All is Lost [Critique]

Par Kevin Halgand @CineCinephile

"Au cours d’un voyage en solitaire à travers l’Océan Indien, un homme découvre à son réveil que la coque de son voilier de 12 mètres a été percée lors d’une collision avec un container flottant à la dérive. Privé de sa radio et de son matériel de navigation, l’homme se laisse prendre dans une violente tempête. Malgré ses réparations, son génie marin et une force physique défiant les années, il y survit de justesse. Avec un simple sextant et quelques cartes marines pour établir sa position, il doit s’en remettre aux courants pour espérer se rapprocher d’une voie de navigation et héler un navire de passage. Mais le soleil implacable, la menace des requins et l’épuisement de ses maigres réserves forcent ce marin forcené à regarder la mort en face."

Réalisateur reconnu dans les différents festivals de cinéma existants à travers le monde, J.C. Chandor pourrait avoir une filmographie longue comme un bras humain que ça ne nous étonnerait pas alors qu’en réalité il n’en est rien. En effet, du haut de ses 39 ans J.C. Chandor possède seulement deux films à sa filmographie. L’excellent Margin Call qui lui a valu plusieurs récompenses dont celle du meilleur premier film au Spirit Awards 2012 après avoir été reconnu au festival du film de Sundance. Sundance est un festival qui met en lumière de futurs grands films indépendants. C’est un festival qui est en opposition directe avec le système de consommation américain actuel qui est représenté par un nombre incalculable de blockbusters aux budgets à neuf chiffres. Mais Sundance c’est surtout un festival qui a été créé en 1985 par un certain Robert Redford. C’est après l’avoir entendu faire un discours lors de l’ouverture de ce festival, que J.C. Chandor a immédiatement pensé à Robert Redford pour tenir le seul rôle de son nouveau film All is Lost. Ce n’est en rien une surprise de voir ce grand acteur accepter un rôle dans un film aussi "spécial".

Naviguant à contre-courant dans une eau où se mélange les blockbusters et autre remake et reboot, All is Lost est une pépite de cinéma indépendant. Contrairement à un certain Margin Call dans lequel le réalisateur réussissait à faire un film passionnant avec un sujet complexe, All is Lost est porté par un sujet simpliste, mais tout aussi passionnant. Véritable odyssée durant laquelle un homme doit survivre en pleine mer sur un voilier prêt à finir dans les fonds marin, ce film est avant tout une leçon d’espoir. Ne sachant absolument rien sur cet homme, le spectateur doit s’attacher à lui coûte que coûte de la même manière que notre homme doit se rattacher à la vie. On lui imagine une vie familiale et sentimentale en partie détruite grâce à la scène d’introduction qui met tout de suite dans le bain grâce à une belle utilisation de la voix off, mais également grâce au jeu d’acteur de Robert Redford. Porté par la volonté de survivre, Robert Redford est éblouissant de justesse alors qu’il n’a seulement la direction de J.C. Chandor pour le guider durant le tournage. C’est une véritable leçon de cinéma qu’il donne à chacun. En plus d’être un survival haletant et passionnant, All is Lost est un film qui porte plusieurs notions et métaphores très bien écrites et remarquablement intercalées durant le périple de l’homme.

Entre les différentes allégories liées à l’homme et à la mer, mais également au fait que son radeau de sauvetage soit une véritable méduse (la méduse bloque l’homme dans son évolution psychique) dans un océan peuplé de requin et de banc de poissons, on retrouve surtout une notion économique. Plus qu’une simple alerte, J.C. Chandor effectue une critique du système de consommation actuel à travers la présence du container et d’autres éléments dont je ne vous dirais rien. Superbement écrit et magistralement interprété par un acteur qui a encore de beaux jours devant lui, All is Lost est également une pépite concernant sa réalisation. Superbement filmé, le réalisateur use de sa caméra pour mettre en avant les émotions que porte le personnage, mais également les différentes actions qu’il exerce. Pas toujours focaliser sur l’action, la caméra souhaite avant tout mettre en avant ce qui entoure le personnage et son visage. Le tout est sublimé une magnifique photographie qui met bien en avant les conditions climatiques ainsi que l’élément premier du film qui est la mer et ses différentes formes. Une véritable bouffée d’air frais et d’émotions dans un système de consommation massif qui est également présent au cinéma.