La vie n’est pas toujours un long fleuve tranquille et les personnages de Sous le figuier, le nouveau film d’Anne-Marie Etienne, en savent quelque chose.
Nathalie (Anne Consigny), chef étoilée dans un petit restaurant parisien, a besoin de tout contrôler et se retrouve donc assez désemparée quand elle réalise que tout est en train de lui échapper, imperceptiblement. Professionnellement, elle doit batailler ferme avec son employeur, qui veut lui imposer de travailler avec une adepte de la cuisine moléculaire pour changer la carte de l’établissement. Et pour cette adepte de la gastronomie traditionnelle, hors de question de servir des châtaignes à l’azote ou du lapin à la sauce bleue turquoise… Et sentimentalement, ce n’est pas beaucoup mieux. Après deux divorces, elle ne veut plus se laisser piéger par les hommes, mais son ex, Bernard, fait le forcing pour bénéficier d’une seconde chance. Et, pour couronner le tout, sa fille chérie, qu’elle a élevée seule, non sans mal, pendant des années, lui annonce qu’elle part étudier en Chine pendant trois ans…
Christophe (Jonathan Zaccaï), ami de longue date de Nathalie, connaît lui aussi une passe difficile. Il a perdu son emploi et se retrouve avec deux petites filles à gérer à plein temps, car son ex est partie vivre au Canada. Pas simple…
De son côté, Joelle (Marie Kremer) est toujours mariée et a un emploi. Mais son couple bat de l’aile et son travail d’aide-soignante dans une maison de retraite, dévorant, ne lui laisse pas le temps de s’occuper correctement de sa fillette, avec qui elle peine à établir une relation mère-fille normale.
La seule personne qui apporte un tant soit peu de soleil dans leurs vies compliquées, c’est Selma (Gisèle Casadesus). Cette vieille femme a elle aussi reçu son lot de problèmes et de contrariété, en quatre-vingt quinze printemps. Elle a connu le déracinement de son pays d’origine, la Hongrie, qu’elle ne reverra jamais, la seconde guerre mondiale, la perte de son mari, Piotr, et tous les problèmes liés au vieillissement, sans oublier une retraite misérable, qui ne lui permet pas toujours de remplir le frigo. Cependant, Selma conserve, en toutes circonstances, une parfaite sérénité, et affiche une bonne humeur hautement communicative.
Mais voilà, la vieille dame est mourante. Une grave maladie va bientôt l’emporter dans l’autre monde. Voilà un moment qu’elle le sait, mais elle a refusé de se soigner. A quoi bon prolonger de quelques mois une vie qui arrive de toute façon bientôt à son terme? Mieux vaut accepter la fatalité et profiter des derniers jours de manière apaisée plutôt que de les passer dans une chambre d’hôpital grise et froide à combattre le mal qui la ronge, sans grand espoir de gagner la bataille. Elle est de toute façon curieuse de savoir, enfin, s’il y a quelque chose après la mort. Mais avant cela, elle veut profiter de chaque seconde qu’il lui reste. Elle souhaite passer des moments privilégiés auprès de ses amis, écouter le doux bruissement de la vie autour d’elle, notamment les rires et les cris d’enfants, et revivre les expériences qui lui ont procuré du bonheur au cours de sa vie.
Elle a même établi une liste des dernières choses à faire avant le “grand départ” : revoir “Sur la Route de Madison”, manger du Nutella, poser sa tête contre une épaule d’homme, regarder Barychnikov danser une dernière fois, faire une grasse matinée…
Nathalie décide de louer une maison à la campagne, assez grande pour accueillir Christophe, Joelle et leurs enfants respectifs. Et Selma, bien sûr, que le trio entend bien accompagner jusqu’au bout de l’été, jusqu’au bout de son souffle.
Ils réalisent bientôt que ce ne sont pas eux qui aident la vieille dame à passer de la vie à la mort, mais que c’est au contraire Selma qui les mène vers la vie, vers cette existence à côté de laquelle ils passent par lâcheté, par peur de prendre des coups.
De par sa dignité à l’approche de la fin, sa bonne humeur constante, malgré la douleur, sa sagesse et son expérience des relations humaines, elle redonne peu à peu courage à ces trois paumés et leur dévoile à sa manière la route qui mène au bonheur…
De la même façon, Anne-Marie Etienne nous prend par la main pour nous emmener dans son récit et nous offrir ces jolis moments de tendresse et de philosophie de vie, sans pathos, sans lourdeur démonstrative, pour un film qui constitue lui aussi un petit bonheur.
Sa mise en scène n’a rien d’extraordinaire, c’est vrai, et le sujet n’est pas novateur non plus, mais la cinéaste réussit à capter parfaitement les instants de grâce offerts par ses acteurs, tous impeccables.
Anne Consigny incarne avec caractère la chef cuisinière trop dirigiste, trop psychorigide, Jonathan Zaccaï compose avec un bel assemblage de charme et de fragilité son personnage de séducteur sur le retour, trop lâche pour affronter les évènements, et Marie Kremer est émouvante en jeune mère de famille incapable d’exprimer ses sentiments autrement qu’avec brusquerie et maladresse. Et, bien sûr, il y a la remarquable performance de Gisèle Casadesus, rayonnante d’énergie et de vie dans le rôle de Selma. A 98 ans, la comédienne continue d’enchaîner les rôles avec gourmandise, au théâtre et au cinéma, et on ne peut être qu’admiratifs de sa fraîcheur et de son enthousiasme, toujours intacts malgré une carrière aussi bien remplie.
Si, comme nous, vous aviez raté ce film, ce “feel good movie”, comme on dit, lors de sa sortie en salles, cette sortie en vidéo vous donne l’occasion de vous rattraper. Et si vous l’aviez aimé, vous retrouverez avec délice ses personnages attachants.
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Sous le figuier
Réalisateur : Anne-Marie Etienne
Avec : Gisèle Casadesus, Anne Consigny, Jonathan Zaccaï, Marie Kremer, Claire Blanquet
Origine : France
Genre : leçon de vie et de mort
Durée : 1h32
Date de sortie France : 20/03/2013
Note pour ce film :●●●●○○
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BONUS
Portrait de Gisèle Casadesus
Bande annonce
Note globale des bonus : ●●○○○○
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BR/DVD9 Zone 2 – PAL – Couleur – Format 1.85 -16/9 compatible 4/3
Langues : Français Dolby Digital 5.1, Dolby Digital 2.0
Sous-titres :
Français pour malentendants
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EDITION / DISTRIBUTION
Ocean films
Sortie le : 20/11/2013
Disponible également en VOD
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