"Ancien agent de la DEA (Brigade américaine des stupéfiants), Phil Broker se retire dans un coin tranquille de la Louisiane avec sa fille pour fuir un lourd passé… Mais Broker ne tarde pas à découvrir qu’un dealer de méthamphétamines, Gator Bodine, sévit dans la petite ville et met en danger sa vie et celle de sa fille. Face à la menace et à la violence croissantes, Broker n’a d’autre choix que de reprendre les armes…"
Il y a des films comme ça, où la promotion mise tout sur des personnes qui ont collaboré au film ou même sur le casting, mais qui laisse totalement de coté le nom du réalisateur parce que celui-ci est inconnu du grand public. Qui dit inconnu, dit aucune attirance par le grand public pour le film en question. C’est pour cette raison que le distributeur américain du film Homefront a effectué une large mise en avant du scénariste qui n’est autre que Sylvester Stallone. Après avoir réalisé et écrit le film John Rambo, Sylvester Stallone s’est lancé dans ce Homefront. Alors qu’il devait incarner le personnage principal, c’est lors du tournage de The Expendables premier du nom qu’il a décidé de parler du projet à son grand ami Jason Statham auquel l’emploi du temps et la forme olympique collaient davantage avec le personnage. John Rambo était un film puissant et intelligemment écrit puisqu’il alliait parfaitement action et réflexion morale sur un régime politique instauré en Thaïlande. À travers ce récit, Sylvester Stallone nous offrait sa vision d’un homme n’ayant plus rien à perdre qui décida de tout mettre en oeuvre pour sauver quelques personnes en captivité. Cette fois, il revient avec un scénario à la structure équivalente sauf qu’au lieu de nous offrir sa vision d’un régime politique et d’un homme face à ça, il nous met face à la relation entretenue entre un père ex-agent de la DEA et sa fille.
Vendu comme un film d’action dans la veine de toute la filmographie de Jason Statham, ce film n’en est rien et lorgne plus généralement vers le thriller. Là où un film d’action chercherait à mettre en place un fil conducteur afin de lier toutes les scènes d’action une à une, un thriller pose ses bases lors d’une brève introduction avant de lancer une histoire sur fond émotionnel. Porté avant tout sur l’émotion et la tendresse existante entre ce père veuf et sa fille, le scénario prend son temps afin de créer une liaison entre le spectateur et cette famille. L’histoire en elle-même est prenante et relativement bonne puisqu’on va partir d’une simple querelle entre enfants pour en arriver à une rivalité finale datant de plusieurs années. Bien menée, cette histoire est surtout intéressante dans le fait où elle utilise les scènes d’actions pour nous prouver à quel point Phil Broker (interprété par Jason Statham) est psychologiquement attaché à sa fille. Prêt à se contenir pour la préserver comme prêt à tuer pour la sauver. Un scénario simpliste dans la forme, mais porté par une envie de toucher dans le fond malgré une morale finale prévisible et une scène finale très décevante. À cela on ajoutera la présence d’un méchant qui ne sert strictement à rien. On aimerait bien que le scénario développe plus en détail le passé des personnages principaux, mais en resté là est une bonne chose, car avoir des scènes plus longues aurait conduit à faire un film au rythme inconstant. Allant à l’essentiel et n’usant pas trop des scènes d’actions afin de bien les amener par le scénario, le film dispose d’un bon rythme qui permet au spectateur de ne pas s’ennuyer avant l’arrivée d’une séquence finale explosive (comme le prévoit une structure de film lambda).
Avoir un scénario qui mise davantage sur l’émotion est intéressant vis-à-vis de Jason Statham qui trouve ici son personnage le plus profond et peut-être le plus touchant de sa carrière. Si le film réussit à être un véritable thriller en dehors de son scénario, c’est grâce à sa technique et plus précisément grâce à son directeur de la photographie. Une très belle gestion de la lumière permet aux décors d’être plus chatoyants les uns que les autres et permet aux scènes nocturnes de jouer avec les différentes lumières "naturelles". Il n’empêche que le film ne permettra pas au réalisateur et à son monteur attitré de se faire connaitre puisque certaines scènes d’action paraissent brouillonnes à cause d’un surplus de plans utilisés lors d’un simple combat. Certaines transitions d’entre séquences sont également trop franches, mais ce n’est qu’un détail. Vendu comme un film d’action, Homefront s’avère donc être un thriller convaincant et surprenant grâce à un scénario assez bien écrit, à son histoire père/fille bien mise en avant et n’usant pas de facilitées pour affecter le spectateur et à sa photographie très réussie. Un film qui a du sens avec Jason Statham, ça existe donc !