Résumé : Arthur Shaw, riche résident de La Tour, est inculpé pour fraude et détournement de fond. Les employés de l’immeuble, eux aussi victimes de cette malversation, vont tenter de récupérer leurs épargnes.
Bousculé, mal-aimé, voire même haï par certains cinéphiles. Malgré ses indiscutables succès commerciaux, Brett Ratner cultive auprès du public une image de réalisateur moyen, générant beaucoup de ressentiment en s’aventurant à redessiner des symboles (X-Men, Hannibal Lecter) alors même qu’il ne possède pas l’étoffe artistique nécessaire pour leur apporter un nouvel éclat. Ce n’est d’ailleurs qu’au sein de projet de nature plus "confidentielle" qu’il se révèle moins agaçant, même s’il persiste à demeurer un bête faiseur à la botte du système hollywoodien. Il y a ainsi dans Le Casse De Central Park une réelle volonté de s’approprier un héritage, d’instaurer une filiation avec le polar américain des années 60’-70’ (on retrouve d’ailleurs, parmi les oeuvres de référence de Brett Ratner, Les Pirates Du Métro 123 de Joseph Sargent). Cette fascination que porte le metteur en scène pour cette période du cinéma américain ne date pas d’hier – rappelons ainsi qu’il s’était attribué les services de l’illustre Lalo Schifrin (Bullit, L’Inspecteur Harry, la série Mission: Impossible) pour signer la bande-son de Argent Comptant, la trilogie Rush Hour et de son polar ensoleillé, le mal nommé Coup d’Éclat. Mais ce que le réalisateur souhaite surtout ici, c’est s’amuser et nous amuser en compagnie de sa bande de pieds nickelés. Ainsi, cette version "branquignole" de L’Inconnu De Las Vegas marie le sérieux à la décontraction, et on y disserte autant de détournement de fond que de la taille des testicules. La finesse d’esprit n’était déjà pas un des fondamentaux de son cinéma, et semble ici s’être, une fois encore, carapaté au fond du scénario, pourtant supervisé par Ted Griffin (Ocean’s Eleven, Les Associées) et Jeff Nathanson (Arrête-Moi Si Tu Peux). En même temps, que pouvions nous attendre de plus d’une production réunissant deux acteurs restreints aux intrigues bêtifiantes (Ben Stiller, mais surtout Eddie Murphy) et une équipe de forçats du septième art tombé aux oubliettes (Tea Leoni, Alan Alda, Matthew Brodderick). C’est évident, l’alchimie entre les membres du casting est réel. Mais ce ne sera ni eux, ni les gags bas de plafond qui viendront sauver le métrage du naufrage. En réalité, c’est l’ambiance visuelle et sonore construit autour de cette histoire d’arnaque qui apportera ce "petit plus" qui permettra au film d’être agréable. Main dans la main, le chef opérateur, l’immense Dante Spinnoti, et le compositeur, Christophe Beck, sont tous deux parvenus à reproduire ce curieux mélange de gravité et de frivolité qui nimbait les productions des années 60’. Le soin apporté à la photographie et à la musique donne alors beaucoup de poids aux mésaventures, par ailleurs forts bien troussé, de ces apprentis voleurs. Il n’en faudra finalement pas plus pour apprécier cette gentille comédie qui ne restera malheureusement pas dans les mémoires. (2.5/5)
Tower Heist (États-Unis, 2011). Durée : 1h45. Réalisation : Brett Ratner. Scénario : Jeff Nathanson, Ted Griffin. Image : Dante Spinotti. Montage : Mark Helfrich. Musique : Christophe Beck. Distribution : Ben Stiller (Josh Kovacs), Eddie Murphy (Slide), Alan Alda (Arthur Shaw), Casey Affleck (Cole Howard), Matthew Broderick (Chase Fitzhugh), Tea Leoni (l’inspecteur Gertie Fiansen).