12 Years A Slave [Critique]

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"Les États-Unis, quelques années avant la guerre de Sécession. 
Solomon Northup, jeune homme noir originaire de l’État de New York, est enlevé et vendu comme esclave. 
Face à la cruauté d’un propriétaire de plantation de coton, Solomon se bat pour rester en vie et garder sa dignité. 
Douze ans plus tard, il va croiser un abolitionniste canadien et cette rencontre va changer sa vie…"

Steve McQueen deuxième du nom n’est pas un réalisateur connu du grand public puisque ses précédents films s’adressaient surtout à un public cinéphile et averti ce qui est bien dommage puisqu’il s’agit d’un réalisateur d’exception. À presque cinquante ans, il sort aujourd’hui son troisième long-métrage en tant que réalisateur. Acclamé par la presse avant même sa sortie et couronné de récompenses et de nominations (9 nominations aux Oscars 2014), 12 Years A Slave est le film qui pourrait permettre au grand public de mettre un visage sur ce nom puisqu’il s’adresse au plus grand nombre via son histoire, mais est-ce pour autant un véritable chef-d’oeuvre comme on souhaite nous le faire comprendre ? Adaptation cinématographique du livre éponyme écrit par Solomon Northup – protagoniste principal de l’histoire – 12 Years A Slave est un film qui traite d’un sujet sensible, à savoir l’esclavagisme subît par les personnes de couleur noire dans les années 40. Véritable cas d’école, l’esclavagisme des noirs est un morceau de l’histoire connu de tous et qu’on n’oubliera pas.

Avec un film comme celui-ci, cette histoire va pouvoir être contée de manière brutale aux générations les plus jeunes puisqu’il s’agit d’un film d’école, destiné à l’école et à l’éducation de ceux qui auraient oublié. Narré de manière académique et linéaire, ce film nous décrit les douloureux événements vécus par Solomon Northup de sa capture à Washington jusqu’à sa rencontre avec Bass douze ans plus tard. Malgré un scénario assez bien écrit, disposant d’un message précis qui est la moralisation envers l’humain sur ce dont il est capable de faire subir à ses propres congénères, le tout reste trop académique. Ce côté académique n’est pas inintéressant, car l’histoire est touchante et les personnages disposent de charismes débordants, mais on reste dans la redondance d’informations pour quiconque c’est déjà renseigné sur le sujet. On nous raconte une histoire dont on est déjà aux faits. C’est un sujet qu’il est nécessaire d’aborder, mais pour garder le spectateur sous tension il faut le secouer et l’émouvoir, ce qui n’est pas faisable avec une narration linéaire et sans surprise. C’est avec l’aide d’une voix off utilisée pour décrire les émotions intérieures du personnage que celles-ci vont réussir à gagner en ampleur et à dépasser le récit en lui-même. Très bien écrits, ce sont les dialogues qui réussissent à nous frapper grâce à des phrases choc et "faciles", mais nécessaires. Raconter son histoire à la première personne est un moyen intéressant pour rapprocher le narrateur – ici personnage principal – du spectateur afin de l’mouvoir plus facilement.

Malgré un récit limité, car ne dépassant pas le simple stade de la narration, le film réussi à démontrer la violence subît par les esclaves. D’ôté d’un véritable talent en tant que réalisateur, Steve McQueen démontre qu’avec un sujet aussi barbare il est possible de faire un film esthétique aux couleurs chatoyantes. En décidant de laisser le sang de côté, c’est au travers de divers magnifiques plans fixes, qu’il arrivera à démontrer la beauté des paysages et la cruauté des esclavagistes. Comptant énormément sur les plans fixes, Steve McQueen réussi à dynamiser son film grâce à la présence de plusieurs légers plans-séquences. Ces derniers sont disséminés de manière judicieuse dans le récit afin de redonner un coup de fouet au rythme global. La réalisation est le véritable point fort du film, car en plus de démontrer la violence du récit et de sublimer les paysages, les plans fixes et resserrés nous permettent de visualiser l’intensité présente dans le regard des acteurs.

Encrés au plus profond dans leurs personnages, ces derniers sont remarquables, à la fois dans leurs postures, dans l’intonation de leurs voix respectives ou même dans leurs regards. Qu’il s’agisse de Chiwetel Ejiofor, de Michael Fassbender ou même de Bennedict Cumberbatch, ils sont exceptionnels, mais si l’on devait retenir qu’un nom, ce serait celui de Lupita Nyong’o. Véritablement bouleversante, il s’agit de la véritable révélation de ce film. Peut-être pas le chef-d’oeuvre annoncé, 12 Years A Slave reste un beau film à la fois grâce à sa magnifique réalisation, sa photographie – signé Sean Bobbitt – ou son casting exceptionnel. On retiendra malheureusement une bande sonore répétitive et très décevante venant du grand Hans Zimmer, ainsi qu’une narration trop académique et de ce fait trop linéaire, sans surprise.

3.5

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