"Entre fiction et réalité, AMERICAN BLUFF nous plonge dans l’univers fascinant de l’un des plus extraordinaires scandales qui ait secoué l’Amérique dans les années 70. Un escroc particulièrement brillant, Irving Rosenfeld, et sa belle complice, Sydney Prosser, se retrouvent obligés par un agent du FBI, Richie DiMaso, de nager dans les eaux troubles de la mafia et du pouvoir pour piéger un homme politique corrompu, Carmine Polito. Le piège est risqué, d’autant que l’imprévisible épouse d’Irving, Rosalyn, pourrait bien tous les conduire à leur perte…"
Depuis quelques années, David O. Russell a démarré une toute nouvelle phase de sa carrière en tant que réalisateur. Avec les films Fighter et Happiness Therapy, il est devenu un réalisateur bancable, auquel les studios de production peuvent faire confiance pour avoir un film digne de ce nom prêt à être nommé dans toutes les cérémonies les plus importantes, dédiées au cinéma. Contrairement à Happiness Therapy qui est arrivé sur nos écrans deux ans après Fighter, American Bluff arrive tout juste un an après la sortie du film Happiness Therapy. La nouvelle réalisation de David O. Russell, j’ai nommé American Bluff, repose sur un scénario qui mérite réflexion concernant sa narration. Tout en offrant aux spectateurs un thriller sur fond de trafic d’argent, le scénario pose et développe l’histoire de cinq personnages dont les vies gravitent autour d’un personnage central. On se retrouve avec un scénario complexe qui doit réussir à créer une connexion entre le spectateur et les personnages, tout en développant une intrigue assez intéressante pour ne pas rendre le temps long, tout en permettant aux spectateurs de réfléchir à une chose essentielle : qui bluff. Ce scénario dispose de bonnes idées qui réussissent à se mettre en place par intermittence comme la recherche du ou des "bluffeurs", mais American Bluff est un film qui déçoit à cause de sa narration brouillonne qui n’arrive pas à allier correctement les différentes idées posées sur le papier.
Contrairement à un thriller -dit classique- qui débuterait par une introduction ayant pour but de lier les personnages aux spectateurs avant de rentrer dans le vif du sujet avec la mise en place d’une intrigue remettant en cause les différentes relations déjà existantes, ce long-métrage use d’un flashback pour introduire les personnages. Ce n’est pas une mauvaise idée en soi, mais ça ne permet pas au spectateur de bien rentré dans le film à cause d’une intrigue déjà entamé. Intrigue qui sera relancée sous peu, à partir du moment où le spectateur sera en symbiose avec les personnages, soit une fois l’introduction achevée. Ce système narratif n’est pas adéquat à ce type de film, car il casse littéralement le rythme et l’intrigue qui de plus ce voit reléguée en arrière-plan. American Bluff passe du statut de thriller à celui de comédie dramatique puisqu’il repose en grande partie sur les personnalités limites burlesques que possèdent les personnages. Extravagants, excentriques et vivants dans leur propre monde, les personnages de ce film sont uniques et nous proposent un véritable spectacle. Rarement émouvants, ces derniers s’exposent aux spectateurs tels un acteur de théâtre qui jouerait sa propre vie sans extrapolation. C’est à la limite du naturel et du crédible, mais c’est drôle et divertissant.
Plus proche du plaisir coupable que du thriller ou du drame à cause de son récit brouillon où seuls les personnages arrivent à sortir la tête de l’eau, American Bluff est un film dont on entend parler seulement grâce à son casting et son réalisateur. Doté d’une belle mise en scène ainsi que d’une belle réalisation -même si limité dans ses mouvements- le réalisateur arrive à bien mettre en avant ses acteurs pour que ses derniers s’en donnent à cœur joie. Ils sont là pour se faire plaisir et pour jouer la comédie. Chaque acteur est bon et convaincant, mais aucun ne tient ici son plus grand rôle. Si c’est le cas, c’est encore une fois à cause d’un récit branlant qui n’expose aucun charisme ou réelle personnalité émotionnellement touchante. Le spectateur n’est pas en corrélation avec les personnages. Aucune identification ou rapprochement n’est possible. De ce fait, on fait face à un bon divertissement, qui n’excède pas ce stade de simple divertissement. Souhaitant jouer sur plusieurs registres à la fois, American Bluff se perd dans ses idées et n’arrive pas à rendre son propos intéressant. Long par moment, rarement drôle ou touchant, le film réussi à tenir le spectateur en haleine grâce à sa belle réalisation et à son casting haut en couleur. Un simple petit divertissement hautement frustrant à la simple vue des noms présents au générique. Un film qui devrait être plus plaisant au second visionnage à cause de sa construction…