Résumé : Avocat à Los Angeles, Mickey Haller doit défendre Louis Roulet, un riche playboy accusé de tentative de meurtre.
Depuis plusieurs années, les vitrines et présentoirs de nos librairies sont inondés de polar. Un genre qui se vend très bien (un livre sur cinq en France), qui se lit aussi très bien, et surtout, qui s’adapte très facilement au format cinéma. Un business en or pour les producteurs, qui font l’économie de long mois de labeur sur un scénario au profit de droits soigneusement acquis, mais aussi pour les romanciers, qui ont ainsi l’opportunité d’éditer une seconde fois leurs oeuvres à moindre frais. Parmi les auteurs les plus en vogue ces dernières années, on trouve Michael Connelly, dont l’un des romans s’est déjà vu transposé sur grand écran (c.f. le sympathique et dispensable Créance De Sang de Clint Eastwood). Neuf ans plus tard, c’est au tour de La Défense Lincoln, premier tome d’une série de fiction procédurale mettant en scène le personnage de Mickey Haller, de passer à la casserole. Une affaire confiée au bon soin d’un réalisateur commis d’office plus connu pour avoir été l’assistant de Julia Roberts (qui, mine de rien, doit être un job nerveusement très formateur) que comme un futur ténor du septième art. On imagine déjà un film sans grand intérêt, tout juste bon à combler une longue soirée d’hiver sans autre forme de procès. Or, en à peine trois minutes, le réalisateur Brad Furman entame sa plaidoirie sur un superbe générique, léché et baigné de la voix soul de Bobby Blue Bland. L’action est clair : réanimer la flamme des polars cool des années 80’s, se démarquer de ses homologues en arrangeant une ambiance décontractée. Quoi de mieux alors que d’utiliser le fringant Matthew McConaughey pour porter cette atmosphère. Cheveux gominés, costume soigneusement taillé, il donne, par son jeu, une véritable épaisseur à cet avocat nonchalant en apparence, mais dont l’intrigue dévoilera quelques-unes de ses faiblesses d’esprit, notamment celle de plaider à l’innocence de ses clients afin de protéger sa bonne conscience. À ses côtés, la belle brochette d’acteur (Marisa Tomei, William H. Macy, Ryan Phillippe, Josh Lucas, Bryan Cranston) supporte efficacement cette performance. La moindre des choses pour une histoire qui brille par ses personnages et ses traits d’humour plus que par l’originalité dont elle fait preuve. Mais cela a beau n’être qu’un banal thriller se clôturant à la barre d’une scène de prétoire emballé proprement mais sans grand génie, on reste pas moins captivé par le déroulement des faits et l’évolution du personnage. Engloutis par la discrète mais envoutante partition de Cliff Martinez et la photographie au ton sépia signée Lukas Ettlin, le spectateur se laisse alors convaincre par cette solide défense. (4/5)
The Lincoln Lawyer (États-Unis, 2011). Durée : 1h58. Réalisation : Brad Furman. Scénario : John Romano. Image : Lukas Ettlin. Montage : Jeff McEvoy. Musique : Cliff Martinez. Distribution : Matthew McConaughey (Mickey Haller), Ryan Phillippe (Louis Roulet), Marisa Tomei (Maggie McPherson), William H. Macy (Frank Levin), Josh Lucas (Ted Minton), Frances Fisher (Mary Windsor).