"Les services de police inventent une nouvelle arme infaillible, Robocop, mi-homme, mi-robot, policier électronique de chair et d’acier qui a pour mission de sauvegarder la tranquillité de la ville. Mais ce cyborg a aussi une âme…"
Paul Verhoeven est un grand réalisateur, qui comme John McTiernan a connu son public grâce à un film emblématique et pour le premier, ce film fût Robocop. Paru en 1984 avec Peter Weller dans le rôle-titre, Robocop est un film qui a marqué toute une génération et plus encore grâce à son personnage principal emblématique, mais également grâce à sa violence sa concession. Après avoir essuyé un redoutable échec avec le film La Chair et Le Sang, Paul Verhoeven s’est littéralement lâché avec Robocop. Il en a fait un film où la violence à un sens psychologique et non pas un film à la violence gratuite comme on pourrait l’entendre à droite et à gauche. Mettre en scène un remake de ce film emblématique n’est pas chose facile et c’est partir avec un véritable handicap, à savoir la comparaison avec l’œuvre principale. Pour pallier à cette difficulté, les scénaristes - Nick Schenk et Joshua Zetumer - ont décidé de modifier le récit de l’oeuvre principal afin de donner à Robocop une nouvelle vie, une vie moderne. Contrairement au premier récit qui était axé sur le personnage principal, ce Robocop moderne laisse une place importante au contexte politique présent dans ce monde futuriste, mais également aux proches de Murphy. Plus présents que jamais, sa famille est un élément crucial du récit puisqu’ils ne sont rien d’autre que la représentation de la facette psychologique de Robocop. Tel un père de famille américain modèle, dont la femme ne peut pas le laisser partir pour que leur fils puisse rester auprès de son modèle, Robocop redevient Alex Murphy lorsque sa femme lui fait comprendre qu’il a besoin de lui.
Dans cet énième blockbuster, on nous rabâche encore et encore les valeurs familiales américaines. Valeurs que l’on commence à vomir par les yeux. Détourner l’histoire de l’homme qui devient un robot sans âme du jour au lendemain en l’histoire d’un homme qui devient robot à cause des valeurs immorales d’une entreprise est une bonne idée, car elle permet au scénario de prendre partis et de dénoncer un régime capitaliste au sein d’une entreprise dont le dirigeant ne pense qu’à son image. Cette dénonciation n’est pas originale, mais elle est plaisante, car intelligemment intégrée au récit tout en apportant une connotation politique intéressante. C’est intéressant, mais pas bénéfique au film qui de ce fait se doit de souffrir de la comparaison avec le film de Verhoeven. Ce dernier avait déjà abordé ce thème dans son film à travers des scènes très intelligentes qui se déroulaient dans le "labo" installé dans le poste de police. Ces scènes étaient plus brutes, car elles allaient à l’essentiel et les personnages ne tergiversaient pas pour ne rien dire, mais elle permettait eu récit de mettre en place plusieurs questionnements tout en ne perdant pas en rythme. Ici, le film utilise des thèmes intéressants et laisse plus de place à des personnages bien écrits et fort intriguant sur leurs façons de penser et réagir – Norton et Raymond Sellars alors que Pat Novak est ridicule et sans intérêt - , mais il ne possède aucun rythme, laissant le spectateur sur le bas-côté. Lez temps deviens long et les dialogues s’éternisent pour au final revenir au point initial.
De plus, le scénario part sur des idées contemporaines qui sont d’offrir à Robocop un côté moderne et militaire par le biais d’un nouveau look imposé par son entreprise de fabrication, mais cette idée est très vite abandonnée pour revenir à la création initiale. Des choses sont mises en place pour au final être abandonnées. Pour ne pas souffrir de la comparaison avec le film de Verhoeven, Jeff Padilha a décidé de donner à son film un tout autre aspect grâce à son scénario, mais s’il a fait ça c’est surtout parce qu’il n’avait pas la possibilité de faire un film où la violence était présente à chaque plan. Le cinéma américain actuel ne connaît pas la violence et ne sait pas l’utiliser comme c’était le cas entre 80 et 95. Pour faire un film dont la rentabilité est assurée, il faut viser un public large et pour cela il ne faut pas de violence. C’est dénaturé le mythe et essayer de devenir autre chose, mais en vain. Plus proche du reboot moderne que du remake, le Robocop signé Jeff Padilha n’est pas la catastrophe annoncée. Il s’agit juste d’un blockbuster américain sans originalité même si l’on ne pourra pas lui reprocher de ne pas avoir essayer de s’être approprié le film initial pour lui offrir une seconde vie. Long et ennuyant malgré quelques scènes appréciables dont un affrontement entre Robocop et 54 ennemis très bien réalisé et monté, ce Robocop ne nous marquera pas autant que le film de Verhoeven qui fait toujours parti de notre mémoire.