Culte du dimanche : Raging Bull

Par Fredp @FredMyscreens

Robert De Niro reprend les gants pour un Match Retour face à Sylvester « Rocky»  Stallone au cinéma. L’occasion de revenir sur l’un de ses plus grands rôles devant la caméra de Martin Scorsese, Raging Bull.

A la fin des années 70, Martin Scorsese travers une très mauvaise passe. Accro à la cocaïne, complètement épuisé, il pourra heureusement compter sur son ami Robert De Niro pour le sortir de cette situation en le poussant à réaliser un film sur le destin du boxeur maudit Jake LaMotta. C’est en effet l’acteur qui lui apporte le film sur un plateau et ils se jettent alors tous deux dans ce projet, plus rien ne compte à côté. En effet, à cette période, le sujet ne pouvait qu’intéresser les deux amis, à la fois par les origines italiennes du personnages, son vécu dans le Bronx mais aussi par la chute qu’il va connaitre après ses victoires, reflétant alors d’une certaine manière ce que Scorsese était en train de vivre et qu’il a donc l‘opportunité d’exorciser à l’écran.

Car l’histoire de Jake LaMotta est faite de contradictions et même si il n’adapte pas à la lettre près l’autobiographie du boxeur, il est loin d’en faire le portrait d’un modèle. LaMotta est dépeint comme un boxeur modeste qui ne rêve que de victoire mais aussi un jaloux maladif, ne laissant jamais sa femme tranquille, qui a une certaine propension à s’autodétruire et ce n’est pas le coaching houleux de son frère qui arrange les choses.

Pour raconter ce destin, Scorsese fait des choix radicaux et va s’inscrire dans un style assez dépouillé pour raconter des scènes intimes, quotidiennes du boxeur en famille. C’est presque du cinéma vérité, du documentaire, accentué par un noir et blanc brut. Le réalisateur passe plus de temps proche de ses personnages dans leurs appartements que sur le ring et dresse alors un portrait passionnant de ce boxeur violent.
Mais il n’en oublie pas pour autant de montrer ce qu’il se passe lorsque la compétition est lancée avec, en toile de fond, les problèmes personnels de LaMotta. Alors le style prend de l’envergure et on sent la rage et le désespoir transpirer des images. Scorsese révèle alors la violence des images des matchs et du personnage, s’inspirant de la scène de la douche de Psychose pour montrer les coups portés comme des coups de couteau, et donne un véritable uppercut au spectateur qui pourrait presque se croire dans un cauchemar lorsque les ralentis se font presque diaboliquement oniriques.

Si Scorsese donne tout ce qu’il a pour réaliser le film, son compère Robert De Niro n’est pas en reste et va s’investir comme jamais dans son rôle, prenant des cours de boxe, passant du temps avec LaMotta pour l’interpréter au mieux, mais aussi en prenant 30 kilos pour illustrer sa déchéance de manière plus véridique, sans faire appel au maquillage. Dans Raging Bull l’acteur, que l’on voit à chaque instant, se montre magnétique et nous fait aimer son personnage autant qu’on va le détester pour son comportement avec sa femme et son frère. Ce n’est donc pas pour rien que cette véritable performance sera récompensée par l’oscar du meilleur acteur.

Porté par la rage salvatrice de son réalisateur, Raging Bull devient alors un film intime passionnant mais aussi l’un des films de boxe les plus marquants grâce à une réalisation coup de poing dont on ne ressort pas indemne lors des derniers matchs du champion avant sa chute définitive et solitaire dans les sous-sols du show business.
Malgré ces immenses qualités et le « you fuck my wife»  déjà sur toutes les lèvres, le film ne sera pas un grand succès en salles mais devant les critiques positives, il devient petit à petit complètement culte au point d’être l’un des sommets de Scorsese et De Niro qui n’ont jamais été aussi fusionnels que sur ce film et cela se ressent à chaque scène, chacun se donnant à l’autre devant ou derrière la caméra. Et leur collaboration n’est pas prête de s’arrêter puisqu’ils se retrouveront pour le film suivant du réalisateur, la satire de la Valse des Pantins.