L’image manquante ++

aff_898420131220124958« Durant de nombreuses années, j’ai recherché l’image manquante : un cliché pris entre 1975 et 1979 par les Khmers Rouges, alors qu’ils étaient à la tête du Cambodge… A elle seule, bien sûr, une image ne peut pas prouver un génocide, mais elle nous incite à réfléchir, à méditer, elle écrit l’Histoire. Je l’ai cherchée en vain dans les archives, les vieux documents, dans la campagne cambodgienne. Aujourd’hui, c’est une image manquante. Donc je l’ai créée. Ce que je vous propose aujourd’hui, ce n’est pas une image ni même la recherche d’une image unique, mais l’image d’une quête : une quête que seul le cinéma nous permet d’entreprendre ».

Dans ce  documentaire poignant tout en sobriété, Rithy Panh (S21, la machine de mort khmer rouge, Les artistes du théâtre brûlé…) fait revivre son enfance et sa famille, détruites par les Khmers rouges. Cinéaste de la mémoire, conteur poète, il modèle des personnages en terre cuites pour donner libre court à ses souvenirs. Comme dans chacun de ses films, Rithy Panh met en avant « l’importance pour le peuple cambodgien de se réapproprier son identité et ses racines ».

Malgré un sujet aussi dur qui fait état du pire, les propos du réalisateur, alors témoin, sont dénués de haine. Avec pudeur et simplicité, il raconte au passé son histoire pour tenter de comprendre et mettre des mots là où les images viennent à manquer. Un exercice difficile mais salutaire, comme s’en rendra compte le réalisateur : « ces images ne sont pas manquantes… Elles sont en moi ».

En bonus de ce documentaire teinté d’émotion, un entretien de Rithy Panh et de Christophe Bataille (qui a écrit les commentaires narrés par Randal Douc) apporte une autre lumière sur le travail des artistes.

Sortie en  2013 et récompensée du Prix Un Certain Regard au dernier Festival de Cannes, L’image manquante  touche par sa sincérité et laisse une trace indélébile dans l’imaginaire du spectateur.

En DVD depuis le 19 novembre 2013, distribué par Arte.


L’Image manquante