Dallas Buyers Club, critique

Par Fredp @FredMyscreens

Matthew McConaughey continue sa rédemption cinématographique et nous gratifie encore d’une belle performance d’acteur dans Dallas Buyers Club qui est aussi un film au sujet difficile traité de manière très juste.

Connu pour ses comédies romantiques sans grand intérêt et ses abdos à se faire pâmer la gente féminine, Matthew McConaughey a entamé depuis quelques temps une démarche pour montrer que derrière cette façade se cache aussi un grand acteur capable de belles performance. C’est ainsi qu’avec Killer Joe et Mud il a complètement regagné notre confiance. Mais l’acteur a décidé d’aller encore plus loin en co-produisant Dallas Buyers Club dont le scénario traine depuis plusieurs années à Hollywood avec des projets plusieurs fois avortés.

Dallas Buyers Club (également connu sous l’acronyme DBC) reprend donc l’histoire vraie de Ron Woodroof, malade du sida dans les années 80 qui a lutté dans l’illégalité pour soigner des malades du virus alors que le système ne savait pas comment les traiter, à la fois médicalement et humainement. Heureusement, grâce au caractère du personnage et à son action, le réalisateur Jean-Marc Vallée (révélé par C.R.A.Z.Y) évite d’emblée le grand mélo pour plonger dans un film engagé et dur que son combat.

En effet, le réalisateur choisit le parti pris du naturel et de l’immédiateté. Filmé en lumière naturelle dans un délais très court, il laisse place à la spontanéité et à la réalité pour se rapprocher des personnages mais aussi de l’ambiance du Texas des années 80, de la dureté avec laquelle étaient alors traité les malades du sida. Évitant les violons que certains n’auraient pas hésité à mettre pour faire verser quelques larmes, Vallée préfère la country et le combat de son personnage principal qui cherche avant tout à vivre et qui, sans s’en rendre compte, de manière très égoïste, va tout de même changer les chose pour des personnes qu’il méprisait au départ. Ainsi, c’est le portrait d’un véritable anti-héros et la dénonciation d’un système qui sont mis en lumière.

Mais à côté de cette histoire intéressante malgré quelques longueurs, DBC est surtout l’occasion pour Matthew McConaughey de s’investir comme jamais dans son rôle. Pour camper ce malade du sida, il perd 20 kilos et se laisse pousser la moustache mais surtout il incarne un personnage détestable au début du film qui ne va passer que par l’illégalité pour se soigner soi-même mais qui va petit à petit s’ouvrir à des personnes qu’il méprisait tout en gardant sa force de caractère. Un personnage aux failles immenses mais que l’on comprend facilement devant le combat qu’il mène.
A ses côtés on retrouve une Jennifer Garner convaincante mais c’est surtout Jared Leto que l’on n’avait pas vu depuis un moment sur grand écran qui fait ici un retour transformiste surprenant dans le rôle de Rayon, jeune homo travesti qui va permettre à Woodroof d’ouvrir les yeux sur la maladie et sa condition de manière touchante.

Au final, les performances époustouflantes des deux acteurs prennent même le pas sur le sujet du film. Mais il fallait bien cette force d’interprétation pour incarner des personnages qui transportent les spectateurs dans ce combat et pour comprendre la manière révoltante avec laquelle étaient traité les malades du sida à l’époque. D’autant plus que même si il revendique adapter l’histoire vraie, Jean-Marc Vallée n’en fait pas son argument de vente et tire-larme mais achève au contraire son film avec presque la satisfaction du devoir accompli.