Mea Culpa [Critique]

Par Kevin Halgand @CineCinephile

"Flics sur Toulon, Simon et Franck fêtent la fin d’une mission. De retour vers chez eux, ils percutent une voiture. Bilan : deux victimes dont un enfant. Franck est indemne. Simon, qui était au volant et alcoolisé, sort grièvement blessé . Il va tout perdre. Sa vie de famille. Son job de flic. Six ans plus tard, divorcé de sa femme Alice, Simon est devenu convoyeur de fonds et peine à tenir son rôle de père auprès de son fils Théo qui a désormais 9 ans. Franck, toujours flic, veille à distance sur lui. Lors d’une corrida, le petit Théo va être malgré lui le témoin d’un règlement de compte mafieux. Très vite, il fera l’objet de menaces. Simon va tout faire pour protéger son fils et retrouver ses poursuivants. Le duo avec Franck va au même moment se recomposer. Mais ce sera aussi pour eux l’occasion de revenir sur les zones d’ombre de leur passé commun. "

En 2008 sortait sur nos écrans un petit film français qui répondait au nom "Pour Elle". Réalisé par un metteur en scène inconnu du public, ce film réussissait l’exploit à amener le cinéma d’action américain en France tout en lui inculquant ce qu’on sait faire de mieux en France, à sa voir de l’émotion. Malgré quelques soucis de rythmes nécessaires à la construction psychologique des personnages, ce film nous avait laissé sans voix et avait révélé au grand public un nom : Fred Cavayé. Metteur en scène tardif, c’est à 41 ans qu’il se fait connaître en tant que metteur en scène et voilà qu’il récidive à peine 2 ans plus tard avec A Bout Portant. Plus axé action au détriment de l’émotion, cette fois c’est sûr, la France possède bel et bien son maître à penser en terme d’action. Six années après son premier film, Fred Cavayé revient pour notre plus grand bonheur avec un nouveau long-métrage qui ressemble aisément à la réunion de ces deux premiers films. Deux fois plus de personnages principaux (Vincent Lindon et Gilles Lellouche), deux fois plus d’action et deux fois plus d’émotions. Voici les mots d’ordre du film Mea Culpa.

Drame familial et psychologique avant d’être un film d’action, Mea Culpa traite de la psychologie d’un homme dont la vie a basculé le jour où il eut un accident de voiture. Personnage tourmenté et psychologiquement faible, Simon est l’archétype même de l’ancien flic qui serait aujourd’hui à la retraite anticipée à cause d’une bavure. On n’est pas loin du cliché, mais Fred Cavayé -qui est également scénariste avec Guillaume Lemans- a réussi à contourner le problème du cliché afin de s’en servir dans le but d’offrir un film cohérent. Pour avoir une histoire linéaire, les scénaristes se sont servis de plusieurs éléments, pour apporter de la cohérence dans certaines approches. On remarquera l’utilisation de la prostituée incarnée par Sofia Essaïdi ou bien du nouveau travail de Simon (convoyeur). Minutieux dans tout ce qu’il entreprend, Mea Culpa se révèle être une superbe surprise en terme d’écriture grâce à des personnages aux personnalités bien déterminés. Alors que Franck paraît naturel malgré une tendance à dire tout haut ce que les autres pensent tout bas, Simon possède une psychologie bien plus troublée et fragile. Traînant un lourd passé derrière eux, tous les personnages de ce film -qu’ils paraissent naturels ou non- ont un pardon a effectué envers eux-mêmes ou quelqu’un qui leur est proche. Très intéressant à distillé durant la projection, le film ne dispose pas d’un titre aléatoire comme beaucoup d’autres puisque ce titre résume parfaitement l’état des personnages. Ils ne leurs restent plus qu’à faire leur Mea Culpa, mais à quoi et pourquoi ?

Bien évidemment, si on aime Fred Cavayé c’est parce qu’il s’agit avant tout d’un metteur en scène de talent qui peut nous offrir des scènes d’action spectaculaires comme des dialogues tendus comme une ficelle. Encore une fois, il ne déroge pas à la règle et nous offre un spectacle constant d’une heure et demie. Disposant d’une superbe mise en scène, il se permet tout type de plan afin de rendre l’action lisible en toute circonstance. Grâce à une réalisation astucieuse et à un montage épatant, l’action est brutale et rien n’est caché au spectateur. On n’en loupe pas une miette du moment où la balle sort du canon jusqu’à ce qu’elle atteigne une cible, humaine ou non. C’est saisissant, limpide et brutal. Bien disséminées, les scènes d’actions ne sont pas redondantes grâce à un bon rythme qui se met en place dès le début du film. Démarrant sur les chapeaux de roues, le film instaure dès son démarrage une tension palpable et stressante et pour le spectateur. Cette tension ne redescendra à aucun moment grâce au bon positionnement des scènes d’actions comme de dialogues, mais également grâce à une bonne bande sonore qui sait mettre en avant le silence, de légers bruits de fond ou de la musique plus dynamique.

Oui le film dispose de facilités scénaristiques. Oui, il y a de légères incohérences scénaristiques encore une fois. Oui les méchants ne sont pas français et viennent des pays de l’Est. Mais pourquoi bouder son plaisir quand on fait face à un tel film venant de France. Il possède de légers défauts, mais ces derniers ne sont que fioritures et l’on voit seulement Mea Culpa en gros sur l’affiche. Mea Culpa est un film d’action brutal, saisissant et touchant grâce à un scénario bien écrit qui arrive à mettre en avant de l’action, mais aussi des personnages torturés, superbement interprétés par le grand Vincent Lindon, Gilles Lellouche ou encore Medi Sadoun qui fait ici une belle percée dans le cinéma d’action. Fred Cavayé s’impose et en impose donc on dit merci.