Don Jon, critique

Par Fredp @FredMyscreens

Joseph Gordon Levitt passe pour la première fois derrière la caméra pour réaliser son premier film, une comédie indé portée sur sexe, bien nommée Don Jon avec Scarlett Johansson et Julianne Moore.

Cela faisait un moment que ça le démangeait, il a fini par le faire. Joseph Gordon Levitt a donc écrit et réalisé son premier long-métrage avec Don Jon. Loin des introspections auto psychanalytiques, il s’attache plutôt a un fait de société, à savoir l’omniprésence du sexe dans les relations actuelles et du porno dans la vie courante. Pour cela il dresse le portrait de Don Jon, un jeune adulte narcissique qui ne peut s’empêcher de draguer et coucher avec des filles a longueur de journée mais qui ne peut résister à trouver plus de plaisir en regardant du porno. Mais l’arrivée d’une nana canon comme Scarlett Johansson lui fait tourner la tête et pourrait peut-être changer sa conception de l’amour et du sexe… ou pas.

Sur le papier, le sujet fait inévitablement penser au Shame dans lequel Michael Fassbender, accro au sexe vivait une véritable descente aux enfers. Cependant, JGL le prend totalement dans l’autre sens, oublie le coté glauque pour en faire une comédie débridée qui transpire la pensée pour le sexe à chaque instant.

Le souci, c’est qu’à force de légèreté, on ne fait que passer au dessus du sujet comme on passe au dessus des personnages d’une incroyable superficialité. Il n’y à qu’à voir la manière dont est traitée Scarlett Johansson qui n’a jamais été plus mal filmée en bimbo romantique faisant tourner le héros en bourrique, mais aussi tous les rapports familiaux du personnage principal qui sont particulièrement mal joués. A ce titre, chaque scène de diner en famille avec Tony Danza dans le rôle du père est particulièrement insupportable.

Ainsi, malgré quelques instants qui nous feront sourire, le manque d’intérêt que l’on ressent pour ce personnage ne nous embarque pas vraiment. D’autant plus que le jeune réalisateur ne fait pas non plus d’étincelles du cote de la mise en scène et ne se révèle pas si fou que cela. En fait, n’est pas James Franco qui veut.

Le plus gênant, c’est que pour un premier film indépendant, et malgré son envie de nous faire passer un bon moment, on ne ressent pas vraiment de sincérité dans le film et même l’histoire de Julianne Moore semble être là pour tenter de donner, tant bien que mal, une caution morale ou sentimentale au film qui ne va alors pas au bout de la vulgarité qu’il vend depuis le début.

Malgré une patte qui pouvait être intéressante, ce Don Jon assez anecdotique est finalement une déception car on attendait à la fois plus de mordant et de sincérité de la part d’une personne comme Joseph Gordon Levitt. Ce sera peut-être pour son prochain film.