Avec l’arrivée du Loup de Wall Street pour Noël, il était évident de retrouver un culte du dimanche consacré à Martin Scorsese pour terminer l’année et quoi de mieux que de s’attacher la la gloire et la chute des gangsters illustrée dans les Affranchis !
Renommé Goodfellas, Les Affranchis raconte donc, à travers la montée en puissance puis la descente aux enfers du jeune Henry Hill, la vie des gangsters italiens de New-York sur près d’une trentaine d’années. Nous commençons donc par découvrir notre héros adolescent se faisant embringuer par la famille de mafieux puis arrive son heure de gloire avant que la trahison ne s’impose.
Écrit avec une incroyable précision, le film sera tout aussi bien calculé dans sa mise en scène. Scorsese recréée à la perfection les différentes époques et nous emporte sur 2h30 dans le quotidien ce ces gangsters, adaptant alors son style au différentes phases que connait son personnage principal. Plan séquence allant des coulisses au premier plan de la salle de spectacle pour illustrer l’ascension au sommet de Henry Hill, style plus paranoïaque dès que la drogue s’en mêle, jamais il ne nous laisse nous reposer avec un entrain permanent (la BO sélectionnée avec soin par le réalisateur et faisant évidemment la part belle à des artistes comme les Rolling Stones y fait évidemment pour beaucoup) qui fait défiler le film à toute vitesse tout en nous attachant aux personnages.
Loin du style opératique et iconique du Parrain de Coppola, alors sommet du genre du film de gangster, ou de l’ultra-violence exacerbée d’un Scarface, Les Affranchis reste en permanence réaliste dans sa description du milieu de la mafia, montrant des personnages qui ont de l’argent et en profitent tout en faisant profil bas pour ne pas se faire prendre, mais il montre aussi le fonctionnement de la famille où il faut savoir tenir sa place. Ainsi, le film montre beaucoup de scènes de réunion familiale ou de discussions dans un bar, privilégiant les échanges entre les personnages plutôt que les mises à morts violentes (pourtant bien présentes et encore plus marquantes) et scènes d’action. Sans chercher à être une chronique de l’époque, il se révèle surtout être la chronique d’un milieu passionnant mais ne donne pas pour autant envie d’en faire partie.
Cet aspect est renforcé par des personnages complexes et qui ont le temps d’être approfondis. Ainsi, pour son premier rôle majeur au cinéma, Ray Liotta campe un héros qui a ses rêves de gloire et qui va devenir subtilement un monstre (il trompe sa femme, se drogue, …) auquel s’est déjà attaché et que l’on ne pourra pas détesté. Face à lui, Joe Pesci se montre complètement imprévisible, aussi drôle que menaçant. Son personnage de Tommy sera alors définitivement l’archétype des rôles qu’il campera ensuite toujours alors que Robert De Niro, pour sa 6e collaboration avec Scorsese, campe un personnage plus posé mais tout aussi charismatique.
A sa sortie, le film est un véritable succès public et critique et entrainera encore une fois pour Scorsese de nombreuses nominations aux Oscars et Golden Globes dont il repartira encore bredouille (seul Joe Pesci sera honoré de l’oscar du second rôle). Mais l’influence des Affranchis sur la culture des années 90 sera bien plus influente avec nombre de scènes devenues des références (en particulier grâce à Joe Pesci justement) et surtout, le film sera la source d’inspiration de l’une des séries les plus appréciées de la télévision américaine, les Soprano, dans laquelle une bonne partie du casting du film a eu l’occasion de se retrouver. Portrait réaliste et enfievré du milieu de la mafia italienne, Les Affranchis a donc depuis le temps largement gagné ses galons de film culte.