Grand Budapest Hotel, critique

Par Fredp @FredMyscreens

Wes Anderson est de retour avec un nouveau casting hallucinant pour nous offrir un nouveau flm dont l a le secret : Grand Budapest Hotel.

Après avoir présenté son Moonrise Kingdom à Cannes en 2012, le plus français et dandy des réalisateurs indépendants américains est de retour avec un nouveau long métrage déjà récompensé à Berlin. Dans Grand Budapest Hotel, Wes Anderson remonte dans le temps pour nous raconter dans les années 30, la petite histoire du concierge Monsieur Gustave et de son lobby boy, le jeune Zero, qui deviendra pus tard propriétaire de l’hôtel interrogé par un écrivain. Au programme de cette chronique à la Agatha Christie : des clients originaux, un héritage, un tableau volé, de la prison, une prise de pouvoir de l’armée …

Poussant toujours plus loin son style, le réalisateur compose son film comme une poupée gigogne, démarrant son film sur l’écrivain racontant comme, dans le passé, il a rencontré le vieux gérant du Grand Budapest Hotel, celui-ci lui racontant alors sa jeunesse. Ce dernier flashback occupant tout de même l’essentiel du film dans un travail très poussé sur la narration. Wes Anderson manie la plume autant que la caméra pour délivrer un récit intéressant, une aventure comme d’habitude remplie à la fois de fraicheur poétique et de mélancolie dont la noirceur semble innocente mais reste pourtant bien présente jusqu’à la fin.

Mais surtout, c’est sa mise en scène qui se montre encore une fois d’une précision à tomber. Filmant ce qu’il se passe dans son hôtel comme si c’était une maison de poupées (style poussé cette fois à son paroxysme), il compose toujours ses cadres de manière symétrique, les personnages centrés restant une perpétuelle obsession. Il n’y a pas à dire, le film est maitrisé et reste un magnifique à voir, comme si l’on naviguait à travers les cases d’une superbe bande-dessinée franco-belge des années 60, et l’utilisation du stop-motion sur une sympathique descente à ski ne fait qu’ajouter à cette impression.

Fidèle à son style, Wes Anderson est également fidèle à ses amis comédiens. Et il a tenté ici d’en placer dans toutes les chambres de son hôtel. En vrac on retrouve donc les habitués du réalisateurs Bill Murray, Edward Norton, Jason Schwartzman, Adrien Brody, Tilda Swinton, Jeff Goldblum, Owen Wilson, Willem Dafoe (excellent bad guy), Harvey Keitel, les petits nouveaux Ralph Fiennes (au centre du récit), Saoirse Ronan, Jude Law et les franchies Mathieu Amalric et Léa Seydoux (pour une courte apparition heureusement) sans oublier le jeune héros Tony Revolori. Un casting de rêve où chacun trouve parfaitement sa place et prend véritablement plaisir à jouer.

Cependant, si Grand Budapest Hotel est d’une précision sans failles, techniquement impeccable et pousse le style de son réalisateur à bout, ce contrôle extrême du cadre atténue du coup l’émotion qu’il peut se dégager du film. Car l’émotion découle aussi en générale de l’imperfection, d’une petite faille à laquelle on s’attache, ce qui n’est pas le cas puisque l’on regarde finalement seulement des personnages manipulés dans une maison de poupées.

Ainsi, impossible de nier que Wes Anderson nous offre encore un très beau film, à l’emballage parfait, avec une magnifique et intelligente vision, mais il manque seulement la petite étincelle qui nous y attache pleinement pour en ressortir bouleversé.