Viva La Libertà est un film de Roberto Andò qui sortira le 5 février 2014.
Synopsis : Enrico Oliveri, secrétaire général du parti de l’opposition est inquiet : les sondages le donnent perdant. Un soir, il disparaît brusquement en laissant une note laconique. C’est la panique au sein du parti, tout le monde s’interroge pour essayer de comprendre les raisons de sa disparition pendant que sa femme Anna et son conseiller Andrea Bottini se creusent la tête pour trouver une solution. C’est Anna qui évoque en premier le nom du frère jumeau du secrétaire général, Giovanni Ernani, un philosophe de génie, atteint de dépression bipolaire. Andrea décide de le rencontrer et élabore un plan dangereux…
Casting : Toni Servillo, Valeria Bruni Tedeschi, Valerio Mastandrea, Judith Davis
Roberto Ando adapte son propre roman « Le trône vide » au cinéma. Nous suivons la trajectoire de deux frères jumeaux, Enrico, secrétaire général de l’opposition italienne qui s’enfonce dans la dépression et décide de fuir ses responsabilités pour se reconstruire et Giovanni, professeur de philosophie sorti de la dépression qui va le remplacer à son poste et redonner espoir à ses électeurs et à l’Italie par un discours de vérité.
A l’heure actuelle il semblerait qu’il n’existe qu’un seul acteur italien dans la tranche 50-70 ans, Toni Servillo. Il Divo, Gomorra, Un balcon sur la mer, L’empire des Rastelli, Mon père va me tuer, La belle endormie, La grande bellezza et maintenant Viva La Liberta, dans lequel il interprète non pas un, mais deux personnages principaux, à côté de celui qui a explosé en 2012, Valerio Mastandrea (Piazza Fontana, Les équilibristes). Valeria Bruni Tedeschi se joint au casting et y apporte une grande douceur.
Grâce à elle, Enrico va retrouver la joie des plaisirs simples dans une ode à la paresse, à l’amitié et à l’amour, menant une vie dilettante et allant là où le vent le porte. Un retour à l’essentiel malheureusement haché par des considérations pompeuses comparant politique et cinéma qui viennent gâcher ces moments, arrivant comme un cheveu sur la soupe et débitées d’un ton docte insupportable par l’acteur jouant le réalisateur français. Celui-ci est au demeurant très mauvais dans la totalité de ses scènes, mais Roberto Ando ne lui a pas fait un cadeau en lui confiant ces répliques.
De l’autre côté Giovanni réveille la politique italienne avec un discours de vérité qui pourrait se résumer ainsi : « oui, chers électeurs, nous avons été nuls, exécrables, corrompus, vous avez raison de nous haïr et nous devrions nous haïr nous-mêmes et c’est pour cela que nous devons changer afin que chacun trouve en lui-même la force de nous rendre tous meilleurs. » Un discours qui plaît aux électeurs et l’amène vers des sommets de popularité, rendant des couleurs et l’espoir non seulement à l’opposition, mais à toute l’Italie.
Si l’utopie de l’homme politique « qui dit vrai » fait sourire un instant en surface, elle rappelle également l’ascension de Beppe Grillo la même année et en creusant un peu finit par inquiéter bien plus qu’elle ne rassure. Car que propose Giovanni ? Pas un moment n’est fait mention d’un quelconque projet politique. Il ne propose que du vent, redonner l’espoir, comme une simple opération de communication garnie de ce qui semble être une grosse dose de démagogie. Car autour de lui son équipe de campagne n’a pas changé. Si Andrea se met à apprécier l’homme et à s’inquiéter d’un éventuel retour d’Enrico, rien dans la politique de son parti ne semble remis en cause. Les anciens sont toujours là, les alliances politiques demeurent, même si Giovanni refuse l’une d’elle. Chacun se rallie à lui et les électeurs suivent malgré qu’il soit à leurs yeux le même homme qui a simplement changé.
Le changement se résumerait donc simplement à cela, enfiler un nouveau masque pour plaire à l’électorat, pour suivre les sondages. Une opération de communication, une modification du discours, rien de concret sur un projet. Un simple « J’ai changé » qui sonne chez nous avec un étrange écho.
Deux parties différentes donc, l’une sur un retour aux sources gâché par des réflexions pompeuses et l’autre sur la construction d’une utopie politique qui ne rassure qu’en apparence. Deux parties qui ont parfois bien du mal à tenir ensemble et l’astuce des jumeaux paraît de plus en plus fumeuse au fil des scènes. Toni Servillo y est bon, ni plus ni moins que d’habitude, Valerio Mastandrea livre une bonne prestation, Valeria Bruni-Tedeschi y rayonne en ancien amour perdu. Le film est porté par l’ultra célèbre ouverture de La Forzadel Destino (La force du destin) de Verdi, certes magnifique mais peut-être un peu trop évidente de la part d’un réalisateur qui est également metteur en scène d’opéras.
Note : 6/10 L’histoire d’un homme qui se reconstruit pendant qu’un autre bâtit une utopie politique plus inquiétante qu’il n’y paraît. N’y a-t-il pas d’autre acteur italien que Toni Servillo, excellent au demeurant ?