De Frederik Wiseman
Documentaire
USA, 2014, 4h04
Date de sortie : 26 février 2013
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Synopsis
Un semestre sur le campus de la plus prestigieuse université publique américaine : Berkeley. Frederick Wiseman nous montre les différentes facettes de cette institution mythique, et plus particulièrement les efforts de l’administration pour maintenir l’excellence académique et la diversité du corps étudiant face aux restrictions budgétaires drastiques imposées par l’État de Californie. At Berkeley nous donne ainsi un accès privilégié au débat sur l’avenir de l’enseignement supérieur aux États-Unis.
At Berkeley est le dernier film, de l’un des meilleurs documentaristes de notre époque. High School (1968), Hospital (1970), Juvenile Court (1973), The Store (1983), Near Death (1989), Domestic Violence (2001), State Legislature(2007), La danse(2009) sont quelques-uns de ses films les plus réputés.
A propos du film
Etudiant en droit à l’université de Yale, Frederick Wiseman ne quitte pas tout de suite le système éducatif puisqu’il enseigne cette matière au sein de cette même faculté, tout en réalisant en parallèle son premier documentaire, Titicut Follies. Pour cette 38ème réalisation sur les coulisses des institutions nord-américaines, le réalisateur s’est immiscé au coeur du campus de l’université publique de Californie à Berkeley. Pour High School (1968), son deuxième documentaire, le réalisateur s’était rendu dans un établissement d’enseignement secondaire à Philadelphie, puis pour sa suite, High School II (1994), dans un lycée de Spanish Harlem à New York.
Frederick Wiseman a une façon bien à lui de monter ses documentaires. Pour At Berkeley, la période de montage aura nécessité 14 mois, espacés sur une période de deux ans et demi. Une longueur qui s’explique par la méthode singulière du documentariste : "Une fois le tournage achevé, je regarde tous les rushes synchronisés et je les note avec le système de classement par étoiles crée par le Guide Michelin". Les séquences retenues sont ensuite classées de une à trois étoiles, créant ainsi une hiérarchie dans les rushes. Des salles de cours à l’administration, en passant par les enseignants et l’environnement de la faculté, Frederick Wiseman a filmé 250 heures de rushes.
Désengagement de l’Etat, crise financière, hausse des frais de scolarité… Quand Frederick Wiseman a foulé les couloirs de l’université de Californie à Berkeley, le contexte politico-économique n’était pas des meilleurs. Comme toujours dans sa démarche de documentariste engagé, le réalisateur a voulu donner un coup de projecteur sur ce lieu de vie célèbre pour sa liberté d’expression (le Free Speech Movement, l’opposition à la guerre du Vietnam, le mouvement hippy) et son excellence en matière d’enseignement (29 prix Nobel ont été décernés à des chercheurs issus de cette université).
L’université de Californie – Berkeley se distingue largement des autres universités publiques. D’abord par sa suprématie puisque son campus est considéré comme l’un des plus notables parmi les dix que compte l’université publique californienne. Ensuite en terme d’accueil, elle s’étend sur 499 hectares et reçoit 35 000 étudiants auprès de plus de 1 800 enseignants répartis en 130 départements. Celle que l’on surnomme parfois « Cal » figure souvent en haut du classement de Shanghai, qui répertorie les meilleures universités du monde.
Consulter l’Entretien avec F. Wiseman – Berkeley effecture par le Groupement National des Cinémas de Recherche (GNCR)
Note d’intention du réalisateur
"Le film s’inscrit dans ma démarche de réaliser des documentaires qui révèlent autant que possible les multiples aspects du comportement humain. Je pense que c’est aussi important de montrer des gens intelligents, tolérants et passionnés par leur travail, que de faire des films sur les échecs, l’indifférence et la cruauté d’autres personnes. At Berkeley est une illustration de cette idée. Ce film montre une administration et un corps enseignant solide qui s’évertue à maintenir, face à une crise financière sévère, les principes et l’intégrité d’une grande université publique, au service d’une population étudiante intelligente et diversifiée. Ce fut un privilège pour moi de tourner dans l’Université de Californie à Berkeley.
J’ai passé 12 semaines à Berkeley et tourné 250 heures de rushes. At Berkeley est le second film que j’ai réalisé en HD. L’équipe de tournage était composée de deux personnes et moi-même. Aucun évènement n’est mis en scène et il n’y a pas de lumière artificielle. Le montage du film a duré 14 mois, étalé sur deux ans et demi. J’ai dû terminer le montage de mon film Crazy Horse (2011) avant de pouvoir commencer à monter At Berkeley, montage que j’ai à nouveau interrompu pour tourner un film sur la National Gallery à Londres. At Berkeley est le 38ème de ma série sur les institutions contemporaines.
Comme dans tous mes documentaires, je n’ai pas d’idée sur les thèmes ou la structure du film jusqu’à ce que j’ai bien avancé dans le montage. Une fois le tournage achevé, je regarde tous les rushes synchronisés et je les note avec le système de classement par étoiles crée par le Guide Michelin. Je donne à chaque séquence que je pourrais inclure, une note de une à trois étoiles. Pendant le premier visionnage, j’élimine ainsi environ 50 % des rushes. Je monte alors toutes les séquences que je pense pouvoir insérer dans la version finale du film. Je ne choisi pas de structure avant d’avoir monté toutes les séquences sélectionnées dans une forme presque définitive. Cette étape prend environ trois ou quatre jours. Le premier montage dure généralement 30 à 40 minutes de plus que la version finale. Je travaille ensuite le rythme de chaque séquence et, entre les séquences. Je dois alors tester et réfléchir à ce qu’implique l’ordre des séquences : leur sens littéral et les abstractions suggérées par l’ordre choisi. Le film doit jouer sur les deux plans : le sens littéral – les actions et l’objet spécifique de chaque scène doit être clair – et un sens métaphorique ou abstrait. L’ordre des séquences doit suggérer des idées au-delà de leur sens propre. Je considère que le film est fini seulement quand je peux le parcourir, du début à la fin, et expliquer pourquoi chaque séquence est là et son rapport aux séquences qui la précèdent et la succèdent. Quand je pense que le film est terminé, je regarde tous les rushes pour m’assurer qu’il n’y a rien d’important que j’aurais pu oublier. Je trouve toujours des séquences ou des transitions que j’avais initialement rejetées et qui servent en fait le film.
At Berkeley présentait un problème au niveau du montage particulièrement intéressant car la diversité des rushes était plus importante que dans n’importe lequel de mes films précédents. La population universitaire forme un groupe complexe composé de différentes parties – les étudiants, le corps enseignant, l’administration, le personnel, la police, les anciens étudiants, les responsables politiques et la communauté du lieu où le campus est établi. Au cours du montage, je dois essayer de trouver une façon de suggérer ces interactions, et leurs complexités, et simultanément apporter du sens à l’institution dans son ensemble. J’ai essayé de faire le portrait d’une grande université publique se démenant avec succès pour surmonter une crise financière majeure tout en préservant ses grands principes et son envergure internationale." Frederick Wiseman issus du site du GNCR (http://www.gncr.fr/films-soutenus/berkeley)
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