Journalistes, complots et duo phare des 70′s au menu du culte du dimanche avec Les Hommes du Président d’Alan J. Pakula.
Au début des années 70, le scandale du Watergate révélé par les deux journalistes du Washington Post, Carl Bernstein et Bob Woodward, a raison de la présidence de Richard Nixon tout juste réélu. Évidemment, ils en feront un livre auquel s’intéresse de très près Robert Redford qui en achète alors les droits pour produire d’emblée un film. Le studio Warner est partant à condition d’avoir une star au casting et Redford accepte, embringuant avec lui un Dustin Hoffman qui enchaîne alors les rôles de premier plan. Le choix du réalisateur ne sera pas anodin puisque c’est Alan J Pakula qui sera choisit. Spécialiste du thriller, après s’être intéressé à l’assassinat de JFK, le réalisateur reste dans les complots d’État et cet état d’esprit engagé est bien entendu un plus pour faire ressortir le scandale sur grand écran.
S’inspirant du livre des deux journalistes, le film reprend donc les 7 premiers mois de l’enquête, du cambriolage au quartier général des démocrates dans l’immeuble du Watergate à la ré-investiture du président Nixon. Nous suivit alors Bernstein et Woodward dans les bureaux du Washington Post et courir à la recherche d’interviews pour mettre à la lumière ce complot de manière détaillée, tentant tant bien que mal de réunir toutes les informations et confirmations qui aboutiront à une histoire qui tient la route et à un véritable scandale politique.
Le réalisateur restera pourtant sobre dans sa mise en scène, sans grands effets et toute au service de l’intrigue méticuleusement exposée. Pakula arrive ainsi à restituer parfaitement l’ambiance que l’on pouvait retrouver alors dans les bureaux de presse, l’effervescence qui pouvait découler de ce journalisme d’investigation qui fait encore école aujourd’hui. Car c’est là l’essentiel du film, nous faire comprendre comment ces 2 journalistes ont pu mener cette enquête qui s’est révélée plus importante qu’on ne s’y attendait.
Par ailleurs, le réalisateur choisit sciemment d’arrêter son film presque sur un cliffhanger, alors que nous avons l’impression que les journalistes ont perdu et que le président reste en place. Comme si le mensonge l’avait emporté sur la vérité (qui sera heureusement révélée quelques temps plus tard dans la réalité mais sera du coup ignoré dans le film). Les Hommes du Président arrive ainsi à merveille à capturer non seulement l’esprit du journalisme mais aussi et surtout toute une ambiance paranoïaque et contestataire qui régnait dans les années 70.
Du côté des personnages, si ils ne sont pas approfondis (nous ne connaissons pas leur vie en dehors de l’enquête, la star restant ce scandale du Watergate), ils forment un duo auquel on s’attache grâce à des caractères bien affirmés et une volonté d’éclaircir la vérité vraiment prégnante. Robert Redford et Dustin Hoffman, impeccables, n’en font pas des héros, ils ont leurs défauts et manipulent pour extraire des informations de leurs témoins, mais montrent justement jusqu’où il faut aller pour rétablir la vérité et à quel point celle-ci peut parfois être dangereuse.
Sur plus de deux heures, nous sommes immergés dans l’enquête minutieuse, nous posant autant de questions que les journalistes, avec le même frisson, la même adrénaline, la même tension qu’arrive à provoquer le réalisateur pour aboutir à l’un des thrillers politiques les plus prenants et réussis d’Hollywood … quand la grande machine s’autorisait encore à prendre parti.