Culte du dimanche : Rushmore

Culte du dimanche : Rushmore

Avec la sortie de son Grand Budapest Hotel, c’est bien l’occasion de revenir sur l’un des premiers films à l’univers si particulier de Wes Anderson : Rushmore

Culte du dimanche : RushmoreSi on sait que Wes Anderson a noué des liens avec de nombreux comédiens qui lui sont fidèles, cette amitié s’est forgée dès ses années d’études au Texas. C’est à l’université qu’il rencontre les frères Wilson (Owen, Luke et et le moins connu Andrew). Avec eux, il réalisera son premier court-métrage qui deviendra ensuite un long, Bottle Rocket qui commence déjà à développer les thèmes de sa filmographie. Mais c’est en 1998 que sort son second long-métrage qui va véritablement le révéler auprès de la critique.

Avec Rushmore, il raconte l’histoire d’un ado, Max Fischer, pas forcément très doué mais très volontaire pour participer à la vie de son lycée privée. Alors qu’il est raillé par ses camarades, il se lie d’amitié avec un industriel, Hermann Blume, et tombe amoureux d’une institutrice anglaise, Rosemary Cross. Il s’en suit alors une chronique de vie de lycée aux côté d’un ado pas forcément à l’aise dans ses baskets et qui doit surtout apprendre à gérer ses sentiments.

Culte du dimanche : Rushmore

Wes Anderson instaure d’emblée une certaine empathie entre les spectateurs légèrement rêveurs et ses personnages solitaires, pas forcément en phase avec la société, encore moins avec leur famille. Des personnages isolés, perdus, que l’on retrouvera dans toute sa filmographie. Mais c’est aussi l’occasion pour le jeune réalisateur de combiner à la fois ses années d’études et ses envies créatrices à l’écran. En effet, impossible de ne pas déceler à travers le personnage de Max Fischer, créateur de pièces de théâtre, une part personnelle d’Anderson se livrant à ses activités artistiques.

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Mais, en plus de ses personnages et de sa manière fraiche et innocente de raconter l’histoire de personnages touchants, c’est aussi dans son style que Wes Anderson s’impose d’emblée. Cadres étudiés proche de tableaux ou de la photographie avec des travellings latéraux qui montrent bien que nous sommes dans une maison de poupées (des effets qui seront renforcés dans ses films suivants), une nostalgie revendiquée pour les années 60 à la fois dans le style vestimentaire et dans la bande-originale pop-rock légère (John Lennon, Donovan, Django Reinhardt, The Rolling Stones, Cat Stevens, The Who, The Kinks) accompagnant les images, tout est déjà là. Il en résulte alors un film atemporel et d’une candeur touchante qui nous fait rêver avec une humilité de chaque instant.

Culte du dimanche : Rushmore

Ce Rushmore est donc déjà un concentré des envies et du style du réalisateur qui commence à composer sa famille de cinéma. En plus de retravailler avec les frères Wilson devant et derrière la caméra (il écrit avec Owen), Rushmore est sa première collaboration avec Jason Schwartzman alors âgé de 18 ans qui le fera entrer dans le cercle des proches de la famille Coppola et que l’on retrouvera ensuite dans Darjeeling Limited, Fantastic Mr Fox, Moonrise Kingdom et Grand Budapest Hotel. Mais c’est aussi et surtout sa première collaboration avec le génial Bill Murray qu’il retrouvera dans tous ses films. Et l’on retrouve également les références régulières aux futurs films de sa filmographie. On y décèle ainsi quelques indices qui mèneront à la Vie Aquatique ou encore à son goût très prononcé pour la culture française.

Conte simple, frais, mélancolique et touchant, Rushmore se regarde avec un plaisir enfantin était donc le premier pas idéal de Wes Anderson pour se faire connaitre, à la fois pour son histoire personnelle mais aussi par son style qui ne demande alors qu’à se confirmer au fil des long-métrages qui suivront. Et ce n’est que le début d’une véritable histoire d’amour entre le jeune réalisateur, la critique et un public bobo, certes, mais fidèle.