Bienvenue dans les difficultés de l’Amérique ouvrière. Christian Bale bien entouré va devoir subir les Brasiers de la Colère, tendu et noir mais sans grande surprise.
Après s’être intéressé au chanteur de country Bad Blake dans Crazy Heart qui valu une un Oscar à Jeff Bridges, le réalisateur Scott Cooper reste dans la thématique du de classe ouvrière, au plus proches de gens démunis et premières victimes de la crise avec Les Brasiers de la Colère (Out of the Furnace). Ici, Russell Baze travaille à l’usine alors que son jeune frère revient de mission en Irak. Après avoir enduré la guerre, celui-ci découvre un pays meurtri par la crise économique et qui met sa famille sur la paille alors que le gouvernement ne fait rien. Pour éponger les dettes, il va alors se mettre au combat clandestin, pour son malheur et celui de Russell.
Si le cinéma américain avait régulièrement abordé la crise à travers la métaphore, la comédie sarcastique, le documentaire ou en s’intéressant aux paumés au fin fond de l’Amérique ou vivant dans les grandes villes en essayant de s’y faire une place, finalement la parole a été très peu donnée à la classe ouvrière qui est la première à en souffrir. Rien que pour cela, le film vaut bien le coup d’œil, car cela faisait très longtemps que nous n’avions pas vu ce type de personnages à l’écran. A travers les couleurs ocres ou la musique utilisées, le réalisateur Scott Cooper nous fait sans peine entrer dans un univers de sidérurgie.
Mais ce métier n’est pas ce qui le préoccupe et ne constitue qu’un univers permettant au réalisateur de raconter, à travers cette histoire familiale, les difficultés d’une Amérique qui vit très mal cette crise qui rabaisse les gens et d’une guerre qui a bien amoché ses soldats à leur retour difficile. Mais les Brasiers de la Colère combine aussi des éléments du film de mafia et de thriller qui lui permettent de rester intéressant, même si il a du mal à décoller, la première heure prenant son temps à exposer le contexte avant que le personnage central ne trouve vraiment son but.
Évidemment, cet intérêt pour le milieu ouvrier et ce retour de la guerre de l’un des frères fait inévitablement penser au chef d’œuvre de Michael Cimino, Voyage au Bout de l’Enfer, et une séquence de chasse ne fait qu’ajouter à cette parenté évidente. Même si il n’arrive pas à ce niveau, le film reste tout de même intéressant. Cependant, l’ensemble du casting semble tout de même jouer une partition déjà vue, de Christian Bale déprimé et amaigri, à Woody Harrelson au regard toujours enfiévré, Casey Affleck en jeune frère en rage, Willem Dafoe en mafioso local ou Zoé Saldana amoureuse d’un repris de justice. De son côté, le réalisateur, proche de son sujet, reste sur une mise en scène posée, plombant alors la montée en pression du film, mais bénéficiant d’une belle photo et utilise à merveille la musique (dont une chanson d’Eddie Vedder tombant à point nommé).
Les Brasiers de la Colère est donc un film qui vaut le coup d’œil, de par son sujet et le milieu dans lequel il se déroule, mais manque tout de même de rythme et d’ambition pour en faire un film vraiment mémorable. Il s’en est fallu de peu, c’est dommage.