Les studios Disney révèlent l’histoire qui se cache derrière la conception de Mary Poppins avec Dans l’Ombre de Mary. Gros mélo poussif, prévisible, tire-larme au programme.
A la fois film racontant les coulisses de la production de Mary Poppins et biopic racontant la vie de son auteur, l’auteur joue sur deux tableaux complémentaires pour présenter le personnage de Pamela Travers. Mais très vite on sent bien un malaise s’installer, un déséquilibre qui va occuper tout le film. Il navigue en permanence entre période contemporaine et le passé au travers de flashbacks interrompant le récit toutes les 5 minutes (ce découpage est alors très agaçant) pour raconter l’enfance difficile de l’auteure avec son père alcoolique alors que ce qui nous intéresse plus, c’est bien la production tumultueuse de Mary Poppins. Si l’on s’intéresse à ce petit bout d’histoire du cinéma, on sera donc forcément déçu puisque la conception des chansons, des phases animées ne sont racontées que comme des anecdotes et parfois tout juste évoquées.
La véritable héroïne, c’est ici Pamela Travers, écrivain australo-britannique coincée qui va devoir apprendre à vivre avec son passé, à le laisser échapper, avec l’appui de ce très bienveillant et presque irréprochable Monsieur Walt Disney. Évidemment, à la fin, le film sort sur les écrans, l’auteur s’est un peu lâchée et on a bien compris le trauma qui la traversait depuis son enfance et dont on connaissait l’issue depuis les cinq premières minutes du film. Mal écrit, très prévisible et sortant les gros violons à chaque scène pour nous faire pleurer tout en ravivant nos souvenir d’enfance du film Mary Poppins, la sauce ne prendra finalement jamais tant tous ces éléments sont superficiels et faciles, sans enjeux dans un biopic incroyablement lisse et d’un ennui abyssal.
De ce gros mélo au final sans intérêt et surtout très agaçant, on retiendra également la performance beaucoup trop poussée d’une Emma Thompson en faisant des caisses pour interpréter Pamela Travers. Multipliant les postures outrées et coincées, poussant l’accent anglais à son paroxysme du hautain, elle nous apparait dès les 5 première minutes comme particulièrement antipathique et il sera alors difficile de s’attacher à elle. Et comme c’est d’elle que doivent venir les larmes, forcément, ça ne fonctionne qu’à moitié. En face d’elle, Tom Hanks, plus en retenue et donc impeccable, campe un Walt Disney fort sympathique, tellement sympathique que l’on sent que la production a décidé d’en faire le Jiminy Criquet de Pamela, sans défauts, plein de bonnes intentions, qui a lui aussi vécu un passé difficile, bref, l’entrepreneur américain dans toute sa bienveillance. Et on ne parlera pas de Colin Farrell assez pathétique dans le rôle du mauvais père apparaissant dans toutes les scènes de flashback.
On l’aura compris, Dans l’Ombre de Mary, en plus de passer à côté de son sujet pour n’être qu’un gros mélo tire-larme étiré en longueur avec ses cartons de flashbacks sortis de la cave est également un film produit pour conserver l’image de Monsieur Disney, génial créateur respectueux de toutes les œuvres qu’il a transformé à sa sauce. Non, vraiment, la pilule a bien du mal a passer cette fois.