Casting cinq étoiles et retour dans les 70′s forcé pour la nouvelle arnaque du réalisateur chouchou des critiques américaines, David O’Russell, avec l’insupportable American Bluff.
Dès les premières images, nous découvrons Christian Bale qui a pris 18 kilos perdus ses cheveux en train de mettre une postiche pour cacher cette calvitie. Puis arrivent Amy Adams (partenaire d’arnaque de Bale) au décolleté vulgaire et Bradley Cooper en bouclettes (agent du FBI qui fait marcher le couple d’arnaqueurs). Tous trois commencent évidemment par une bonne engueulade puis débutent leur arnaque auprès d’un Jeremy Renner portant une perruque fort bien laquée sur une BO bien rock des années 70 avec ralentis avant de partir dans un flashback.
En moins de 5 minutes, le ton est donné : David O’Russell n’a peur de rien et veut faire du Scorsese, les acteurs prennent plaisir à jouer mais forcent leurs personnages, des clichés des 70 et des engueulades. Pendant plus de 2 heures, c’est ce qui nous attend. Mais le premier problème est de taille car si O’Russell pense pouvoir faire impunément du Scorsese dans le style Casino, il ne lui arrive pas à le cheville. Ainsi, le film est plutôt moche à regarder avec de sérieux problèmes de montage avec ses plans ou trop courts ou trop longs et sa mise en scène trop forcée et appuyée. O’Russell montre bien qu’il a de l’ambition et se vautre dans l’exercice sans subtilité. Il a la grosse tête mais pas forcément le talent, ni quelque chose de bien intéressant à raconter.
Devant la caméra, les comédiens en font quand à eux des tonnes pour exagérer leurs personnages. On aime bien l’outrance mais ici, elle est poussée à bout avec des personnages hystériques à chaque instant, aux réactions plus agaçantes les unes que les autres. Complètement en roue libre, les acteurs surjouent à mort et frisent souvent le ridicule lorsqu’ils s’engueulent avec des bigoudis sur la tête. Il faut dire que le look du film, des décors aux vêtements en passant par les coupes de cheveux sont tellement cliché qu’on se demande bien pourquoi l’expert en moumoutes qu’est Nicolas Cage n’a pas été embauché au casting. A la place, nous auront le droit à une apparition de Robert De Niro ridicule de grimaces et surtout à une Jennifer Lawrence qui ne sera jamais crédible en jeune épouse et mère de famille barge et manipulatrice.
Pourtant ce simple scénario d’arnaque aurait pu être très sympa dans les mains d’un réalisateur qui n’aurait pas essayer de singer un maître et qui aurait évité d’en faire un peu trop dans le cliché de la reconstitution historique (Ben Affleck qui était d’ailleurs préssenti pour porter l’histoire à l’écran s’en était bien sorti de justesse sur Argo). Mais dans cet American Bluff, rien n’y fait, le réalisateur et les acteurs sont dans un délire qui leur est propre et sera surtout agaçant pour le spectateur.
En fait, la seule chose que l’on pourra bien défendre, c’est le bon goût musical du réalisateur. Duke Ellington, Elton John, Electric Light Orchestra, Bee Gees, Donna Summer, Tom Jones… la bande-originale du film est plutôt bonne. Mais lorsque l’on voit comment sont utilisés les morceaux, les scènes qui y sont associées, on est finalement très gêné de les voir apparaitre dans le film. Ainsi, le film atteint le paroxysme du ridicule et de l’exaspération lorsque Jennifer Lawrence choucroutée fera son ménage de manière hystérique après une énième scène de dispute sur Live and Let Die de McCartney.
Complètement surcôté par les critiques US, cet American Bluff confirme donc bien que David O’Russell est l’une des plus belles arnaques du cinéma indé américain mais malheureusement, ce n’est apparemment pas près de s’arrêter. Et si les oscars préfèrent récompenser ça à l’audace du Loup de Wall Street de Scorsese, c’est que quelque chose ne tourne vraiment pas rond.