fou, avec un rythme effréné, le réalisateur espagnol suit un groupe de braqueurs qui vont tenter de passer la frontière après leur méfait. Mais ils vont passer par un petit village rempli de sorcières qui n’attendaient qu’eux pour réaliser une prophétie. Entre la drôlerie grotesque et la portée politique et personnelle, le film joue sur de nombreux tableaux avec ses homme machos un peu bêtes, ses femmes sorcières revanchardes et incontrôlables et évidemment une petite vision acerbe de l’Espagne en crise au passage.
Ayant décidément du mal à digérer son divorce, le réalisateur exorcise ici complètement sa colère contre la femme jusque dans un final aussi fou qu’absurde et inattendu. Bref, Les Sorcières de Zugarramurdi accuse parfois son budget raisonnable, mais toute l’énergie qui s’en dégage fait drôlement plaisir et ravira bien les fans du réalisateur et de cinéma fantastique un peu barré.

Le mercredi soir, c’est the Battery qui était présenté en compétition. Précédé d’une flatteuse réputation (le comparant à l’excellent Bellflower), le premier film de Jeremy Gardner s’approprie certains codes du film de zombie pour en faire avant tout un film très personnel. Ici, deux joueurs de baseballs doivent survivre sur les routes forestières d’un monde post-apocalyptique où se baladent des infectés. Ils vont apprendre à se connaitre et à devenir amis malgré des caractères complètement opposés.
Avec son budget minuscule, le réalisateur arrive à poser une ambiance et à rendre ses personnages attachants malgré leurs gros défauts. Et même si le jeu des acteurs est parfois limite, si le son n’est pas top et si il y a quelques maladresses (comme cette trop longue séquence dans la voiture), the Battery est tout de même bourré d’idées intéressantes et offre un regard inédit et touchant sur le genre. Bref, la petite révélation d’un auteur à suivre de près.

Place au femmes le jeudi soir avec, pour commencer, All Cheerleaders Die de Lucky McKee qui retrouve pour l’occasion son ami Chris Sivertson. Les deux réalisateurs avaient déjà réalisé il y a quelques années un court-métrage sur le sujet, en voici donc aujourd’hui la version longue. Pour la faire courte, 4 pom-pom girls son ressuscitées par la sorcière du lycée pour se venger des garçons de l’équipe de foot.
Se moquant allègrement des cases dans lesquelles les élèves sont parqués au lycée, les réalisateurs s’amusent avec les codes du teen movie pour en faire un film sympathiquement trash qui se cherche un petit moment avant de trouver son but et ne plus nous lâcher ensuite avec un bon rythme sans jamais se prendre au sérieux. Tentant parfois d’aller vers le côté loufoque de Gregg Araki période Doom Generation sans forcément y arriver, ce film girl power reste parfaitement divertissant pour s’amuser en festival.

Ensuite c’est l’attendu retour de Neil Jordan au film de vampires avec la présentation de Byzantium. Ici, deux femmes, vampires, chassées par les leurs, se réfugient dans un hôtel abandonné pour vivre le vie. Installant à travers de nombreux flash back une autre mythologie vampirique et tentant de développer son univers, Byzantium se révèle très intéressant dans son retour au source à une certaine tradition vampirique, gothique, sanglante et élégante.
Si on pourra déplorer un manque de rythme et une intrigue qui tourne souvent en rond autour de personnages se posant sans cesse les même questions (Saoirse Ronan cherchant à émanciper, la magnifique Gemma Arterton protégeant sa « sœur» ), on ne pourra tout de même que souligner l’élégance avec laquelle le film est tourné, nous plongeant vraiment dans un temps suspendu, comme pour faire ressentir au spectateur le poids de l’immortalité que subissent les personnages. Si ce n’est pas la grande réussite que l’on pourrait en attendre, le film reste tout de même très intéressant.

Et avant le weekend, c’est l’étrange Real que nous avons découvert vendredi soir. Le réalisateur japonais spécialiste du genre, Kiyoshi Kurosawa, nous plonge dans le subconscient d’une dessinatrice de manga grâce à son compagnon qui veut la réveiller. Si le film peine à trouver ses marques au début, il développe tout de même rapidement une vision très intriguante, multipliant les pistes avant de se révéler pleinement. Réflexion sur l’artiste maudit et la culpabilité, on reste fasciné par cette image du subconscient avec son lot d’allégories.
Malheureusement, il se perd sur la fin, ne sachant trop comment se terminer et multipliant alors les conclusion qui nous font trop ressentir la longueur du film. Dommage car une fin moins explicative et plus onirique et émotionnelle aurait bien servi le discours du film qui reste cependant parfaitement maitrisé dans sa réalisation.