Critique : RoboCop (1988)

RoboCop 1

Résumé : Laissé pour mort, l’officier de police Alex Murphy est reprogrammé par la société OCP pour devenir un nouveau type de robot policier.

En 1987, un réalisateur hollandais du nom de Paul Verhoeven débarque aux Etats-Unis. Inconnu du grand public, il possède pourtant déjà une réputation d’auteur polémique, connu pour cette férocité et cet impertinence qu’il porte dans ses projets. RoboCop, sera pour lui le moyen d’imprimer son style sur le cinéma américain, d’associer les moyens que lui offre une production nord-américaine avec sa vision personnelle de metteur en scène européen. Son statut d’allogène lui permet ainsi de bâtir un propos très critique vis-à-vis des obsessions sécuritaires et libérales du gouvernement Reagan. L’univers de RoboCop dresse un triste état des lieux des sociétés occidentales en voie de désindustrialisation. Il est ici constamment question de pulsion, de contrôle et de rébellion, de la consommation, de la chair et du sang. Écraser les souvenirs, écraser le corps dans une boite de métal, c’est aussi écraser l’homme. Le personnage d’Alex Murphy devient donc une victime de la brutalité de son environnement, mais aussi du mépris que les grands conglomérats nourrissent envers le genre humain. Définitivement, Paul Verhoeven a un don pour transformer un projet lambda en charge politique puissante et ultra violente. Le réalisateur ne fait d’ailleurs pas dans la demie-mesure lorsqu’il s’agit d’illustrer la barbarie des milices urbaines (la mise à mort, particulièrement hard-core, du héros), mais ne verse pas pour autant dans le malsain et le mauvais goût en se refusant toute esthétisation de la violence. Cette crudité et cette liberté d’expression graphique est ce qui rend sans doute son cinéma, encore aujourd’hui, terriblement rafraichissant et galvanisant. Le cinéaste surprend également en choisissant Peter Weller pour incarner le robot flic. Son physique fuselé et ses traits émaciés, très loin des canons du cinéma d’action de l’époque (il fut d’ailleurs préféré à Arnold Schwarzenegger ou Michael Ironside en raison de sa silhouette, qui lui permettait facilement se glisser dans l’armure), offre à la machine une présence vocale et bucale intimidante, et à l’acteur d’acquérir une belle notoriété en devenant un composant incontournable dans le circuit de la science-fiction. Paul Verhoeven réussit ainsi tout ce qu’il entreprend avec ce RoboCop : ses fusillades enlevées, ses effets visuels supervisés par Rob Bottin et Phil Tippett, sa musique, dirigée par l’inestimable Basil Poledouris, son casting (Ronny Cox et Kurtwood Smith font de parfaits salopards), sa photographie. Tout cela aboutit à la construction d’un des nombreux mythe du cinéma de science-fiction des années 80. (4.5/5)

RoboCop 2

RoboCop (États-Unis, 1987). Durée : 1h42. Réalisation : Paul Verhoeven. Scénario : Edward Neumeier, Michael Miner. Image : Jost Vacano. Montage : Frank J. Urioste. Musique : Basil Poledouris. Distribution : Peter Weller (l’officier Alex Murphy/RoboCop), Nancy Allen (l’officier Anne Lewis), Ronny Cox (Dick Jones), Kurtwood Smith (Clarence Boddicker), Miguel Ferrer (Bob Morton).